Je crois que nos lecteurs auront bien senti combien cette Ukrisis sème le trouble dans les consciences dissidentes, pour choisir de quel côté la vérité à le plus besoin de notre aide, – toujours cette quête de la vérité nommée par nous avec la plus extrême modestie vérité-de-situation. Je parle bien des consciences “dissidentes” ; les autres, les tranquilles, les satisfaites d’elles-mêmes et du temps qui va, gobent tout ce que la presseSystème & affidés leur déverse à grandes pelletés. On laisse ceux-là de côté, à leur destin sans malice ni cas de conscience.
J’observe l’aspect américaniste de la dissidence parce qu’elle est incontestablement la “mère de toutes les dissidences” sur l’internet, – cela, de façon logique, puisque cette activité est apparue alors que le véritable visage de la subversion totale de l’américanisme se dressait devant nous, passé abruptement l’épisode communiste réduit à poussières diverses. C’est chez eux, aux États-Unis, aujourd’hui en temps d’Ukrisis, que se manifeste le plus durement, d’une façon souvent déchirante, ce trouble des consciences. Michael Brenner nous a parlé il y a peu de ce problème qui est à la fois un dilemme et sujet de terreur, – « La dissidence américaine dans les ténèbres », – et nous parlant aussi de ce poids terrible de ceux qui prennent le risque d’en avoir pleine conscience et de ne pas désarmer, de rester lucide, de ne céder en rien à la tentation du Système, – comme on dit “la tentation du Diable”, avec la menace de la dépression ou de la folie, ou de la solitude meurtrière :
« Impression qu’être critique et sceptique ce n’était plus engager un dialogue mais lancer ses opinions et ses pensées dans une sorte de vide... En effet, un vide parce que le discours tel qu’il s’est cristallisé et auquel je suis confronté est non seulement uniforme et impénétrable d’une certaine manière, mais il est à bien des égards insensé, dépourvu de toute sorte de logique interne, que l'on soit d'accord ou non avec les prémisses et les objectifs formellement énoncés.
» En fait, j’ai découvert que c’est un nihilisme intellectuel et politique. Alors, on ne peut apporter aucune contribution pour essayer de corriger cela simplement par des moyens conventionnels. J'ai donc senti pour la première fois que je ne faisais pas partie de ce monde... »
Aussi, je crois qu’il est nécessaire de rendre hommage à ce site où Michael Brenner a parlé, parce que c’est sans doute l’un des plus anciens sites politiques de l’internet, et certainement le premier dissident “historique” à cet égard ; et il est toujours là, sur la première ligne de la bataille, sans céder d’un pouce, s’étant trouvé de dignes continuateurs à son fondateur Robert Parry, mort en 2019.
L’occasion, c’est une intervention du rédacteur-en-chef et responsable rédactionnel du site, successeur de Parry, Joe Lauria qui parlait hier au 54ème “PEN International Writers for Peace Committee”, à Bled, en Slovénie. Lauria parle aussi bien des débuts de ‘ConsortiumNews’, de ses ennuis très récents (Paypal a fermé le compte du site), que de son rôle dans l’Ukrisis et du récit complet de cette crise depuis les origines de la séquence, avec diverses indications complémentaires et une vision générale de l’effort de censure dirigée contre la dissidence.
Je trouve cette intervention particulièrement remarquable, – remarquablement bien informée, remarquablement libre dans son esprit, et même remarquablement objective au milieu du torrent de boue et d’excréments puants et ripolinés que suscitent les mensonges de la désinformation et de l’embrigadement de nos “États” qui se targuent d’être “démocratiques”. C’est un texte qui est, pour l’esprit, une sorte d’exorcisme contre ce qui représente aujourd’hui ce qui se rapproche le plus de l’œuvre du Malin. J’éprouve un secret bonheur à croire que ce que dit Lauria vaut aussi pour dedefensa.org.
Je ne connais pas Lauria, il ne me connaît pas. Je crois pourtant qu’une forte solidarité nous unit, un lien mystérieux et puissant. Nous sommes des combattants solidaires dans la “guerre de la communication” qui est livré contre l’esprit humain.
Semper Phi – PhG
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Je suis le rédacteur en chef de ‘ConsortiumNews’ fondé en 1995 par Robert Parry, un journaliste d'investigation de l'Associated Press qui a dévoilé le grands scandales ‘Irangate’ dans les années 1980. Mais AP censura le meilleur du reportage de Bob, sur le rôle de l’officier du Marine Corps Oliver North, qui était alors en poste au National Security Council. Cette fraction du reportage sortit par inadvertance sur le réseau espagnol d’AP. Après une amputation similaire de son travail dans l’hebdomadaire ‘Newsweek’, Parry décida de mettre en place un outil d’action indépendant et lança un “consortium de journalistes” dont les articles avaient également été censurés. ‘ConsortiumNews’ fut mis en ligne cinq jours avant ‘Salon.com’ et des mois avant le ‘New York Times’, le ‘Washington Post’ et d’autres sites internet des plus grands médias. Son objectif était de rendre compte de faits cruciaux laissés de côté par les médias de la presseSystème qui modifient l’information à leur gré, selon la ligne de leurs narrative.
J'étais l’un de ces journalistes dont les articles ont été supprimés au ‘Wall Street Journal’ et j’ai commencé à écrire pour ‘ConsortiumNews’ en 2011. J'ai été correspondant au siège de l'ONU à New York pendant 25 ans pour le ‘Journal’, le ‘Boston Globe’ et d'autres journaux, et j’étais journaliste d'investigation pour le ‘Sunday Times’ de Londres.
Récemment, ‘ConsortiumNews’ est devenu une cible parce que nous rapportons de nombreux faits sur l'Ukraine que les médias de la presseSystème passent sous silence ou déforment de manière délibérée. Des forces puissantes essaient de nous en empêcher.
PayPal a définitivement fermé notre compte, ce qui rend plus difficile pour nous de recevoir des dons de nos lecteurs et téléspectateurs, qui seuls nous financent. Nous n’acceptons pas un sou d’aucun gouvernement, entreprise ou annonceur. PayPal ne nous a pas dit pourquoi il a fermé notre compte. Mais, enfouies dans l'accord d'utilisation, se trouve la liste des activités restreintes, notamment la fourniture d’« informations fausses, inexactes ou trompeuses ». Comme la seule chose que nous échangeons ce sont des informations, il y a fort à parier que c’est la cause de la sanction prise contre nous. PayPal n’est pas d’accord avec notre couverture de l’actualité, et très probablement en particulier sur l'Ukraine, et il essaie de nous faire mal financièrement.
Il y a plus. Une société privée nommée ‘NewsGuard’, au conseil d'administration de laquelle siègent un ancien directeur de la CIA et de la NSA, un ancien directeur du Département de la sécurité intérieure et un ancien secrétaire général de l'OTAN, a également des partenariats avec le Pentagone et le Département d'État. ‘NewsGuard’ a entamé une “révision” de notre site d'actualités.
Lors de leur premier contact, avant que nous ayons eu la chance de répondre, ‘NewsGuard’ nous a accusés de publier du « contenu faussaire ». Ils exigent que nous corrigions plusieurs de nos articles. Cela s'est produit après que trois de nos collaborateurs aient vu leurs comptes Twitter fermés.
Que se passe t-il ici ?
Beaucoup dans cette salle pourraient ne pas être d'accord avec moi. Mais c'est tout l'intérêt de la liberté d'expression et d'une presse libre. Vous n'êtes pas obligé d'être d'accord. Mais personne ne devrait essayer d'arrêter quelqu'un à cause de cela.
Ce que nous avons fait dans nos articles, c’est rendre compte des causes de cette guerre. Les historiens s'accordent à dire que les conditions onéreuses imposées à l'Allemagne dans le Traité de Versailles ont été à l'origine de la montée du nazisme et de la Seconde Guerre mondiale. Ils ne cherchent pas d’excuses pour l'Allemagne nazie, ils essaient simplement d'expliquer pourquoi la guerre a commencé. J'ai écrit dans ‘ConsortiumNews’ que l’invasion russe était illégale en ce qu'elle violait la Charte des Nations Unies. Il n'y avait aucune autorisation du Conseil de sécurité pour cela. Malheureusement, le sens du droit international a été dégradé par des violations en série par les États-Unis, à travers de nombreux coups d'État et invasions depuis la Seconde Guerre mondiale. Un argument en faveur de l'invasion russe pourrait être basé sur la théorie de la guerre juste développée avant l’ONU par Saint Augustin et Saint Thomas d’Aquin, ce qui explique peut-être pourquoi le pape a rappelé que l'OTAN l’avait indirectement provoquée. Allons-nous essayer de faire tomber le pape maintenant pour « désinformation » ?
J'ai également écrit le 4 février que les États-Unis tendaient un piège à la Russie en Ukraine, comme ils l’ont fait pour Saddam Hussein en Irak et pour l'Union soviétique en Afghanistan. Zbigniew Brzezinski a admis dans un article de magazine français en 1998 [dans ‘Le Nouvel Observateur’] qu'un piège avait été tendu pour faire tomber l'URSS. Deux jours après l'invasion russe en février, Hillary Clinton est allée à la télévision et a déclaré que le modèle afghan des années 1980 est ce que les gens de Washington envisagent pour l'Ukraine.
Ne soyons pas dupes. Les États-Unis ne se soucient pas vraiment du peuple ukrainien, comme nous le devrions tous, tout comme ils ne se soucient pas des Irakiens, des Afghans, des Panaméens, des Yéménites, la liste est longue. En tant que commentateurs, nous devrions également être aux côtés des civils dans tous ces pays attaqués par les États-Unis.
L'intérêt américain est de renverser Vladimir Poutine. Biden l’a dit en Pologne et également lors de sa conférence de presse du 24 février lorsqu'il a déclaré que les sanctions n'avaient jamais été destinées à arrêter l'invasion mais à amener le peuple russe à se soulever contre Poutine. Les États-Unis avaient un président docile en Boris Eltsine, lorsque Wall Street est intervenu après la chute de l'URSS pour dépouiller les industries d'État, s'enrichir et appauvrir le peuple russe.
Poutine a mis un terme à tout cela. Il a dénoncé l'agression unilatérale américaine dans son discours au Conseil de sécurité de Munich en 2007, mais il voulait toujours être partenaire de l'Occident. Il a même demandé à Bill Clinton si la Russie pouvait rejoindre l’OTAN. Poutine est devenu un homme marqué après cela. Le provoquer à envahir l'Ukraine a permis aux États-Unis de lancer leur guerre économique, de l'information et par procuration par le biais de transferts massifs d'armes.
Poutine a peut-être rêvé de reconstituer Novorossiya en Ukraine. Mais il ne pouvait pas le faire sans que les États-Unis ne lui en donnent l’occasion. La façon dont les États-Unis ont procédé justifie absolument un rapport sur les causes de la guerre.
Le premier était l'expansion de l'OTAN vers l'Est, malgré les promesses faites à Gorbatchev. Les autres causes étaient le coup d'État soutenu par les États-Unis en 2014, la guerre civile de 8 ans contre les résistants au coup d'État dans le Donbass, la non-application des accords de Minsk, l'échec de l'Occident à prendre au sérieux les propositions de traité de la Russie en décembre pour un nouveau l'architecture de sécurité en Europe, et la dernière cause est le rôle très influent des néo-nazis, dont le régiment Azov, qui fait partie de l'armée d'État ukrainienne. Les médias grand public ont fait état du néonazisme en 2014, mais cela s'est soudainement arrêté. Le Conseil de l'Atlantique, probablement le groupe de réflexion le plus anti-russe au monde, a rendu compte de la menace néo-nazie il y a à peine deux ans, affirmant que leur vote de 2 % au parlement était trompeur.
Les États-Unis travaillent avec les fascistes ukrainiens depuis 1949, lorsque Mykola Lebed, un dirigeant des fascistes de Stepan Bandera qui avait massacré des centaines de milliers de Juifs et de Polonais pendant la Seconde Guerre mondiale, avait été amené à New York pour mener un sabotage contre l'URSS en Ukraine. Aujourd'hui, les statues de Bandera sont partout en Ukraine.
Les grands médias ont fait état du rassemblement de troupes russes à la frontière en hiver, mais pas des 60.000 soldats ukrainiens sur la ligne de contact du Donbass. C'était comme décrire un échiquier avec seulement des pièces noires.
Toutes ces causes de la guerre sont omises des reportages des médias occidentaux sur l'Ukraine. Comme l'a dit le dramaturge Harold Pinter, qui a donné son nom au prix PEN Pinter, « la manipulation du pouvoir par l'Amérique dans le monde entier, tout en se faisant passer pour une force pour le bien universel, [est] un acte d'hypnose brillant, voire plein d'esprit, très réussi [signifiant ] que cela ne s'est jamais produit. Rien n'est jamais arrivé. Même pendant que cela se produit, cela ne se produit pas. Cela n’a pas d'importance. Il n’y rien sur quoi enquêter. »
Omettre les principales causes de l'invasion russe brosse un tableau totalement différent de ce qui se passe. C'est ce que les dirigeants et les médias occidentaux veulent vous faire croire. Et si une organisation médiatique essaie de rapporter ce qui est omis, pour donner une image plus complète, nous savons maintenant que les gouvernements occidentaux vous poursuivront en violation de tous les principes de la liberté d'expression et de la liberté de la presse.
Regardez ce qui est arrivé à Assange pour avoir rapporté ce que les États-Unis ont fait et ce que les médias d'entreprise ont omis de rapporter. La presseSystème dissimule régulièrement les crimes de l'empire américain, les crimes mêmes qu'Assange a révélés. D’une façon totalement illégale, l’establishment s'en prend maintenant à de plus petits acteurs comme ‘ConsortiumNews’, pour avoir osé rapporter ce que la presseSystème passe sous silence.
La vague croissante de censure avec l'Ukraine est utilisée comme excuse et cela empire. Auparavant, le gouvernement américain faisaient pression sur les médias sociaux pour qu’ils stoppent les narrative avec lesquelles il n'était pas d’accord. Désormais, il est directement impliqué, créant un Conseil de gouvernance de la désinformation sous la direction du Département de la Sécurité Intérieure, pour contrôler les médias. Woodrow Wilson a échoué d’une voix au Sénat américain en 1917, pour la légalisation de la censure directe du gouvernement malgré le premier amendement. Maintenant, son rêve se réalise.
Avant cette nouvelle phase dangereuse de la censure officielle, nous étions juste insulté et traité de marionnettes de Poutine et de larbins du Kremlin. Désormais, des efforts sont en cours pour éradiquer la moindre étincelle de dissidence, de peur qu’elle n’allume un feu de vérité. Le gouvernement américain exige un contrôle total du récit. Le mot total est dans “totalitarisme”.
Nous, Occidentaux, devons comprendre ce qui nous arrive au milieu de cette hystérie guerrière. Nous devons analyser rationnellement cette crise. Nous ne pouvons pas accepter la censure de la presse, peu importe ce que nous pensons de la guerre en Ukraine. Il y a des gens irresponsables dans les médias qui appellent à une guerre directe avec la Russie et d'autres qui pensent qu'une guerre nucléaire peut être gagnée. La folie doit cesser. Et la presse doit rester libre de développer une information plus complète, quoi qu'en pensent les gouvernements.
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