Volodymyr Zelensky a exhorté les pays de l’Union européenne, en particulier l’Allemagne, à cesser toutes les relations commerciales avec la Russie. Mais, qu'en est-il des relations de l’Ukraine avec son ennemi ?
Les appels culpabilisants du président ukrainien
En moins de deux mois, Volodymyr Zelensky est devenu l'un des chefs d'État les plus connus de la planète. Une notoriété qu'il doit notamment à la multiplication de ses interventions prononcées en visioconférence depuis son bureau de Kiev. Des discours qui révèlent un véritable talent d'orateur, grâce auxquels il parvient à rallier à sa cause une majeure partie du monde, solidaire avec les victimes de guerre.
Profitant de l'empathie générée, le président ukrainien multiplie les appels aux pays européens pour leur donner des leçons de bonne conduite, n’hésitant pas à user de toutes les stratégies pour les faire culpabiliser et pour retourner l’opinion internationale à son avantage.
À Londres, le 8 mars, devant la Chambre des communes britannique, faisant référence à Winston Churchill et son célèbre discours de juin 1940, Volodymyr Zelensky assure que le peuple ukrainien « n’abandonnera pas » et a appelé à plus de sanctions contre la Russie.
Le 21 mars, dans un nouvel appel en visioconférence depuis son bureau, Volodymyr Zelensky exhorte les peuples européens à refuser toutes les ressources énergétiques de la Russie :
"Pas d’euros pour les occupants, fermez-leur tous vos ports, ne leur envoyez pas vos biens, refuser les ressources énergétiques (…) Sans commerce avec vous, sans vos entreprises et vos banques, la Russie n’aura plus d’argent pour cette guerre".
Le 31 mars, le président ukrainien a renouvelé son appel en s'adressant au parlement australien :
"De nouvelles sanctions contre la Russie sont nécessaires. Des sanctions fortes. Tant qu’elle n’aura pas renoncé au chantage nucléaire, au blocus de la mer, la Russie devra payer le prix fort. Aucun navire russe ne devrait être autorisé à entrer dans les ports du monde libre. Acheter du pétrole russe, c’est payer pour la destruction des fondements de la sécurité mondiale. Toute activité commerciale avec la Russie doit être complètement arrêtée. Pas un dollar pour détruire des gens."
La réalité ukrainienne
Invité sur CNEWS dans l’émission de Pascal Praud, Vincent Hervouët, journaliste spécialiste des affaires internationales sur LCI et Europe 1, a dénoncé l'hypocrisie du président ukrainien :
"On découvre que le gaz continue d’être délivré à travers l’Ukraine. 30 % du gaz consommé en Europe passe par les gazoducs ukrainiens. Et, donc ils (les Russes) payent l’Ukraine de deux manières : en royalties d’une part, et en les laissant prélever une partie du gaz, ce qui permet de chauffer les foyers ukrainiens. Combien de foyers ukrainiens son concernés ? 12 millions de foyers ukrainiens sont fournis avec ce gaz, seuls 300 000 en ont été coupés", a déclaré le journaliste.
Indigné par l’attitude et l’audace du président, le journaliste rappelle ses mots très sévères à l’encontre des nations européennes, qu’il ne cesse de blâmer et d’incriminer alors que "les Ukrainiens n’ont jamais fermé la vanne".
Si ses différents appels ont ému l'opinion publique, les révélations de Vincent Hervouët posent désormais le problème de la légitimité de la parole de Volodymyr Zelensky. Est-il honnête d'exhorter les pays européens à cesser les liens commerciaux avec la Russie si l'on ne le fait pas soi-même ? Aujourd’hui, son attitude contradictoire interroge. Et, si les allégations de Vincent Hervouët sont avérées, l'on pourrait en conclure que plus le discours est moral, plus la conduite est déplorable. Faites ce que je dis, pas ce que je fais ?
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