Le 14 septembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est exprimée pour la troisième fois devant le Parlement européen sur l'état de l'Union européenne. Elle a commencé son discours - en faisant référence à l'Ukraine et à la Russie - par une phrase clé. Si nous considérons cette phrase sous un autre angle, le script alternatif du discours se déroule presque de lui-même.
Chères Européennes, chers Européens !
Il s’agit d’une guerre contre notre sécurité énergétique, contre notre économie, contre nos valeurs et contre notre avenir.[1]
Nous, les hauts représentants de la Commission européenne, avec le soutien d’une bonne partie des gouvernements des États membres, avec la tolérance du Parlement européen, avons lancé cette guerre et la menons sans compromis.
Nous agissons en tant que vassaux des États-Unis d’Amérique, en tant qu’auxiliaires de la haute finance, de l’industrie de l’armement, de l’industrie pharmaceutique et de l’industrie numérique. Et, oui, nous sommes fiers d’avoir enfin ramené la guerre en Europe, 80 ans après la Seconde Guerre mondiale et 30 ans après la guerre des Balkans !
Car que nous importe notre histoire commune ? Que nous importe le fait de partager un continent avec la Russie ?[2] Nous avons un autre agenda à remplir, et c’est de transférer la souveraineté des États aux banques et à la technostructure. Nous avons déjà bien avancé dans ce domaine.
Suite à la crise financière de 2008 et à la crise de l’euro qui s’en est suivie, suite à la crise migratoire de 2015 et à la crise de Corona, les États européens ont heureusement déjà perdu une telle part de leur souveraineté étatique qu’ils ne veulent plus se soustraire à la pression de contrôle du secteur bancaire et financier international. C’est donc avec plaisir qu’ils soutiennent les mesures qui servent ce secteur et ses objectifs. Nous soutenons cela en mettant en œuvre les sanctions économiques les plus sévères de tous les temps et en ne laissant aucun doute sur le fait qu’elles seront permanentes.
Mesdames et Messieurs !
Notre objectif commun doit être de découpler la politique monétaire des États membres et de livrer les États aux institutions qui ont pris en charge à leur place la gestion de la politique monétaire et financière. Un État souverain économiquement performant génère des excédents grâce à son action publique. Il faut que cela cesse définitivement ! Car seuls les États surendettés qui ne génèrent plus d’excédents perdent effectivement leur souveraineté étatique. Nous avons déjà obtenu de bons résultats avec la Grèce et l’Italie, d’autres États suivront, j’en suis sûr. Au début de l’année, les États de la zone euro étaient déjà endettés à hauteur de 13 billions d’euros, ce qui correspond au montant de la performance économique des États concernés. Continuez comme ça ! Selon une étude de l’Institut de l’économie allemande, la France, l’Espagne et l’Italie peuvent s’attendre à un endettement supplémentaire d’ici 2041.[3]
Mesdames et Messieurs les Députés !
Notre engagement en Ukraine nous permet même d’accélérer ce processus, grâce au soutien altruiste de nos amis américains. La situation économique de l’Ukraine était déjà loin d’être stable ces dix dernières années. Avant même février 2022, il était clair que cet État „en décomposition exemplaire“ pourrait être le prototype d’une restructuration complète par la technostructure.
Les États membres ont donc soutenu ces efforts de la Banque mondiale, du FMI et de la BEI à hauteur de 19 milliards d’euros à ce jour, sans compter le soutien militaire. Et je ne peux que rassurer nos amis ukrainiens ici et maintenant : L’intransigeance avec laquelle vous mettez en œuvre l’agenda transatlantique est pour nous à la fois un modèle et une mission. Nous sommes à vos côtés et ne pouvons qu’apprendre de vous !
Toutes ces mesures, Mesdames et Messieurs, alimentent l’endettement, et c’est une bonne chose ! À la fin du quatrième trimestre 2021, le ratio de la dette publique par rapport au PIB était de 95,6% dans la zone euro et de 88,1% dans l’UE.[4] La Russie, en revanche, se trouve dans une situation pitoyable, avec une dette publique d’environ 20% ![5] Mais Poutine et sa directrice de la banque centrale ne veulent manifestement pas qu’il en soit autrement.
J’ai dit au début que nous menions une guerre contre notre sécurité énergétique. Cette mesure est importante et juste, car elle profite à ceux qui en ont le plus besoin aujourd’hui, c’est-à-dire les groupes énergétiques et la haute finance internationale. Car ce n’est que lorsque l’inflation crève le plafond que le système financier international peut assurer sa domination et sa souveraineté mondiales.
En partant des États-Unis, la haute finance a (encore) deux atouts en main pour assurer son hégémonie mondiale et éliminer la concurrence avant qu’elle ne devienne dangereuse. Il y a d’une part le dollar américain, qui est toujours une monnaie de réserve importante. D’autre part, il y a le contrôle du système SWIFT. Cette suprématie est toutefois menacée par deux évolutions : d’une part, par les énormes quantités d’argent qui se trouvent actuellement sur le marché – les experts parlent de cinq à six fois la création de valeur mondiale actuelle. D’autre part, c’est la concurrence des crypto-monnaies qui préoccupe de plus en plus la haute finance.
C’est là que nous intervenons, Mesdames et Messieurs, car nous considérons que notre tâche la plus noble est de tout mettre en œuvre pour assurer l’hégémonie mondiale de la technostructure. Nous avons déjà sacrifié nos banques nationales à cet objectif, mais cela ne suffit pas !
Nous avons besoin d’un “crash” contrôlé artificiellement, qui permette à la haute finance d’imposer ses intérêts de la manière la plus contrôlée possible. La réduction de l’énorme masse monétaire n’est possible que par une forte inflation et – en lien avec celle-ci – une dévaluation de la monnaie. Comment obtenir une forte inflation le plus rapidement possible ? Par les moyens d’un endettement public élevé, par des prix élevés de l’énergie et par une crise de l’approvisionnement !
Nous avons déjà veillé, avec les États membres, à ce que l’endettement soit élevé pendant la pandémie de Corona. Mais comme nous voulons atteindre une inflation aussi élevée que possible, nous avons besoin d’une explosion des prix de l’énergie et d’une véritable crise d’approvisionnement. Sous le titre “Guerre en Ukraine” et “Transition énergétique”, nous unissons nos forces afin d’assurer ainsi le contrôle de la haute finance sur l’Europe et d’établir un contrôle numérique complet des flux financiers. Je remercie ici expressément Christine Lagarde – c’est uniquement grâce à ses hésitations persistantes que nous pouvons aujourd’hui regarder fièrement des taux d’inflation aussi élevés, des prix de l’énergie qui explosent et une véritable crise d’approvisionnement. Chaque jour que Christine hésite davantage, nous nous rapprochons un peu plus de notre objectif.
Mesdames et Messieurs, chers Européens, je vous remercie de vos efforts. Nous avons fait nos devoirs, mais un vaste agenda nous attend encore. Ce n’est que lorsque l’économie de l’Europe sera détruite, ses sociétés appauvries et ses structures politiques démantelées que nous pourrons affirmer que nous avons gagné la guerre contre notre avenir. Car soyons honnêtes, le plan Morgenthau n’était pas si mauvais après tout !
[1] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/SPEECH_22_5493
[2] https://m.facebook.com/cpireland/videos/clare-daly-speaking-truthscpofireland-communistpartyireland-imperialism-ukraine-/1189081671629900/
[3] https://www.iwkoeln.de/studien/bjoern-kauder-wie-entwickeln-sich-die-staatsschulden-in-den-suedlichen-eu-mitgliedstaaten-529756.html
[4] https://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/14497745/2-22042022-BP-EN.pdf/90896015-2ac1-081a-2eef-ad8d5f2c0da1
[5] https://www.ifw-kiel.de/de/publikationen/das-ifw-kiel-in-den-medien/2022/05/russlands-staatsverschuldung-ist-geradezu-winzig/
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