17 août 2024

Préparent-ils un régime théocratique aux États-Unis et en Occident ?


La théocratie passera-t-elle par le "dominionisme", une théologie de la domination empruntée à la Nouvelle réforme apostolique (courant présent dans le pentecôtisme et le mouvement charismatique évangélique entre autres) ?

Selon les adeptes du dominionisme, Dieu a donné aux chrétiens le droit de dominer tout ce qui est sur terre. C'est une idéologie d'exploitation de la nature et des animaux, comme le prescrit la Bible : 

"Puis Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre." (Genèse 1:26).

Une variante encore plus extrême du dominionisme est le Mandat des 7 Montagnes. Dans cette mouvance, les chrétiens sont appelés à dominer 7 pans clés de la société (religion, arts, médias, affaires, gouvernement, famille et éducation) afin de favoriser la 2e venue du Christ.

L'objectif du Mandat des 7 Montagnes est d'accaparer tous les pouvoirs, "non pas par la violence, mais en dévoyant la démocratie. Peu importe comment. Tous les coups sont permis, y compris la manipulation et la désinformation", précise Stéphanie Lamy qui est chercheuse et spécialiste des guerres de l'information.

"Pour dominer, écrit Stéphanie Lamy, c'est-à-dire imposer leurs normes dans les 7 champs clés (l'économique, civique, familial, religieux, médiatique, l'éducation, divertissement), cela nécessite une certaine coordination entre acteurs. Aux US, par exemple, le Council for National Policy (CNP).

Le CNP fut créé en 1981, mais avant cela, les précurseurs aux organisations membres du CNP se sont opposées à l'interférence de l'État fédéral, notamment à partir du New Deal.

Les fondamentalistes chrétiens, les industries extractives (Frères Koch, etc.) et les libertariens se sont consolidés pour avancer un agenda commun, celui du mandat soi-disant "divin" d'exploiter la terre et combattre "le communisme" puis le progressisme.

C'est une consolidation du pouvoir entre les mains des plus nantis et les plus extrémistes. En Europe il y a une mise en pratique du dominionisme par la famille Laarman, proche de Bill Bonner, l'un des directeurs de la (très conspirationniste) John Birch Society, fondée par Tim LaHaye.

Une autre mise en pratique d'un des pans du dominionisme en Europe est à travers de l'ensemble des organisations "familialistes", sous la bannière du World Congress of Families (financé, entre autres, par les fondamentalistes US et le Kremlin).

Steve Bannon a, lui aussi, tenté de monter une organisation de coordination au niveau du parlement Européen, The Movement, qui a contribué à faire percer la fasciste Giorgia Meloni.

Et c'est d'ailleurs plutôt à échelle des instances EU (qu'ils perçoivent comme l'équivalent du gouvernement fédéral US) qu'opèrent les dominionistes. Comme par ex. le ECLJ :

L'un des acteurs de la société INcivile les moins connus, Grégor Puppinck, directeur du European Centre for Law and Justice (ECLJ), l'un des bailleurs de fond des mouvements "ordre naturel" en Europe émanation de l'organisation fondamentaliste American Center for Law & Justice (ACLJ, CNP). Au dernier rassemblement des forces illibérales internationales (Transatlantic Summit, Political Network for Values), il explique que les droits humains ne servent plus à assurer une vie digne, mais pour imposer des "valeurs gauchistes à des pays qui les refusent"."

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BONUS 

Ces évangéliques derrière Donald Trump

Les chrétiens blancs évangéliques dits "nés de nouveau" ont joué un rôle considérable dans l’élection de 2016 en votant à 81% en faveur de Donald J. Trump.

Pour la frange charismatique proche du pouvoir politique, le président Trump représente le seul espoir pour l’Amérique. On le compare même parfois au roi perse Cyrus le Grand, libérateur choisi par Dieu pour l’affranchissement du peuple juif au VIe siècle avant notre ère.

Selon André Gagné, trois idées centrales ont contribué à l’émergence du charismatisme en politique aux États-Unis : 

- Le dominionisme (l’idée selon laquelle les chrétiens sont appelés par Dieu à exercer leur autorité sur tous les aspects de la société par le contrôle des institutions politiques et culturelles), 

- Le combat spirituel (la lutte contre le diable*),  

- L’eschatologie (la doctrine de la fin du monde).


*) Depuis quelque temps, le diable est partout : showbiz, Eurovision, cérémonies des JO, réseaux sociaux, médias alternatifs...  Cette démonologie anxiogène prépare-t-elle l'arrivée d'un "Sauveur" et d'un régime théocratique dirigé par les ultra-riches ?
 


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