21 janvier 2014

Voler

Dans l'un des livres de Gustav Meyrink, j'ai oublié lequel, peu importe, et, même si l'envie ne me manque pas de relire Meyrink une fois encore, le temps me fait défaut pour cela, un lama prédit l'affreuse guerre de 14/18, parce que les humains sont précipités les uns contre les autres par une volonté inflexible, comme des fourmis attirées par l'affreuse magie du sucre.


Cette volonté, je la crois réelle et parfaitement efficace. Elle façonne la destinée collective. Comme une rivière coule selon une pente donnée. Les rivières joignent la mer, où tout se dilue.

Et pourtant, certains poissons remontent le courant. Le saumon, qui figure dans l'art symbolique celte, a ce pouvoir, chèrement acquis.

Une sépulture, en Occident, se compose d'une dalle horizontale pesante, censée recouvrir le corps et l'empêcher de foutre le camp, ce qui serait embarrassant pour les héritiers, et d'une pierre verticale où figurent les données anthropométriques du défunt.

Notre existence terrestre est ainsi, à l'image de la croix : l'horizontal est soumis au destin collectif. S'il y a une guerre en un pays donné, nul n'y échappe.

Certains meurent, d'autres en réchappent. Horizontal. Le vertical, c'est la réponse que nous avons apportée aux questions cruciales que ce maëlstrom brutal a soulevé. Il n'est pas ici question de couleur de peau, d'appartenance à une religion, de politique ou de philosophie.

Qu'importe ce qu'on professe, qu'on croit, ou qu'on prétend être, quand la question cruciale - tel est le mot - se pose soudain ?

La question ? Qui la connaît ? Pour chacun de nous, elle a un visage, un sens particulier.

C'est comme un saut d'obstacles. L'obstacle, le koan, la question, sous leurs infinies variations, n'ont qu'un sens : Es-tu enfin devenu un être humain ?

As-tu trouvé la verticalité ?

L'être humain, j'ignore ce que c'est. Souvent, du haut de moi, j'ignore, je juge et je sépare.

L'homme a reçu le don de la parole. Sans doute n'est-il pas le seul. Les merles et mon chien parlent. Quand souvent les humains grognent et aboient.

Pourtant, lorsqu’on franchit cette apparence cuirassée, après avoir encore traversé les marécages de l’avidité et de toutes les pulsions diversement érotiques, reste souvent un enfant qui pleure dans ce monde indéchiffrable où il a été jeté, sans que personne ne lui vienne en aide.

Il semble naturel de lui tendre la main, mais c'est souvent pour qu'il décharge toute sa haine et sa frustration.

La guerre qui est en cours - le temps n'existe pas - est très difficile à comprendre, si l'on se base sur les informations officielles.

En fait - en fait, cette commodité de langage dont beaucoup abusent, ça signifie : non pas ce qui est dit, car c'est du vent, mais ce qui constitue une base palpable - la guerre porte justement sur ce qui fait le caractère unique de l'être humain : sa capacité à retourner, comme le saumon, à sa source, à la fois riche d’expérience, et exténué par le voyage, réduit à son essence.

Elle a lieu, cette guerre, dans tous les temps, entre deux projets : le premier, symbolisé par la ruche chère aux francs-maçons, à la révolution française et à napoléon, et par toutes les variétés de pyramides, qui a pour ambition de constituer de toute l'humanité un seul ensemble différencié par ses seules fonctions (l'ancienne tripartition soulignée par Dumézil, par exemple) ; le second : l'échappée belle, que devraient porter les religions, qui ont failli.

L’échappée belle. C'est un sujet de rêverie facile. Dans la pratique, c'est un peu plus ardu. La libération porte bien son nom : elle consiste à ressentir puis, souvent après une phase douloureuse et peu efficace de révolte, à identifier tous les liens qui retiennent ici notre être intelligent.

Les plus misérables des hommes sont soumis à toutes sortes de domination : on les appelle esclaves. Mais l'esclave Epictète était bien plus libre que ses maîtres.

Il existe tant d'autres esclavages que la brutale et légale domination...

Je n'ai pas pour but de faire un traité des chaînes qui nous rivent à la pesanteur.

Les révolutionnaires en carton qui versent généreusement le sang des autres sont esclaves de leurs rêves de grandeur, de puissance, de leurs pulsions infantiles. Jamais aucune révolution n'a libéré qui que ce soit, sauf, comme les guerres et en fait chaque instant de toute vie, à un degré moindre, ceux qui, confrontés à la question cruciale, ont choisi enfin l'humanité.

Les médecins modernes qui administrent le poison sans plus rien savoir des équilibres vitaux sont les esclaves de la machine à décerveler. Comme les paysans fonctionnaires et les "artistes". Et les cohortes de psychanalystes qui ont pour fonction de ramener les brebis errantes à la litière commune.

Nos racines sont dans le ciel, d'où vient la sève. Ceux qui l'ignorent, fussent-ils encensés par la république sont des singes sans vertu et sans noblesse. Des rouages.

Entre le comportement de rouages que nous proposent tous les catéchismes, et principalement le catéchisme républicain, qui adore le dieu de la ruche, et la déesse raison, entre ces rêves d'épicier et la transfiguration de l'homme que nous offrent en perspective les gnostiques, seuls ces derniers ont une véritable vision de la liberté et de la dignité de l'Homme.

D'un côté, les menaces constantes, l'intimidation, le poids de la loi, l'équarissage pour tous (Vian), afin que nul ne dépasse, et Monsieur Valls roulant ses gros yeux d'hyper-thyroidien s'y emploie à fond, sous les éternels et commodes prétextes de la sécurité, comme ses collègues d'outre-france le font ailleurs, les méchants chiens de garde, - au troupeau nul n'échappera, de l'autre : la paix qui vient de l'intérieur. En chaque homme dort un germe souvent écrasé sous la peur et le conformisme. Curieux que dans ce mot on trouve : confort. Tellement plus confortable de se conformer aux ordres, aux injonctions, aux courants de société, à la télé.

Sous les vagues de la surface, il y a pourtant un monde en paix, où le bruit et la peur sont inconnus. Au fond de la mer, l’ancrage.

Ceux qui s’amarrent à ce silence échappent à la loi commune. La crainte n’agit plus sur eux. La mort ne leur fait pas peur. Les menaces et les promesses de sécurité les font rire.

Ce sont bien sûr des terroristes, qui mettent en danger la cohésion de la ruche. La colle de cette nouvelle Babel, c’est la peur qui coule dans les veines, et son produit, par oxydation : la soumission.


Il est insupportable au système que quiconque échappe à la peur, et à la soumission. Que quelqu’un prétende à la verticalité dans un monde républicain. Que quelqu'un se réclame d'une essence venue d'ailleurs, et insoumise au prétendu grand architecte de l'univers, qui n'est qu'un clown avec des pinceaux.

La question s'est posée souvent. Il y a quelques siècles, 7, Manuel Valls a écrasé le pays et la fraternité cathare, comme il avait cloué auparavant les camarades de Spartacus.

Au nom de l'ordre républicain. Ou catholique. Même si ces deux là semblent se déchirer, ils sont de la même écurie. Je m'en souviens, j'y étais. De l'autre côté, déja. Il y avait aussi l'homme au visage plat, Fenech, le renard des sables. Les chiens de garde. On les retrouve toujours, à chaque épisode, increvables.

Ils croient dur comme fer à leur importance, et à leur vérité. Ils servent la ruche et la serviront toujours. Leur mission : que nul ne s'échappe.

La vôtre - si vous l'acceptez : foutre le camp.

Pour cela, une seule méthode : défaire tous les liens, jusqu'aux plus ténus, toute volonté de domination, toute soumission, toute dépendance, tout lien, sauf ce plus petit dénominateur commun : ce qui fait d'un être humain un être unique, un frère, une soeur, un autre soi-même, quand il s'est dévêtu lui aussi de toute autorité, de toute soumission, de toute appartenance, de toute dépendance.

On ne peut aider que celle ou celui qui ont pris conscience de leur servitude. Le reste est servir des perles aux cochons.

Il est donc de plus en plus nécessaire d'apprendre à distinguer les humains des cochons. Et, s'il y a plus d'humains véritables qu'on pourrait croire à première vue, le nombre des porcs est immense, et leur malignité redoutable. Il y a même de gentils cochons dont la toxicité est parfaitement inconsciente.

Et tant d'hybrides, dont je suis, aussi, bien sûr.

Puis, quand plus rien n'a d'importance - c'est difficile, car il faut en même temps veiller à ne rien troubler, de l'ordre des choses - rien n'a plus de poids.

Alors on peut voler, sûrement.

Vieux Jade

3 commentaires:

  1. bonjour,
    dans un questionnement perso tout a l heure m ais venus le mot "s'accrocher",,,et puis juste apres
    la reponse me viens dans "sac(de)rochers......
    et puis ==cet article,,hihi,,
    bien vous.

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  2. Magnifique texte, merci beaucoup!

    Qc.Ca.

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  3. Je conçois l'incarnation comme une épreuve, un exercice, une sorte de chalenge nécessaire à notre propre élévation. Si vraiment vous voulez "voir" la noirceur qui nous étreint, je vous invite à parcourir le site PEDOPOLIS, vous me direz des nouvelles sur l'abjection de la pseudo élite aux manettes et leurs multiples accointances. Se défaire d'un attachement matériel n'est pas grand chose finalement, l'égo n'en est pas forcément diminué, une forme de vanité peut même en surgir. Autre chose, les cochons et les singes comptent bien peu, idiots utiles et jetables d'un plan d'une sophistication démoniaque. Les abus sexuels d'enfants et même de bébés, ça existe. Les enlèvements d'enfants et de bébés à des fins de "consommation", ça existe. Des crimes satanistes, ça existe. Les dénis de justice en la matière sont légion. Visionnez les vidéos de Stan Maillaud. Ces mamans au bord du gouffre que police, gendarmerie, experts médicaux et justice ont discréditées et détruites. Hospitalisées en CHS pour "délire paranoïaque" de façon arbitraire et sans instruction de la plainte par elle déposée. Ces mamans qui ne revoient plus leurs enfants que de loin en loin, remis officiellement à la garde du parent abusif. Comment expliquer cela, si ce n'est par une extension folle de l'emprise des psychopathes sur la marche du monde. Voir aussi et surtout les articles relatifs à la "ponérologie", qui éclairent bien des choses. C'est pourquoi, Jade, votre prose me plairait mieux si elle s'inscrivait dans le réel, la matière, la chair. Cela n'empêche pas l'amitié. Atmosphère.

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