Aujourd’hui, ils ne craignent plus d'évoquer la torture, les exactions et la violence de la guerre en Algérie : 50 ans après la fin du conflit, des appelés Français du contingent racontent le traumatisme de leur passage sous les drapeaux.
Sur le bateau qui le ramenait en métropole après 24 mois en Kabylie, Albert Nallet dit avoir « balancé à la mer » sa médaille militaire. Comme la plupart des appelés d'Afrique du nord (1,3 million, pour 6.400 morts entre 1952 et 1962), cet ancien chaudronnier de 74 ans a longtemps refoulé son passage dans l'armée.
« En rentrant, à 21 ans, on a envie de profiter de la vie, d'oublier », dit-il, avouant avoir fait « des cauchemars pendant plusieurs semaines ».
Les images de femmes torturées, dont « le ventre gonflait » parce qu'on leur « faisait avaler de l'eau », où d'hommes qui recevaient des « coups de marteau sur la tête » restent gravées.
Tout comme « la corvée de bois », ces exécutions sommaires de prisonniers. « On savait que ça existait, mais le jour où on en est témoin, ce n'est pas pareil », confie-t-il.
Aumônier de renfort pendant la quasi-totalité de la guerre, Emile Letertre a vu défiler les appelés qui venaient confier des « problèmes de conscience que leur posait l'obligation de tuer ». « J'ai vu, dit-il, un appelé pleurer comme un gosse après une corvée de bois en disant : « Si ma mère savait ça... ».
Aujourd'hui âgé de 88 ans, M. Letertre souligne que « beaucoup de femmes et d'enfants ont toujours été très meurtris du silence de leurs pères ». « Ils avaient en eux des choses lourdes, mais incommunicables ».
Georges Garié a attendu 2008, lorsqu'il a rédigé d'une traite une douzaine de poèmes, avant de repenser à ses années Algériennes. « Ça m'a fait énormément de bien », avoue cet ancien instituteur de 80 ans.
Beaucoup d'appelés ont été confrontés à la torture. Certains l'ont pratiquée. « Les prisonniers étaient enfermés dans un silo. Certains de mes camarades leur balançaient de l'eau ou leur urinaient dessus », témoigne un appelé qui souhaite rester anonyme.
Aujourd'hui âgé de 77 ans, il se rappelle du jour où il a été contraint de faire tourner « la gégène, un truc qui donnait du courant », pour « faire parler l'ennemi ». « Mes supérieurs m'ont dit qu'il fallait que je vienne ou alors ça serait pour moi », explique-t-il, confiant avoir été « débarrassé de beaucoup de choses » à son retour.
J'ai reçu quelques confidences de la part de certaines personnes ayant participé à cette guerre, tant du côté français que du côté algérien... c'est effectivement horrible.
RépondreSupprimerEt je ne comprendrai jamais que l'on puisse se plier à un ordre pour torturer d'autres êtres humains. Mais ce dont je suis quasi certaine, c'est que parmi tous ceux qui ont employés la torture, certains l'on fait pour rester en vie eux-mêmes. D'autres éprouvaient du plaisir à faire du mal à leurs semblables.
... Non, je ne comprendrai jamais ça (le plaisir de faire du mal.)
Pour ceux qui ont été forcés à le faire, je peux comprendre : peut-être que dans la même situation, j'aurais choisi moi-même ma vie, et que j'aurais infligé de la douleur aux autres (mais j'espère de tout coeur que non.) Personne ne peut juger d'une situation tant qu'il n'a pas été en confrontation avec celle-ci.
Voir l'experience de milgram : http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%c3%a9rience_de_Milgram
SupprimerOn comprend mieux ensuite.