Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch est extrêmement loin d'être un dirigeant idéal. Mais les processus politiques initiés par les leaders de l'opposition sont, pour leur part, complètement impensables.
On assiste bien à une tentative de coup d'Etat au centre de l'Europe, ni plus ni moins. L'opposition n'a pas apprécié le refus du président Ianoukovitch de signer sans plus attendre un accord d'association avec l'Union européenne (UE)? Dans ces circonstances il est parfaitement naturel d’exprimer ses émotions. L'opposition existe précisément pour ne pas être d'accord avec les décisions du pouvoir en place.
Mais le moyen choisi par l'opposition pour montrer son désaccord avec le gouvernement est illogique, déraisonnable et absolument inacceptable.
Les opposants de Viktor Ianoukovitch assurent que leur objectif est de "faire revenir le plus rapidement possible l'Ukraine dans la famille européenne des peuples". Ces déclarations contrastent avec les carnages qui ont lieu dans les rues de Kiev, vous ne trouvez pas ? Je ne nourris aucune affection particulière pour l'UE mais il m'a toujours semblé que l'idée européenne contemporaine était avant tout basée sur le respect de la loi et de toutes les procédures constitutionnelles, sans exception.
En d'autres termes l'opposition aurait dû tenter de vaincre Viktor Ianoukovitch et son parti aux élections. Si cet objectif avait été atteint, les opposants auraient obtenu le droit moral, politique et légitime de signer un accord avec l’UE aussi rapidement qu’ils le souhaitaient. Au lieu de cela, l’opposition " pro-européenne" de Kiev a choisi une toute autre voie qui, à mes yeux, est plutôt celle d’un pays sous-développé du Tiers monde que d’un Etat qui aspire à adhérer à l’UE.
"Nous provoquerons un tel combat pour la paix que tout sera réduit en poussière !". En décidant que tous les moyens étaient bons pour parvenir au rêve européen, l'opposition a justement trahi ce rêve.
Et ce n'est pas que de l’emphase. Les rêves peuvent être divers et variés. Certains peuvent être trahis de manière relativement impunie. Mais il faudra obligatoirement payer le prix fort pour la trahison de certains rêves : ce qui s'est produit en Ukraine fait clairement partie de la seconde catégorie.
Quel est ce "prix à payer" dont je veux parler ? Il est plus simple de comprendre en faisant une brève visite politique dans un autre pays de l'ex-URSS, qui voulait à tout prix mettre rapidement les deux pieds dans le plat démocratique : le Kirghizstan. En 2005, "pour le bien de la société", l'opposition locale avait organisé un coup d'Etat, plus connu sous le nom "la révolution des Tulipes". Et si ces événements ont été bénéfiques, personne n'a pourtant réussi à y voir le moindre bien même au microscope. En tentant une percée le Kirghizstan a, en réalité, fait un saut en arrière.
L'opposition ukrainienne veut-elle vraiment un tel avenir pour son pays ? Je n'y crois pas et je refuse de le croire. Mais les actes sont plus forts que les mots. Par leurs actions les leaders de l'opposition ont objectivement contribué à ce que les événements en Ukraine suivent le scénario kirghiz.
Et qu'en est-il des déclarations des leaders de l'opposition, qui prétendent que toute la violence à Kiev est le résultat d'actes malfaisants de certains provocateurs envoyés par le gouvernement en place ? De mon point de vue ce n'est rien de plus qu'une feuille de vigne politique. Et c'est dommage pour l'Ukraine. Dommage que ce pays extrêmement proche de la Russie plonge de plus en plus dans l'abîme d'une crise politique néfaste et mortellement dangereuse.
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