06 octobre 2012

"Certains jeunes de la Villeneuve n'ont plus peur de rien"


Trois passants ont été blessés samedi à Échirolles (Isère) par des plombs de carabine tirés par trois jeunes hommes depuis un appartement,
a-t-on appris samedi auprès de la police et du parquet de Grenoble, confirmant une information de France 3 Alpes. Les auteurs des coups de feu ont été placés en garde à vue à l'hôtel de police de Grenoble. Les trois victimes, blessées au nez pour l'une d'elles et au thorax pour une autre, ont été hospitalisées. La troisième a été plus légèrement blessée. Les suspects - de jeunes hommes visiblement éméchés - ont tiré vers 4 heures du matin avec une carabine à air comprimé sur des automobilistes et des passants, depuis un appartement. "Cette affaire n'a aucun lien avec la rixe d'Échirolles", qui a coûté la vie à deux jeunes hommes, Kevin et Sofiane, la semaine dernière dans un autre quartier de la ville, a indiqué la police. "Il semble plus s'agir d'un jeu stupide ayant mal tourné", a poursuivi la même source.

Vu ici

Après le lynchage de Kevin et de Sofiane par des jeunes de la Villeneuve, un policier témoigne de la situation explosive dans ce quartier.

Sébastien (le prénom a été changé) est fonctionnaire de police depuis plus de dix ans au sein de la brigade anti-criminalité de Grenoble. Le policier fait partie des effectifs qui travaillent au quotidien au sein du quartier de la Villeneuve. C'est de cette cité sensible du sud de la ville que sont issus les agresseurs présumés de Kevin Noubissi et Sofiane Tabirt, 21 ans, deux amis d'enfance retrouvés morts vendredi 28 septembre dans le parc d'un quartier d'Échirolles. En 2010, des émeutes avaient éclaté dans le quartier de la Villeneuve et des mesures ont été prises pour le quartier. À lire le témoignage de ce policier, elles n'ont pas suffi et la situation ne cesse d'empirer.

Perte de repères

"Le drame d'Échirolles résulte d'un engrenage qui n'est pas comparable avec celui qui avait entraîné les émeutes de juillet 2010 [déclenchées à la suite de la mort d'un jeune braqueur du quartier, abattu par la police, NDLR]. Il y a eu un effet de groupe et de solidarité du territoire. Personne n'aurait pu prévoir ce qui s'est passé. Certains jeunes du quartier n'ont plus peur de rien et n'ont plus la moindre notion de ce qui est grave ou pas. Les repères posés par nos institutions sont devenus trop flous et la justice ne les punit plus à la hauteur de leurs responsabilités. À la Villeneuve, beaucoup de jeunes ne cautionnent pas les actes qui ont entraîné cette tragédie."

Trafic et caïds

"La plupart des jeunes impliqués goûtent au bizness." Ils sont en échec scolaire. Ils squattent en bas des immeubles, se baladent au centre commercial, commettent un ou deux vols avec violence de temps à autre, et trempent dans le trafic de stupéfiants. C'est de la moyenne délinquance. Actuellement, une dizaine de têtes tiennent le trafic à la Villeneuve. Mais elles peuvent tomber à tout moment, car ils sont nombreux à vouloir se faire une place, et l'on devient caïd par les actes. Aujourd'hui, un caïd pris pour trafic de stupéfiants doit se battre pour la retrouver à sa sortie de prison."

"Le bizness leur rapporte beaucoup d'argent. Ils voient leurs parents se tuer à la tâche pour un salaire de misère, alors, le calcul est vite fait. Ils préfèrent empocher 6 000 euros par mois pendant quelques mois et faire deux ans de prison. Le jeu en vaut la chandelle, d'autant que la justice ne les condamne pas, ou peu. Elle contribue ainsi à repousser leurs limites. Dans tous les cas, l'appât de l'argent est trop fort. Ils partent en vacances à Dubaï, investissent à l'étranger, roulent dans des voitures immatriculées en Allemagne. À cela s'ajoute une haine de tout ce qui représente l'institution et la France en général. C'est un très gros problème."

Parents "démissionnaires" ou "démunis"

"Les parents sont une des clés pour enrayer la progression de la violence dans le quartier. Certains sont de moins en moins présents dans l'éducation de leurs enfants. D'autres ont même complètement abandonné. Ceux qui essayent se retrouvent vite démunis. Et puis il y a aussi ceux qui profitent de l'argent du trafic. Lorsque nous embarquons leurs enfants à l'hôtel de police, c'est nous qu'ils pointent du doigt. Le respect de l'institution n'est plus inculqué dès le départ. Néanmoins, le dialogue n'est pas rompu avec ces jeunes. Nous les connaissons tous, nous discutons avec eux et ils nous respectent pour ça. Nous savons aussi ce qu'ils font et, ça, ils en sont conscients."

Loi du silence

"De son côté, la justice ne punit pas assez. Parfois, nous interpellons la même personne trois fois dans la même semaine. Ils connaissent bien la procédure. Ils ont grandi dans ce contexte-là. Le résultat, c'est que, même pour le plus petit des délits, ils ne balancent rien. L'aveu est très difficile à obtenir. Se taire, c'est une règle."

De plus en plus jeunes, de plus en plus violents

"À Grenoble, la criminalité présente un visage proche de celle des cités parisiennes ou marseillaises. C'est exceptionnel, compte tenu de la taille de la ville. Les cambriolages ont explosé ces derniers mois. À la Villeneuve, la délinquance a évolué de façon significative depuis dix ans. Elle s'est beaucoup rajeunie et radicalisée. Aujourd'hui, les premiers faits de délinquance y apparaissent vers 14 ou 15 ans. [...] La configuration particulière du quartier, constitué en vase clos, et sa très forte concentration d'habitants, soit environ 35 000 personnes si l'on ajoute ceux du quartier du Village olympique, font que la délinquance s'y exprime de façon particulière, avec davantage de violence. Il s'y deale principalement cannabis et cocaïne, mais pas d'héroïne. Il n'y en a pas à Grenoble. Les innombrables coursives et les zones piétonnes qui composent la cité font qu'il nous est très difficile d'y intervenir. Pour autant, la Villeneuve n'est pas une zone de non-droit."

La police débordée

"Quant à la police, elle oeuvre avec peu de moyens. En 2010, 38 fonctionnaires de plus sont arrivés après les émeutes, mais les effectifs sont depuis retombés à un niveau plus bas qu'il y a deux ans. À la brigade anti-criminalité, nous sommes pour l'heure moins impactés, mais sans renforts, la situation ne pourra pas s'améliorer. Trente policiers se relaient jour et nuit sur tous les quartiers difficiles du sud de la ville. Nous patrouillons et cherchons les flagrants délits, mais notre travail est une goutte d'eau au regard de ce qu'il faudrait faire. [...] Au final, pas grand-chose n'a changé depuis les émeutes de 2010. Tout était beaucoup trop ancré pour cela. Même les jeunes qui ont déménagé de la Villeneuve y reviennent pour dealer. Ils s'y sentent intouchables."

Source

11 commentaires:

  1. Arrivé la même chose dans la ville pourtant tranquille ou j'habite, c'est la bac qui a délogé tout le monde. La jeunesse perd tout sens commun, plus d'empathie...Il ne faudrait pas qu'elle descende dans la rue, elle se retournerait contre ses ainés. Nous serions des cibles.

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  2. Sans entrer dans un délire, [il ne s'agit que de plombs tirés par une carabine à air comprimé...j'ai beaucoup utilisé ça quand j'étais gamin, pas sur les gens il est vrai]...le malaise de la jeunesse (dénoncé depuis des décennies par nos politiciens, qui n'ont rien fait et pour cause) se comprend:

    Aucune perspective d'avenir, la déchéance sociale, le chômage...et une police certainement brutale et parfois raciste, qui les harcèle.

    Le Système mondialiste mis en place veut cela. Loi du profit, délocalisations, fermeture des usines, dégraissage des fonctionnaires, casse du service public...que reste t-il aux jeunes ? et aux moins jeunes, les "seniors" chômeurs fin de droits ?

    Je suis émerveillé de voir à quel point la société reste calme en définitive. Nous aurions pu redouter le pire - des attentats, des émeutes, après la provocation mise en scène de M Merah. RIEN.

    Nous aurions pu craindre des dérives désespérées "à la Grecque" avec tous les plans sociaux et fermetures d'usine... RIEN.

    Bien sûr, la débrouille pour survivre, les trafics, la petite délinquance - depuis des dizaines d'années - mais pas d'insurrection, et pourtant en Novembre 2005 lorsque Sarko, ministre de l'intérieur, déclencha les "émeutes de 2005" nous étions près de l'explosion sociale. Est ce que les choses se sont améliorées dans les banlieues depuis la fin de l'Etat de Siège ? pas vraiment.

    Gardons nous de paniquer pour des faits divers, même si les médias en font des tonnes...

    L'ami Pierrot

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    1. Ami Pierrot, il faudrait peut-être arrêter de vouloir vous rassurer à tout prix sur le sort du monde, de vivre dans le déni permanent, dans la mesure ou vous vivez encore dans un endroit protégé, nous ne sommes plus dans le fait divers, l'épisodique, mais un déliquescence de toute la société, une destruction du rôle de la famille savamment planifiée par les élites.
      Un plomb crève facilement un œil, un couteau tue, un manche de pioche aussi et je ne parle pas d'une AK47 qui s'achète facilement dans toute bonne cité qui se respecte !
      Vous vivez dans le monde des bisounours, c'est flagrant !
      Faites un voyage touristique dans certain endroits, flânez-y pour vous imprégner de l'ambiance...
      Vous cherchiez la symbolique d'un image de Oui-Oui déjà publiée, vous êtes la réponse !

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    2. Si tu vois ton désaccord avec l'autre comme de l'antagonisme, tu divises ton énergie par 2, mais si tu le vois comme une complémentarité, non seulement tu gardes toute ton énergie mais en plus tu profites de la sienne !!!!

      Babar

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    3. Intéressant, mais j'ai de l'énergie pour plusieurs...
      Le zen, pas mon truc, mais chacun son profil et son chemin de vie.
      Je préfère le style Murat.

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    4. Paul est un adepte de l'art Martial et de la survie. le Guerrier quoi. La banlieue est-elle une zone de guerre ? regardez les statistiques. Combien de meurtres par 100 000 habitants ? beaucoup moins qu'aux States ou qu'en Russie, ne parlons pas du Mexique....

      Le but de la propagande de guerre est de foutre la peur et la haine, et il faut donc des "coupables". De préférence, des étrangers. Je suis sidéré par les discours actuels de l'UMP, quand on sait les origines d'un certain J-F Copé...mais Valls, qui a les mêmes origines que Copé, fait très bien son "job" aussi. (Ne parlons pas de Fabius, qui déplore la répression du régime Syrien en soutenant le terrorisme des rebelles Jihadistes, digne de successeur de Juppé quand c'était la Lybie).

      Diviser pour régner...et dire que ces gens ont organisé la situation depuis des décennies pour qu'on en arrive là...et ces gens là veulent mettre des radars, des caméras, des puces partout...

      Mais je le pense, il n'y a pas d'insécurité si grave que cela, en tout cas si vous ne prenez pas des risques inutiles comme pour des filles ou des vieilles dames de sortir seules tard le soir dans des cités mal famées. Question de bon sens, il faut éviter autant que se peut de se mettre en danger.

      L'ami Pierrot

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    5. Ce que tu vois dépends de ce que tu regardes et comme ce que tu regardes est orienté par ce que tu sais, prends garde de ne voir que ce que tu sais déjà...

      Babar

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  3. Arrêtons la langue de bois et le politiquement correct, arrêtons de les appeler des "jeunes". Ils ont des prénoms ces "jeunes" issus de la religion de paix et de tolérance !

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    1. Je présume que tu parles de ceux qui tirent les ficelles et intriguent dans l'ombre, à savoir ceux qui se disent issus du judaïsme. Ceux qui sans relâche montent les chrétiens contre les musulmans. Ceux qui les ont fait venir. Ceux qui ont fait en sorte de créer le terrain propice à tout ceci.

      Si tu connais des noms ou des prénoms, lance-toi au lieu de mêler la religion à la délinquance !

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  4. M'enfin, c'est clair non ?

    Ces jeunes-là, oui, ils ont un prénom, un nom, une histoire, comme tout un chacun ici-bas.
    Et leurs "errements" à coups de chevrotine, de couteaux et autres ne sont que la réplique exacte en bas de ce qui se passe en haut : violence politique, financière, économique etc...menée par des gens qui ont aussi un prénom, un nom, une histoire...

    Ce sont tous les mêmes qui veulent le beurre,l'argent du beurre et la fermière. Qu'ils soient d'en haut ou d'en bas : même schéma !

    Mais attention Pierrot, lorsque tu dis "Je suis émerveillé de voir que la société reste calme en définitive" : hormis les médias qui jouent sur les émotions, dont la Sainte Peur, il y a une réalité de terrain à laquelle tu n'as pas l'air d'être confronté au quotidien.

    Dans très peu de temps, tu risques de ne plus être émerveillé du tout : c'est juste un degré supplémentaire qui va mettre le feu aux poudres (c'est une histoire de mèche lente).

    Et peu importe que ce soit voulu par les élites ou pas.

    Le résultat sera le même, et il vaudra mieux être serein à tous les étages pour vivre la chose...

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    1. Inc'h Allah...je suis où je dois être, si ça pète fin 2012.

      Amitiés

      L'ami Pierrot

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