L’on sait bien, parmi ceux qui suivent les événements en Ukraine que WWIII signifie “Troisième Guerre mondiale”. Alors que l’armée russe enfonce de plus en plus vite et de plus en plus profondément l’armée ukrainienne dans le Donbass (laissons la folie de Koursk de côté), Zelenski affiche des actes délibérés qui tendent à conduire à un conflit mondial entre la Russie et les USA. Les Russes affichent leur volonté arrêtée d’être prêt à tout. A Washington, où est le pouvoir de décision ? En Europe, entre les fous de Bruxelles et la folie Macron...
_________________________On a beaucoup répété qu’il existait un risque de conflit nucléaire à partir de la guerre en Ukraine et l’on a tendance à se reporter à ces prévisions qui ne sont pas accomplis pour juger des récentes interventions. Mais cette fois, il y a la vérité-de-situation, c’est-à-dire la vérité sur le terrain de la guerre où l’armée russe est désormais lancée comme une marée inarrêtable, brisant à un rythme de plus en plus rapide les différents ukrainiens sur le Donbass. La folie de Koursk est résorbée et les forces ukrainiennes, – ou ce qu’il en reste, – commencent à refluer.
C’est donc, – parfaite conjonction logique, – le temps pour Zelenski de proclamer des attaques dans tous les sens selon, non pas un “plan de bataille” mais un “plan de victoire” qu’il présentera en septembre aux deux fins stratèges que sont Biden (président) et Kamala (VP en attendant l’élection triomphale). On parle d’une attaque contre la Bélarus, ou bien une contre Zaporojie, ou bien encore contre la Moldavie, etc. Mais il y a surtout les missiles guidés contre des objectifs stratégiques en Russie, si les USA donnent leur accord ; qu’il s’agisse de ‘Storm Shadow’ à la portée assez faible et de quelque chose d’autre venant des USA, c’est la puissance symbolique d’une telle décision appuyée par les USA qui déclencherait la réaction russe. Cette fois, devant le spectacle d’un Zelenski demandant aux USA l’autorisation d’attaquer la Russie, nous sommes au-delà de la prudence de Poutine.
Pour suivre cette évolution, on suit notamment le programme de Mercouris, précisément dans son émission d’hier , où il prend très au sérieux des avertissements russes consécutifs aux rumeurs selon lesquelles Zelenski demanderait à ses “tuteurs” et mandataires américanistes de lui donner l’autorisation, et éventuellement des moyens supplémentaires de conduire directement des attaques en profondeur contre la Russie (écouter autour de 01h12’ sur la vidéo.).
« Si l’Occident commence à s’impliquer comme il le ferait en menant des frappes de missiles contre la Russie, cela pourrait aboutir à une escalade dangereuse et sans précédent. Les responsables russes ont émis des avertissements précis, en public et en privé, selon lesquels la Russie prendra des mesures énergiques si une telle chose se produit.
» Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a pris la parole et déclaré que les Russes sont en train de réexaminer la question des seuils nucléaires, ce qui signifie qu'ils pourraient se préparer à abaisser le seuil de première utilisation des armes nucléaires et qu'il s'agit d'une réaction potentielle à ce qui vient de se passer dans la région de Koursk et dans d'autres endroits. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères a également donné des avertissements publics très forts sur les éventuelles réactions russes si des missiles de théâtre à longue portée sont effectivement utilisés contre la Russie. »
Ensuite, Mercouris analyse et commente ce qu’il croit être la réaction du côté US, marquée par l’incertitude, l’hésitation, etc. Il fait justement remarquer que, jusqu’ici, toutes les demandes de Zelenski dans le sens de l’escalade, d’abord repoussées, ont finalement été rencontrées. Il n’ajoute pas, parce que c’est évident, que toute cette question est dominée par la confusion extraordinaire de la crise du pouvoir aux USA, et qu’on se trouve en pleine campagne électorale présidentielle.
« Il semble que ces avertissements [russes] soient pris en compte et un débat est sans aucun doute en cours aux États-Unis pour savoir s'il faut les prendre au sérieux et s'y conformer ou si, au lieu de cela, l'Occident devrait simplement continuer à faire ce qu'il a toujours fait jusqu'à présent, c'est-à-dire répondre à chacune des demandes de Zelenski et lui donner tous les systèmes d'armes qu'il veut. pour qu'il puisse continuer à poursuivre la guerre maintenant
» Hier, j'ai lu un article dans le Financial Times par le journaliste en général très bien informé Gideon Rachman. Ce que j'ai trouvé le plus remarquable est un paragraphe d’un livre récent de David Sanger laissant entendre que le président Biden a suggéré à ses conseillers que Zelenski pourrait délibérément essayer d'entraîner l'Amérique dans une troisième guerre mondiale […] Connaissant sa qualité, j’estime que si Gideon Rachman dit quelque chose comme ça, c’est qu’il le croit. Je ne pense pas qu'il soit qu’il prendrait à son compte un commentaire comme celui-là s'il ne croyait pas que ce n’est pas très sérieux. »
Larry Johnson suit la même voie que l’analyse de Mercouris, tout en allant plus loin, c’est-à-dire en prenant en compte le climat existant en Russie, de plus en plus intransigeant, et réclamant de plus en plus fermement une riposte sévère.
Cette pression s’est radicalement transformée avec l’attaque de Koursk et une attaque de pénétration importante de la Russie dans ses frontières d’avant 2022. Il évoque les riposte possible en observant qu’elles ne seraient pas nécessairement, ni même probablement nucléaires du côté russe.
« En Russie, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer des sanctions contre l’Occident qui a facilité le meurtre et la mutilation de citoyens russes. Quand Lavrov dit que “l’Occident joue avec le feu”, il ne parle pas de scouts assis autour d’un feu de camp. Non. Il s’agit d’un feu radioactif aveuglant.
» Cela ne signifie pas que la Russie sera la première à utiliser une arme nucléaire. Si elle décide de frapper des cibles de l’OTAN, elle frappera des bases ou des stations d’approvisionnement de l’OTAN avec des ogives conventionnelles. La balle sera alors dans le camp de l’Occident : il devra intensifier ses attaques ou se ressaisir. »
On notera qu’il s’agit là d’une hypothèse que nous avons développée à l’apparition des armes hypersoniques en estimant qu’un missile hypersonique, même équipé d’une tête conventionnelle, devient une arme véritablement stratégique en raison de ses caractéristiques d’autonomie, de vitesse, de précision et surtout de puissance destructrice grâce à l’énergie cinétique qu’il développe.
On reprend quelques notes à ce propos datant du 10 décembre 2022 :
« Bien entendu, et sans doute y pense-t-on déjà, notre réserve fondamentale est alimentée par la remarque évidente qui met en scène les missiles hypersoniques russes (et bientôt chinois, mais pour l’instant il s’agit bien de la Russie, qui a une avance remarquable sur le reste) :
» “‘Des capacités non nucléaires développées par des concurrents pourraient infliger des dommages de niveau stratégique aux Etats-Unis et à leurs alliés et partenaires’, note le Pentagone, admettant en filigrane la suprématie des armes non nucléaires russes (hypersoniques), et bientôt chinoises...”
» Cette remarque rejoint ce que nous avons déjà noté à plusieurs reprises à propos des armes hypersoniques dont la flexibilité extrême (autonomie, emport de charge, vols avec manœuvres et altitudes différentes, extrême vitesse et incapacité d’interception, énorme puissance à l’impact du fait de l’énergie cinétique suscitée par la vitesse) leur donne des capacités de frappe stratégique équivalentes à celle d’une arme nucléaire de décapitation et de destruction ciblée. Notre analyse nous conduisait à considérer l’hypersonique dans toutes ses capacités comme installant un nouvel échelon dans l’échelle de la dissuasion, un échelon où le conventionnel devient aussi important que des frappes nucléaires intermédiaires, y compris stratégiques. (Voir notamment le 22 mars 2022 et le 9 octobre 2022.) »
Danse au cœur du volcan
Peu de personne s’en rendent exactement compte mais nous nous trouvons dans une situation inédite, extrême de tous les côtés.
• Un côté de l’extrême, c’est la guerre nucléaire : sans issue, risque d’annihilation extrême, etc. Le nucléaire réduit la guerre à la plus simple expression de la destruction : totalitaire.
• L’autre côté de l’extrême, c’est la crise des pouvoirs et des élites par rapport aux populations dans divers pays du bloc-BAO, notamment aux USA et en France, – deux pays du bloc dotés de l’arme nucléaire même si dans une mesure très inégale. Les Russes, qui ont un pouvoir beaucoup plus stable, on donc des interlocuteurs extrêmement fluides et incompréhensibles pour eux, semble-t-il insensibles aux arguments rationnels en même temps que complètement accaparés par leurs situations intérieurs respectives.
• Fidèlement extrême, l’Ukraine de Zelenski suit la même voie que ses tuteurs occidentaux pour ce qui est du désordre et de la confusion, mais dans le seul but de provoquer un engagement direct de l’OTAN/des États-Unis.
• Un nouvel aspect extrême se dessine qui est le gouvernement russe sous la pression de la Russie elle-même ; “extrême” dans le sens où l’évolution de la situation le conduirait à abandonner tout espoir de négociation et d’arrangement pour se concentrer sur la seule défense du pays et sur la modalité d’une action tactique/stratégique (nucléaire ou hypersonique conventionnel ?).
Devant une situation si déséquilibrée dans tous les sens, il est bien
difficile de prévoir une issue une fois acquise la conviction, – cela
semble être la norme des jugements équilibrés, – que les Russes ne
laisseront plus les choses se faire sans riposter. L’énigme porte sur
plusieurs fronts et domaines, outre la catastrophe nucléaire que les
Russes sont absolument prêts à risquer pour éviter une inacceptable
défaite :
• les pays de l’OTAN pourront-ils accepter une défaite et des conditions imposées par la force ?
• au niveau intérieur, ces pays conserveront-ils leurs structures de fonctionnement et leur pseudo-stabilité ?
Pour chacune de ces questions, pour chacune de ces situations, on peut retourner le mot de Churchill concernant, – la Russie et son pouvoir (mais du temps de l’URSS), justement :
« Une énigme, entourée d'un mystère, cachée dans un secret. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.