12 novembre 2021

Pénurie de travailleurs : les employeurs du Québec réclament de l’action maintenant

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Alors que le gouvernement Legault s’apprête à présenter une mise à jour économique le 25 novembre prochain, six regroupements d’employeurs québécois demandent des « mesures fortes et efficaces » pour répondre à la crise de la main-d'œuvre qui plombe la productivité québécoise en pleine relance économique.

Dans une conférence de presse commune, des représentants du Conseil du patronat du Québec (CPQ), du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), des Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) et l'Union des municipalités du Québec (UMQ) ont tenu vendredi à s’adresser d’une seule et même voix au gouvernement.

Pour ces six organismes, le constat est simple, le marché du travail québécois perd actuellement plus de travailleurs qu’il n’en gagne en raison principalement de la démographie vieillissante et de l’immigration limitée au Québec.

La plus importante étape à franchir pour le gouvernement est de reconnaître la crise de la main-d'œuvre elle-même, ce qui n'est pas chose faite, déplore le président du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn.

Avec près de 220.000 postes vacants, les entrepreneuses, les entrepreneurs et les régions sont au pied du mur et le statu quo n'est plus une solution.

C’est pourquoi le groupe réclame l’adoption de mesures immédiates dans l’énoncé budgétaire que doit déposer dans 13 jours le ministre des Finances, Eric Girard, pour retenir plus longtemps en emploi les travailleurs âgés. Il s’agit d’un groupe de travailleurs important qui peut changer la donne dans la lutte contre la pénurie de main-d’œuvre croit-on.

Dans la même veine, les employeurs proposent d’encourager et accélérer, par un ensemble de mesures ciblées, le rapprochement des personnes éloignées du marché de l'emploi, c'est-à-dire les femmes, les travailleuses et travailleurs expérimentés, les personnes issues de la communauté LGBTQ+, les Premières Nations, les personnes en situation de handicap ainsi que les personnes judiciarisées.

Deux travailleurs dans une serre.

Les travailleurs étrangers sont une source essentielle de main-d'œuvre dans les entreprises agricoles notamment.

Priorité à l’immigration

Mais même s’il réussissait à ramener tous ces gens au travail, le Québec n’arriverait pas à combler ses besoins en main-d'œuvre, affirment les représentants de l’industrie, du commerce et des municipalités. C’est pourquoi Québec et Ottawa doivent s’entendre rapidement pour renforcer et simplifier le processus d’immigration, soutiennent-ils.

Les délais actuels de traitement des demandes de résidence permanente, jugés déraisonnables, nuisent grandement aux efforts pour combler les besoins en main-d’œuvre, constatent les employeurs du Québec.

Ces derniers ne comprennent pas d’ailleurs pourquoi le processus d’immigration est beaucoup plus long au Québec qu'ailleurs au pays compte tenu de la gravité des besoins en main-d’œuvre.

Les entreprises refusent des contrats, payent des pénalités de retard ou réduisent leurs activités en raison du manque criant de travailleuses et travailleurs, souligne Véronique Proulx qui représente les manufacturiers et exportateurs québécois.

Le Québec a laissé sur la table 18 milliards de dollars dans les deux dernières années, seulement dans le manufacturier, en raison de la pénurie de main-d'œuvre.

Les employeurs réclament par conséquent une stratégie de régionalisation de l'immigration, en collaboration avec les employeurs en région et les municipalités, pour répondre le plus rapidement possible aux besoins […] et bien accompagner les entreprises dans le recrutement et l'intégration des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires.

Des décisions cruciales sont aussi à prendre rapidement en matière de formation de la main-d’œuvre, notamment au sein de petites et moyennes entreprises en leur offrant un meilleur accompagnement et une aide financière adéquate pour former les nouveaux travailleurs, et ce, dans tous les secteurs d’activité, précise le regroupement.

Des investissements déterminants sont aussi réclamés pour aider les entreprises à se doter d’équipements plus performants et à robotiser les opérations qui peuvent l’être.

La robotisation fait partie des solutions au manque de main-d'œuvre, mais les machines ne peuvent tout faire.

Même s’il représente majoritairement des organisations privées, le regroupement d’employeurs insiste également sur la mise en place rapide de mesures pour combler le manque d'employés dans le secteur public, notamment en santé, en éducation et en petite enfance.

Le mini-budget présenté le 25 novembre prochain est l'occasion de donner un coup de barre et de proposer des solutions novatrices en matière notamment de régionalisation de l'immigration, de formation professionnelle et de productivité. On ne peut se permettre d'écarter aucune avenue, plaide pour sa part le président de l'Union des municipalités du Québec, Daniel Côté, qui offre toute sa collaboration au gouvernement pour y parvenir.

L'opposition veut un plan d'urgence

Sur les bancs de l’opposition, où on fait le même constat, le porte-parole libéral en matière d'économie, de PME, d'emploi, de travail et de recherche et innovation, Monsef Derraji, réclame un plan d’urgence pour répondre à la pénurie de travailleurs.

Le Parti libéral presse entre autres le gouvernement Legault d’instaurer des mesures d’incitation pour garder les travailleurs qui approchent de la retraite sur le marché du travail, notamment un congé de cotisation au Régime de rentes du Québec pour les 62 ans et plus qui reviennent au travail, ce qui peut représenter jusqu'à 3.300 $ par année dans les poches de ces travailleurs, estime le PLQ.

On demande aussi au gouvernement de bonifier le seuil d'admissibilité au crédit d'impôt pour travailleurs expérimentés à 45.000 $ et de permettre aux régions de déterminer elles-mêmes leurs besoins de recrutement.

Le PLQ demande également à ce qu’on rétablisse au niveau de 2018 les seuils d’immigration et de veiller à régulariser le statut des immigrants à statut précaire pour les intégrer plus rapidement au marché du travail.

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