Alors qu’une troisième dose est prévue pour les plus de 80 ans et la population à risque dès mi-septembre, Alain Fischer la préconise pour les plus de 65 ans. Pour lui, «le scénario le plus adapté», c’est de «coupler ce rappel anti-Covid avec le vaccin contre la grippe», donc à la mi-octobre.
Dans un entretien accordé à L’Express, le Monsieur Vaccin du gouvernement, Alain Fischer, a déclaré souhaiter élargir les catégories de Français éligibles à la troisième dose de vaccin contre le Covid.
Tout en rappelant qu’«il est déjà acté que les plus de 80 ans et les personnes très malades pourront [en] bénéficier», le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale (COSV) a précisé que les discussions étaient toujours en cours pour les tranches d’âge inférieures.
«Le Conseil d’orientation défend l’idée de coupler ce rappel anti-Covid avec le vaccin contre la grippe, pour les publics qui sont habituellement éligibles à la vaccination antigrippale, car ils sont assez identiques à ceux pour lesquels un rappel anti-Covid paraît pertinent: les plus de 65 ans, les personnes avec des comorbidités, et les femmes enceintes», a-t-il expliqué.
La campagne antigrippale étant prévue pour le 23 octobre, la dose supplémentaire pourra donc être injectée à cette période. Elle devrait concerner les personnes ayant reçu leurs premières injections en début d’année (de janvier à avril). Le COSV justifie l’administration conjointe des deux vaccins par le fait qu’elle est déjà couramment pratiquée, surtout avec les injections antigrippales.
«C’est le scénario qui me paraît le plus adapté, d’un point de vue organisationnel, même si tout ceci nécessite d'aller un peu plus loin dans l'analyse avant décision», a estimé le médecin.
C’est en début de semaine prochaine, avant la tenue du prochain conseil de défense sanitaire, que les avis de la Haute Autorité de Santé (HAS) sont attendus quant à l’âge à partir duquel l’administration de cette dose serait recommandée, sachant qu’entre temps l’idée de 75 ans a également été évoquée.
Qu’en pense l’OMS?
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) continue de s’opposer à la volonté de certains pays riches d’administrer une troisième dose «quand le reste du monde attend sa première injection».
En outre, la scientifique en chef de l'OMS, Soumya Swaminathan, a dit que l’organisation voyait «clairement que les données actuelles n'indiquent pas que les rappels sont nécessaires».
Pour elle, il est donc nécessaire d’«attendre que la science nous dise quand les rappels sont nécessaires, quels groupes de personnes et quels vaccins ont besoin de rappels».
Or, la Direction générale de la Santé a expliqué auprès de la Tribune que «l’un n’[était] pas incompatible avec l’autre».
«Les doses que nous réorientons via l'initiative Covax ne sont pas prélevées sur les stocks nécessaires à la poursuite des objectifs de la stratégie vaccinale, mais sont issus des surplus que nous réorientons au moment du dispatch qui s’opère au niveau européen», a-t-elle précisé.
Y a-t-il des risques?
L’injection d’une dose de rappel est discutée à cause de la baisse de la protection vaccinale chez les plus âgés, les personnes à risques ou les immunodéprimés.
«Une des manières de regarder l’efficacité des vaccins c’est d’observer le taux de réinfection clinique, et là il semble que chez les gens les plus âgés, la protection a tendance à baisser», a ainsi confirmé Jean-Daniel Lelièvre, immunologue au CHU Henri Mondor et expert à la Haute Autorité de Santé. À ce titre, il a notamment cité les vagues de secondes contaminations en Israël.
La question fait toujours polémique, même si la troisième dose est déjà pratiquée par exemple en Israël, prévue aux États-Unis ou encore en Allemagne.
«Il n’y a pas d’avis scientifique unanime sur la nécessité - ou non - de proposer une dose de rappel à toute la population, ni sur les catégories [plus larges] qui seraient concernées», indiquait le 12 août le ministère de la Santé.
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