Nous avons évoqué hier le courrier d’Olivier Véran sur cette obligation vaccinale pour les soignants, qui témoigne d’une évolution très attendue et « téléphonée » du gouvernement sur la question. Rappelons que, en novembre, Emmanuel Macron avait indiqué qu’il n’y aurait pas de vaccin obligatoire en France, et qu’il avait corrigé le tir en avril, en précisant que le vaccin ne serait pas obligatoire « à ce stade ».
Il existe donc un agenda de la vaccination obligatoire en France, amené selon la technique du « curiaçage » ou des « petits pas », tant bien que mal, par le gouvernement. Mais cette opération a-t-elle une chance de fonctionner ?
Véran et ses calculs mathématiques douteux
Comme nous l’indiquions hier, les ministres annoncent que le taux de vaccination chez les soignants des EHPAD (et des établissements de santé) doit atteindre 80% à la rentrée de septembre, sans quoi, l’obligation vaccinale sera instaurée. Le chiffre ne manque pas de surprendre, car il ne correspond à rien, sinon au fantasme d’un bureaucrate qui ne connaît rien à la réalité.
Les effectifs des EHPAD, à la différence des hôpitaux, sont en effet très dispersés. Certains établissements comptent parfois une escouade de personnels, d’autres une petite centaine. La proportion de 80% des personnels vaccinés est globale. Et que fera Véran si le taux de 80% est atteint, mais avec des établissements vaccinés à 100%, et d’autre vaccinés à moins de 50% ?
Si l’on se souvient que le taux de vaccination chez les soignants ne dépasse pas les 55%, l’atteinte des 80% paraît très peu probable.
On attend donc avec impatience le passage à l’acte, et l’on verra comme l’obligation vaccinale sera respectée dans les EHPAD.
Véran courageux, mais pas téméraire
Il est très significatif de voir qu’Olivier Véran cible le personnel des EHPAD, établissements souvent privés, mais prend bien garde à ne pas cibler le personnel des hôpitaux publics, sur lequel il a une autorité directe. Fais ce que je dis, mais ne fais pas ce que je fais.
Il y a une raison cachée à ce choix stratégique d’imposer des règles aux établissements hors de son champ naturel, et d’épargner ceux qui dépendent directement de lui : Véran sait qu’une vaccination obligatoire des soignants dans les hôpitaux publics créerait une hémorragie des personnels et soulèverait une véritable fronde où il perdrait la face. L’hostilité ou la défiance des personnels soignants envers un vaccin vanté par des médecins souvent méprisants et autoritaires est très forte. On ne pouvait mieux illustrer la fracture managériale, sociale, politique, entre soignants et médecins dans les structures publiques.
La réalité est que la moitié du pays (celle qui n’est pas vaccinée) est désormais gonflée à bloc contre les mesures liberticides prises par le gouvernement sous le prétexte du COVID… Et la caste au pouvoir sait qu’elle n’est pas en position de force pour faire boire ces millions d’ânes qui n’ont pas soif.
La vaccination cristallise les fractures françaises
Nous l’avons indiqué récemment, la question de la vaccination n’est pas seulement une question sanitaire. Elle est surtout (devenue) une question politique. Elle est le terrain d’affrontement larvé entre deux France. La France des vaccins est très largement celle de la verticalité, de la croyance au progrès par la science, de la domination par la caste. La France qui ne se vaccine est celle de la périphérie, de la défiance vis-à-vis de l’autorité, de la préférence pour l’ordre spontané et pour l’acceptation du destin.
Entre ces deux France, on sent bien que l’écart se creuse, et que la tension monte. Sans très bien savoir jusqu’où la défiance peut aller.
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