Aussitôt demandé aussitôt fait, le communiqué de l’intersyndicale affirme que « le dialogue et l’écoute doivent retrouver leur place dans notre pays. C’est pourquoi nos organisations dénoncent toutes formes de violence dans l’expression des revendications ». Une manière pour le moins clair de condamner la colère exprimée par les gilets jaunes, sans dire un mot sur les terribles violences policières, les condamnations et l’acharnement judiciaires, ou encore les blessés et mutilés, les morts.
Tout ça pour ... négocier la régression sociale !
La monnaie d’échange ? Le sacro-saint dialogue social. « Le gouvernement, avec beaucoup de retard, a enfin ouvert les portes du dialogue » peut-on lire dans le communiqué rédigé par les principaux chefs syndicaux. Tout ça donc pour la reprise du « dialogue social » qui ne signifie ni plus ni moins que la négociation de la régression sociale, ou encore l’accompagnement des contre-réformes du gouvernement. Comme premier gage, le gouvernement a convié à une réunion, ce vendredi, organisée au ministère du travail les organisations syndicales signataires et les organisations patronales pour discuter du transport et du logement.
Il n’en a donc pas fallu beaucoup pour que les directions syndicales se prêtent au jeu de l’appel au calme. « Tous les acteurs publics seront comptables de leurs déclarations dans les jours qui viennent ». Les « menaces » proférés par un gouvernement qui n’a plus aucune légitimité et dont le degré de popularité ne cesse de creuser toujours plus bas que terre n’a semble-t-il pas dérangé les directions syndicales. Prête donc à maintenir l’ordre « Républicain » sur le dos de la colère sociale et des gilets jaunes ? Il semble que oui.
Une attitude criminelle des directions syndicales
Cela est d’autant plus criminelle de la part des directions syndicales que cela se fait après la répression colossale du 1er décembre, ou encore les affirmations de Macron à ne rien céder, ni sur l’ISF ni sur l’ensemble « de ce qui a été fait ces dix-huit mois ». Une violence sociale et politique qui à l’heure actuelle ne cesse toujours plus de se décliner en une violence physique contre les gilets jaunes, lycéens et sa population. Interpellations de lycéens, mutilations, condamnations à des peines de prison ferme, et bientôt des blindés ce 8 décembre à Paris. Le « dialogue social », à l’heure actuel, c’est à coup de flash-ball et de matraques.
Les directions syndicales, au premier titre la CGT, tournent le dos à la colère sociale, mais aussi à une partie de la classe, et ces classes moyennes déclassées qui partagent, au moins en terme de condition de vie, les mêmes difficultés que le monde du travail sur la question du pouvoir d’achat et des salaires. Et ce n’est pas le communiqué de la CGT, ou il affirme que « la CGT s’indigne et condamne fermement l’attitude du gouvernement qui répond par la seule violence aux légitimes exigences qui s’expriment diversement dans tout le pays », publié dans la foulée qui va changer la donne ni le faite que Martinez a affirmé ne pas participé à la première réunion ce vendredi. De faite, en accolant sa signature au communiqué de l’intersyndicale, Martinez légitime la démarche du gouvernement.
Tout cela est d’autant plus grave que cet ordre que les directions syndicales appellent à rétablir au travers « écoute et dialogue », c’est cet ordre que les gilets jaunes bouleversent actuellement. L’ordre des classes dominantes qui oppresse et exploite. Le gouvernement veut faire rentrer dans le rang, par la force de la répression et du sang, les gilets jaunes, les directions syndicales le soutiennent et applaudissent en échange au « dialogue social » tant attendu.
Des militants CGT menacent de déchirer leur carte
Mais cette décision a semé, selon Le Parisien, « la colère dans les rangs des militants, partagés sur la position à adopter samedi vis-à-vis ’’de tous ceux qui se battent dans rue pour vivre dignement’’ ». Le journal affirme : « C’est raté ! Ils jettent de l’huile sur le feu et se coupent de la base. Catastrophique dans une période aussi mouvementée » se désole un responsable syndical cégétiste opposé à la décision prise par son syndicat de ne pas être aux côtés des Gilets jaunes. « ’’Ils sont inconscients !’’ lance un autre gradé mécontent, cette fois dans les rangs de FO. »
« Sur les réseaux sociaux, de nombreux militants CGT menacent même de déchirer leur carte. » Le Parisien continue : « On savait qu’on ne pouvait pas compter sur eux ! » résume dépité l’un d’eux. « Ce sont des traîtres ! » twitte rageur un autre. Des réactions qui n’ont pas surpris de nombreux militants syndicaux. Sur le terrain, à la CFDT comme chez FO, une partie de la base se disait désorientée. Dans les rangs de la CGT, c’est même une véritable déflagration de colère qui a suivi l’envoi du communiqué. « Chez nous aussi c’est l’insurrection ! On est en train de se vendre au gouvernement. La CFDT nous a bien utilisés dans cette affaire » s’emporte l’un d’eux. »
« C’est un signal catastrophique envoyé à toutes celles et ceux qui luttent. Nous mettons en danger nos militants » dénonce l’Union régionale des Bouches-du-Rhône au travers un mail adressé à Martinez. « En cas de refus nous prendrons toutes nos responsabilités », quitte à aller jusqu’à désavouer le patron de la centrale de Montreuil, explique le communiqué vu par le Parisien.
Ne plus attendre Martinez ! Se joindre à la colère sociale et manifester le 8 décembre !
Dans ces contextes où le soulèvement des gilets jaunes est à un moment charnière, les bases syndicales doivent frapper le fer tant qu’il est chaud. Notamment au sein de la CGT, dans laquelle la direction continue de temporiser et se refuse à toute jonction réelle, ni même à la grève le 14 décembre, encore moins à la grève générale. Face à cette politique criminelle des directions syndicales, les militants syndicaux doivent se lancer dans la bataille, quitte à désobéir à la direction de la centrale, à l’image de la CGT Lafarge notamment et d’autres secteurs qui appellent à manifester le samedi 8 décembre avec les gilets jaunes.
Bloquer l’économie, par la grève et sa généralisation, pour revendiquer des hausses de salaires, l’abrogation des lois travail, l’augmentation des pensions, c’est maintenant ou jamais ne qu’il faut le faire en jonction avec les gilets jaunes. C’est le moment d’y aller pour faire céder Macron et son monde.
Damien Bernard
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