On mentionnera quelques points décrivant cette situation essentiellement pour 2018 qui semble s’avérer une année-charnière, en tenant compte de la méthodologie employée pour certains d’entre eux et des volumes de la flotte de porte-avions.
• L’article annonce que le pourcentage des porte-avions de la Navy à la mer en opérations (hors missions d’entraînement et d’essais) pour les neuf premiers mois de l’année est le plus bas depuis 1992, soit 15% de la flotte. Curieusement cette affirmation contredit un des schémas montrant les pourcentages de disponibilité opérationnelle de la flotte des porte-avions depuis 1965, et que l’on tiendra comme la référence la plus rigoureuse : en 1992, on atteint 16% de la flotte, l’autre chiffre le plus bas étant 1965 avec 18%. Tous les autres pourcentages année par année atteignent ou dépassent 20%, avec un maximum de 42% en 1973. Il faut aussi tenir compte du nombre de porte-avions : autour de 30 jusqu’en 1972, autour de 15 de 1974 à 1994, autour de 10 de 1996 jusqu’à aujourd’hui. Les 15% de la flotte déployée en 2018 sont donc jusqu’ici le chiffre le plus bas qu’ait connu l’US Navy, alors qu’elle a de nombreuses missions opérationnelles (au contraire de 1992, et avec 10 porte-avions aujourd’hui contre 15 en 1992). Ce chiffre de 15%, qui est une moyenne, a toutes les chances d’être confirmé, sinon aggravé d’ici la fin de cette année, notamment du fait de la prolongation de l’immobilisation pour entretien du USS Eisenhower (voir plus loin).
« L’US Navy a déployé opérationnellement entre 22 et 25% de porte-avions depuis 2013. Ces pourcentages [...] sont en baisse de 28% en moyenne par rapport au reste de la “guerre contre le terrorisme ” [depuis 2001]. En 2018, ce nombre a été ramené à environ 15% en moyenne des porte-avions de la Navy déployés opérationnellement. »
• Pour la première fois depuis des décennies, il n’y a plus de porte-avions de l’US Navy dans la région du Golfe Persique (depuis le mois de mars). En Méditerranée, le USS Truman a été déployé après une immobilisation d’entretien pour un très court séjour fin avril au large de la Syrie ; il est rapidement reparti dans l’Atlantique avant d’être à nouveau immobilisé en juin pour des réparations jusqu’à la fin août. La présence navale US au Moyen-Orient est aujourd’hui extrêmement faible alors que des manœuvres navales iranienne et russe (séparément) ont eu lieu en septembre.
« ... Entretemps, il y a eu un discret basculement dans la présence navale US au Moyen-Orient. Il n’y a plus de porte-avions dans le golfe Persique depuis le départ de l’USS Theodore Roosevelt (CVN-71) en mars. En septembre, près d’une centaine de navires de la marine des Gardiens de la révolution iranienne ont effectué un exercice simulant le blocage de la navigation navale dans le détroit d’Hormuz. Au lieu du groupe de porte-avions d’attaque [un porte-avions avec cinq navires de surface et un ou deux sous-marins] habituellement déployé, on trouvait une seule frégate lance-missiles et une poignée de patrouilleurs côtiers de l’US Navy dans la zone. Tandis que les Russes conduisaient un exercice naval de grande envergure en Méditerranée orientale à la même époque, le groupe de porte-avions d’attaque de l’US Navy le plus proche se trouvait de l'autre côté de l'Atlantique et opérait au large des côtes du Canada. »
• Enfin une première pour une période aussi conséquente depuis la Deuxième Guerre mondiale (y compris la guerre elle-même), et peut-être même depuis les années 1930 et l’entrée en service des porte-avions, l’absence de tout porte-avions US en service opérationnel pendant près d’un mois :
« Durant 22 jours cet été a confirmé l’US Navy à USNI News, la Navy n’a pas eu un seul groupe de porte-avions d’attaque déployé opérationnellement dans n’importe quel point du globe, et disponible pour une mission de sécurité nationale... »
La principale cause de cette brutale aggravation de la situation de la disponibilité opérationnelle des porte-avions et de la flotte en 2018 tient essentiellement à l’allongement démesuré des périodes d’entretien, de réparations et de modernisation, à cause certes de la vétusté des cinq chantiers navals pouvant accueillir les porte-avions nucléaires, mais surtout et essentiellement de la sophistication en constante augmentation de ces navires. Les pertes de capacités pour l’US Navy sont très sévères : elles sont de 1.300 jours d’opérations en mer entre 2000 et 2016, soit l’équivalent de sept déploiement de six mois d’un groupe de porte-avions d’attaque. Il y a aussi l’exemple très récent du USS Eisenhower, qui devait être immobilisés six mois et qui l’aura été pendant dix-huit mois, jusqu’en février 2019, si rien ne vient encore allonger les délais d’ici là...
« Selon un rapport de 2017 du Government Accountability Office [GAO] sur les chantiers navals, les retards dans ces chantiers sont responsables de 1.300 jours de déploiement opérationnel perdus pour les porte-avions de 2000 à 2016. Cela équivaut à sept déploiements de groupes d’un groupe de porte-avions d’attaque pendant six mois. Depuis l’année fiscale 2015, la Marine a perdu l'équivalent d'une année de disponibilité opérationnelle d’un porte-avions en raison de dépassements de maintenance.
» “Les capacités actuelles en cales sèche des chantiers navals ne répondent pas aux besoins opérationnels futurs”, a écrit le GAO en 2017. “La Marine prévoit que les chantiers navals ne pourront pas assurer 73 des 218 épisodes de maintenance prévus pour les chantiers navals au cours des 23 prochaines années, y compris les épisodes de maintenance pour cinq porte-avions et 50 sous-marins”. [...]
» Samedi dernier [le 21 septembre], le commandant du USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) a annoncé à son équipage et aux familles des marins que le porte-avions ne quitterait pas le chantier naval de Norfolk, à Portsmouth, en Virginie, où il effectue un séjour de maintenance, avant le début de l’année prochaine. La décision triple la longueur de l’épisode de maintenance, qui devait se terminer en février 2018. Le délai a un effet en cascade qui affectera la période de réparation du USS George H.W. Bush (CVN-77) et pourrait obliger l’US Navy à revoir ses plans de déploiement. »
Quelles conclusions tirent l’US Navy, et le Pentagone en la personne du ministre Mattis bien entendu ? La réponse est “Emploi Dynamique des Forces”, une idée du ministre Mattis à propos de laquelle on nous assure qu’il est “very serious”. Il s’agit de remplacer l’ancienne formule où l’on pouvait prévoir (“prévisibilité”) la position des groupes de porte-avions (puisque leur mission était de se trouver dans tous les lieux stratégiques de toutes les mers du globe, et d’affirmer ainsi la présence stratégique des USA), par une nouvelle formule dite naturellement d’“imprévisibilité”... Croit-on que le Truman va prendre position dans le Golfe Persique après son intrusion au large de la Syrie ? Eh bien, non, pas du tout ! Il prend tout le monde à contrepied, revient sur ses flots, fait trois petits ronds dans l’eau avec les amis franco-britannique et retourne à son port d’attache pour quelques sparadraps supplémentaires... Ainsi tout le monde est-il pris de court et l’absence de porte-avions US dans le Golfe Persique est une grande surprise qui dérange tous les plans hostiles et renforce encore plus la suprématie US...
Quant au USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69), ceux qui l’attendaient en mer pour tel ou tel déploiement à partir de février 2018 en sont et en seront pour leur frais grâce à l’“imprévisibilité” du plan “Emploi Dynamique des Forces” puisqu’il reste à quai jusqu’en février 2019...
« En mai, le chef des opérations navales, John Richardson, a déclaré aux journalistes que la Marine commençait à utiliser un nouveau schéma de déploiement nomme “Emploi Dynamique des Forces” basé sur le nouveau mandat d’imprévisibilité opérationnelle défini par le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, dans le cadre de la Stratégie de défense nationale.
» Lorsque le groupe du porte-avions d’attaque Harry S. Truman a été réuni en avril, il ne s’est pas rendu dans le golfe Persique, où les États-Unis étaient constamment présents depuis des décennies. Le USS Harry S. Truman (CVN-75) et son escorte se sont rapidement rendus en Méditerranée orientale pour frapper les forces de l'État islamique en Syrie, avant de revenir dans l’Atlantique Nord rejoindre ses homologues britanniques et français, avant de rentrer à son port d’attache [fin juin] de façon inattendue après seulement trois mois de déploiement. Le Truman a passé deux mois supplémentaire à quai et a repris la mer le 28 août.
» “Le ministre Mattis est extrêmement sérieux à ce sujet”, explique [l’adjoint au ministre de la défense Bob] Work. “Il veut être plus imprévisible du point de vue opérationnel, et le déploiement de Truman était censé être le modèle idéal pour cela.” »
La principale cause de cette brutale aggravation de la situation de la disponibilité opérationnelle des porte-avions et de la flotte en 2018 tient essentiellement à l’allongement démesuré des périodes d’entretien, de réparations et de modernisation, à cause certes de la vétusté des cinq chantiers navals pouvant accueillir les porte-avions nucléaires, mais surtout et essentiellement de la sophistication en constante augmentation de ces navires. Les pertes de capacités pour l’US Navy sont très sévères : elles sont de 1.300 jours d’opérations en mer entre 2000 et 2016, soit l’équivalent de sept déploiement de six mois d’un groupe de porte-avions d’attaque. Il y a aussi l’exemple très récent du USS Eisenhower, qui devait être immobilisés six mois et qui l’aura été pendant dix-huit mois, jusqu’en février 2019, si rien ne vient encore allonger les délais d’ici là...
« Selon un rapport de 2017 du Government Accountability Office [GAO] sur les chantiers navals, les retards dans ces chantiers sont responsables de 1.300 jours de déploiement opérationnel perdus pour les porte-avions de 2000 à 2016. Cela équivaut à sept déploiements de groupes d’un groupe de porte-avions d’attaque pendant six mois. Depuis l’année fiscale 2015, la Marine a perdu l'équivalent d'une année de disponibilité opérationnelle d’un porte-avions en raison de dépassements de maintenance.
» “Les capacités actuelles en cales sèche des chantiers navals ne répondent pas aux besoins opérationnels futurs”, a écrit le GAO en 2017. “La Marine prévoit que les chantiers navals ne pourront pas assurer 73 des 218 épisodes de maintenance prévus pour les chantiers navals au cours des 23 prochaines années, y compris les épisodes de maintenance pour cinq porte-avions et 50 sous-marins”. [...]
» Samedi dernier [le 21 septembre], le commandant du USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) a annoncé à son équipage et aux familles des marins que le porte-avions ne quitterait pas le chantier naval de Norfolk, à Portsmouth, en Virginie, où il effectue un séjour de maintenance, avant le début de l’année prochaine. La décision triple la longueur de l’épisode de maintenance, qui devait se terminer en février 2018. Le délai a un effet en cascade qui affectera la période de réparation du USS George H.W. Bush (CVN-77) et pourrait obliger l’US Navy à revoir ses plans de déploiement. »
Quelles conclusions tirent l’US Navy, et le Pentagone en la personne du ministre Mattis bien entendu ? La réponse est “Emploi Dynamique des Forces”, une idée du ministre Mattis à propos de laquelle on nous assure qu’il est “very serious”. Il s’agit de remplacer l’ancienne formule où l’on pouvait prévoir (“prévisibilité”) la position des groupes de porte-avions (puisque leur mission était de se trouver dans tous les lieux stratégiques de toutes les mers du globe, et d’affirmer ainsi la présence stratégique des USA), par une nouvelle formule dite naturellement d’“imprévisibilité”... Croit-on que le Truman va prendre position dans le Golfe Persique après son intrusion au large de la Syrie ? Eh bien, non, pas du tout ! Il prend tout le monde à contrepied, revient sur ses flots, fait trois petits ronds dans l’eau avec les amis franco-britannique et retourne à son port d’attache pour quelques sparadraps supplémentaires... Ainsi tout le monde est-il pris de court et l’absence de porte-avions US dans le Golfe Persique est une grande surprise qui dérange tous les plans hostiles et renforce encore plus la suprématie US...
Quant au USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69), ceux qui l’attendaient en mer pour tel ou tel déploiement à partir de février 2018 en sont et en seront pour leur frais grâce à l’“imprévisibilité” du plan “Emploi Dynamique des Forces” puisqu’il reste à quai jusqu’en février 2019...
« En mai, le chef des opérations navales, John Richardson, a déclaré aux journalistes que la Marine commençait à utiliser un nouveau schéma de déploiement nomme “Emploi Dynamique des Forces” basé sur le nouveau mandat d’imprévisibilité opérationnelle défini par le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, dans le cadre de la Stratégie de défense nationale.
» Lorsque le groupe du porte-avions d’attaque Harry S. Truman a été réuni en avril, il ne s’est pas rendu dans le golfe Persique, où les États-Unis étaient constamment présents depuis des décennies. Le USS Harry S. Truman (CVN-75) et son escorte se sont rapidement rendus en Méditerranée orientale pour frapper les forces de l'État islamique en Syrie, avant de revenir dans l’Atlantique Nord rejoindre ses homologues britanniques et français, avant de rentrer à son port d’attache [fin juin] de façon inattendue après seulement trois mois de déploiement. Le Truman a passé deux mois supplémentaire à quai et a repris la mer le 28 août.
» “Le ministre Mattis est extrêmement sérieux à ce sujet”, explique [l’adjoint au ministre de la défense Bob] Work. “Il veut être plus imprévisible du point de vue opérationnel, et le déploiement de Truman était censé être le modèle idéal pour cela.” »
Le technologisme plus mortel que l’hypersonique ?
Bien entendu, nous nous moquons et ce n’est pas très convenable ; le ministre, ancien général des Marines, Jim Mattis est un homme respectable et très sérieux. Son plan, qui est de faire circuler, – même à l’arrêt et à quai, – les porte-avions là où on ne les attend pas montre bien qu’il lui reste beaucoup de l’habileté tactique des Marines. On dira simplement que ce que l’on peut faire avec un peloton de Marines attaquant le flanc droit de l’ennemi alors que l’ennemi l’attend sur son flanc gauche, ou à la rigueur avec un escadron de chasseurs-bombardiers changeant d’objectifs à la dernière minute et à une vitesse dépassant largement celle du son, on peut difficilement le faire avec un groupe de porte-avions d’attaque filant à 30 nœuds... C’est-à-dire que la surprise tactique n’est pas vraiment au rendez-vous, parce qu’on a le temps tout de même de s’habituer à cette démonstration de la “Dynamique des Forces”.
Et puis d’ailleurs, excédé, l’adjoint au ministre Work finit par vous dire, se référant aux divers “trous” constatés dans le déploiement des porte-avions, et notamment ces fameux 22 jours de cet été où il n’y eut aucun porte-avions de l’US Navy déployé, – eh bien, que le porte-avions ce n’est pas si important qu’on croit... « “Quand les gens disent ‘si vous réduisez votre présence [des porte-avions], quelque chose va arriver’, alors qu’on se trouve dans un monde si plein de dynamique et qu’il s’agit d’un point si mineur [le porte-avions ?!], je ne peux vraiment pas imaginer un pays se disant ‘Je vais prendre le risque d’une guerre avec les USA simplement parce qu’ils n’ont pas un seul porte-avions sur place’” [...] “S’ils prennent le risque d’une guerre avec les USA, ce sera parce qu’ils se seront dit ‘hé, nous pensons que nous pouvons gagner’, et ils choisirons un moment avantageux, mais l’absence d’un porte-avions n’est pas un détonateur à mes yeux. Il y a beaucoup de gens qui disent que l’absence [de porte-avions] envoie un signal fâcheux ; ce n’est pas du tout mon avis. »
... Bref, l’absence de porte-avions, ce n’est pas grave parce que ce n’est pas grave ; et ce n’est même pas un “moment avantageux” si on veut attaquer les USA, ce n’est pas un “détonateur”, pas du tout et rien du tout... On comprend l’exercice de narrative, il faut bien continuer à affirmer l’écrasante supériorité US, et Mattis, outre d’être un dur-à-cuire puisqu’ex-Marine, est aussi un magicien qui sort des lapins de son chapeau : au moins on a de porte-avions disponibles, au plus leur puissance est redoublée grâce à la “Dynamique des Forces”, et idem pour la puissance exceptionnelle et américaniste. L’affirmation est tellement bouffe, – comme dans tragédie-bouffe s’entend, – qu’elle nous conduirait à oublier de songer au principal.
Le principal ? C’est moins le nombre réduit de porte-avions (c’était déjà le cas au début du siècle, par exemple lors des attaques de l’Afghanistan et de l’Irak), que les problèmes qui s’accumulent désormais au niveau de l’entretien, des réparations, des mises à niveau, etc. A mesure que les grands porte-avions deviennent de plus en plus sophistiqués, ce qu’ils sont avec chaque radoub et chaque mise à niveau, les interventions extérieure de logistique s’allongent et bousculent gravement les plans de l’US Navy, qui tombe cette année à l’effarant pourcentage de disponibilité de 15% de sa flotte de porte-avions. On comprend en effet que les différents porte-avions de la classe Nimitz, depuis le modèle de base (le USS Nimitz date de la fin des années 1970) n’a cessé d’être “amélioré” à chaque entretien et modernisation pour s’approcher de plus en plus de la classe USS Gerald Ford, dont le premier exemplaire est en train de connaître la catastrophe qu’on sait.
Le résultat, c’est que tous les porte-avions en service deviennent de plus en plus fragiles comme des pauvres lame ducks bloqués sur l’eau de leur quai, et comme paralysés par les nécessités de leur entretien. Le technologisme qui frappe tous les aspects des forces armées de plus en plus “lourdes” technologiquement parlant, en plus d’être couteux et délicat à l’emploi, implique, surtout bien entendu dans le cas des porte-avions, des opération de logistique de plus en plus envahissantes et incapacitantes, l’ensemble pouvant conduire sur un rythme endiablé jusqu’à de possibles et catastrophiques impasses. C’est ce que Mattis nomme sans doute la “Dynamique des Forces”.
Les radoubs de six-mois se transforment en pensions de famille jusqu'à dix-huit mois avec promenades de santé si nécessaire (le Eisenhower et le Truman, en attendant l’entrée en service du catastrophique Ford) et toute la stratégie de la flotte en est de plus en plus bouleversée jusqu’à ne plus être capable de remplir bientôt qu’un tiers, bientôt une moitié de ses missions et ainsi de suite. La flotte des porte-avions, qui vont passer les sept ou huit dixièmes de leur vie opérationnelle à quai ou en radoub, et bientôt plus pourquoi pas, devient comme une couverture trop petite qu’on tire dans un sens pour couvrir un pied qui dépassait et qui découvre l’autre pied et la jambe attenante.
Le technologisme, – cela désigné par nous comme une pathologie qu’aucun médicament ne parvient plus à guérir, – qui frappe tous les aspects des forces armées développées selon les conceptions américanistes, est en train de mettre en péril grave l’un des outils essentiels du maillage de ce que les USA jugent encore être leur hégémonie mondiale. Le problème des porte-avions, en effet, c’est qu’on ne peut faire avec eux comme on fait avec les JSF/F-35 : faire semblant qu’ils fonctionnent. Quand ils sont à Norfolk ou à San Diego, ils ne sont pas dans le Golfe Persique ou au large de la Chine.
... Cela écrit, un Russe un peu vicieux vous dirait : “J’espère tout de même qu’il en restera un ou deux en opérations, de façon à montrer comment nos missiles hypersoniques peuvent les effacer au-delà de toute possibilité de radoub”. Mais qui songerait une seconde que l’US Navy puisse conclure un jour que ses énormes “titans des mers” ont fait leur temps et qu’ils deviennent comme des boulets qui vous entraînent vers le fond... ? A chacun son trou noir.
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