Après un mois d’escalade des tensions entre les États-Unis et la Russie, d’accusations et de postures au sujet de l’Ukraine, le Kremlin a émis sa plus grande menace à ce jour, en déclarant lundi qu’il pourrait être contraint de déployer des missiles nucléaires en Europe.
Cette décision fait monter les enchères de manière significative dans cette impasse qui a été déclenchée par de nombreux rapports médiatiques occidentaux alléguant que Poutine prépare une « invasion » de l’Ukraine orientale en massant des dizaines de milliers de soldats supplémentaires près de la Crimée et de la région frontalière.« La Russie a déclaré lundi qu’elle pourrait être contrainte de déployer des missiles nucléaires à portée intermédiaire en Europe en réponse à ce qu’elle considère comme des plans de l’OTAN pour faire de même », rapporte Reuters au sujet des nouvelles remarques du vice-ministre des Affaires étrangères Sergei Ryabkov. Il a déclaré à l’agence de presse russe RIA dans une interview que « Moscou devrait prendre cette mesure si l’OTAN refusait de dialoguer avec elle pour empêcher une telle escalade ».
Ryabkov a déclaré que la Russie pense que l’OTAN montre des signes qu’elle se rapproche de son propre redéploiement de forces nucléaires à portée intermédiaire en Europe. Le traité FNI, signé en 1987 par Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan, a été conçu pour empêcher un tel scénario d’affrontement entre armes nucléaires sur le sol européen. Le 2 février 2019, les États-Unis ont officiellement suspendu leur participation au traité FNI, sous la direction de Trump, alors que la Russie et le reste du monde avaient prévenu que la sortie de Washington déclencherait une nouvelle « course aux armements ».
Le Kremlin évoque désormais un « manque total de confiance » et des indications spécifiques montrent que l’OTAN se prépare à accumuler des armes précédemment interdites en Europe :
Ryabkov a déclaré qu’il existait des « indications indirectes » que l’OTAN se rapprochait du redéploiement des FNI, notamment la restauration, le mois dernier, du 56e commandement d’artillerie qui exploitait des missiles Pershing à capacité nucléaire pendant la guerre froide.
Il a ajouté : « En l’absence de progrès vers une solution politique et diplomatique à ce problème, notre réponse sera de nature militaire et technique. »
« C’est-à-dire qu’il y aura une confrontation, ce sera le prochain round, l’apparition de telles ressources de notre côté. Pour l’instant il n’y en a pas, nous avons un moratoire unilatéral. Nous appelons l’OTAN et les États-Unis à se joindre à ce moratoire. »
Pour l’instant, cette nouvelle menace émanant du Kremlin semble donc destinée à pousser l’OTAN à reprendre un dialogue direct à la table des négociations, après le récent sommet de deux heures entre Biden et Poutine, au cours duquel le dirigeant russe a demandé à Biden des « garanties juridiques » que l’OTAN ne poursuivrait pas son expansion vers l’Est.
Il ne faut pas oublier qu’au cours des deux derniers mois et à plusieurs reprises, Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, a invité ouvertement Poutine à installer des missiles à capacité nucléaire au Belarus, qui seraient très proche de la Pologne, membre de l’OTAN, et de l’Ukraine, soutenue par les États-Unis. Reuters rapportait il y a un mois que « le président du Belarus Alexandre Loukachenko souhaite que les systèmes de missiles russes Iskander à capacité nucléaire soient déployés dans le sud et l’ouest du pays… ». Et plus loin :
Lukashenko a déclaré au magazine National Defense qu’il avait besoin du système de missiles balistiques mobiles Iskander, dont la portée peut atteindre 500 kilomètres (311 miles) et qui peut transporter des ogives conventionnelles ou nucléaires.
La Russie s’est récemment plainte que Bruxelles et les États-Unis ne prennent pas au sérieux ses préoccupations légitimes en matière de sécurité. M. Ryabkov a fait écho à cette préoccupation constante dans les nouvelles déclarations de lundi : « Ils s’interdisent de faire quoi que ce soit qui puisse d’une manière ou d’une autre renforcer notre sécurité – ils pensent qu’ils peuvent agir comme ils l’entendent, à leur avantage, et que nous devons simplement avaler tout cela et faire avec. Cela ne va pas durer », a-t-il déclaré.
Mais l’OTAN a démenti ces accusations de nouveaux missiles américains en Europe, se contentant d’avertir que des armes conventionnelles pourraient être utilisées dans le cadre d’une éventuelle future réponse « mesurée ». Quoi qu’il en soit, cette nouvelle menace de déploiement des FNI par la Russie ne manquera pas d’attirer l’attention immédiate des commandants de l’OTAN.
Tyler Durden
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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