Spiked est un média britannique en ligne, créé en 2000, indépendant d'esprit, libertarien, sans que ses détracteurs s'accordent pour savoir s'il est de droite ou de gauche.... Spiked a surtout été un des médias les plus actifs pour faire aboutir le Brexit et il reste très impertinent envers le gouvernement britannique; mais récemment, c'est au gouvernement français qu'il s'en est pris. C'est méchant pour Emmanuel Macron et l'actuelle diplomatie française, drôle et en plein dans la cible. Le Courrier des Stratèges vous en livre les meilleures formules.
Il est temps pour la France de devenir adulte !
Si vous êtes un amateur du célèbre livre de Stephen Clarke, Thousand Years of Annoying the French, vous raffolerez de l’article publié par Fraser Myers, le rédacteur en chef adjoint de Spiked intitulé “It’s time for France to grow up!”, “Il est temps pour la France de devenir adulte!”. Avec une photo de notre président bien-aimé en tête d’article, il ne fait aucun doute que Jupiter est dans la ligne de mire, un Jupiter plus proche d’Offenbach (“La Belle Hélène”) que d’Homère. Qu’on en juge:
“On pourrait vous pardonner d’avoir oublié que le français était autrefois la langue mondiale de la diplomatie. Ce grand art d’apaiser les tensions semble s’être perdu en route récemment. Aujourd’hui, le gouvernement français apporte un bidon d’essence à chaque fois qu’il y a un incendie. Il réagit à chaque conflit potentiel en faisant monter la rhétorique, en se lançant dans des guerres de mots et en proférant des menaces intempestives. Même la plus petite plaisanterie diplomatique suffit à faire fuir les fonctionnaires français, qui partent en boudant.”
Evidemment, le prétexte de l’article est le n-ième affrontement rhétorique franco-britannique de ces dernières semaines:
“La dernière crise de colère de la France est survenue après la lettre de Boris Johnson au président Macron à la suite des horribles noyades dans la Manche. Furieux de cette lettre, le gouvernement français a retiré son invitation à la ministre britannique de l’intérieur, Priti Patel, à discuter de la crise de la Manche avec d’autres partenaires européens. La réunion a eu lieu (…), mais sans la participation britannique, alors que le Royaume-Uni est clairement la principale partie prenante”.
Pour autant, le média britannique n’est pas forcément louangeur de la manière dont Boris Johnson a réagi pendant cette crise:
“Le gouvernement britannique n’est certainement pas sans reproche. Son insistance répétée sur le fait que la catastrophe de la semaine dernière s’est produite dans les “eaux françaises” est peut-être techniquement correcte, mais ce n’est pas exactement le langage le plus délicat à utiliser lorsque vous cherchez une solution commune à une crise. Plus généralement, la France a raison de soupçonner Johnson de vouloir externaliser les reproches et les responsabilités.”
Mais ce qui intéresse plus l’auteur, c’est de voir comme Paris s’est indignée de la diplomatie des réseaux sociaux que, pourtant, la diplomatie française pratique ces derniers temps:
“Les
Français, pour leur part, sont aussi agacés par la manière dont la
lettre a été rendue publique – notamment par le fait qu’elle a été
publiée sur Twitter – que par son contenu. Nous ne communiquons pas sur
ces questions par des tweets”, a déclaré le président Macron.
Cette
critique serait juste si les responsables français n’étaient pas aussi
peu diplomates ces derniers temps, y compris sur Twitter. Il y a deux
semaines, Jean-Yves Le Drian, ministre français des affaires étrangères
et chef du corps diplomatique, a dénoncé Johnson à la télévision
française comme un “populiste” qui “utilise tous les éléments à sa
portée pour rendre les autres responsables des problèmes qu’il rencontre
chez lui”. Pour ne rien arranger, ses remarques brutales ont été
tweetées, en anglais, par le compte Twitter officiel du corps
diplomatique français”.
Un diagnostic sans appel
Le lecteur français souffre de voir l’abaissement de la réputation de son pays mais, comment ne pas donner raison à Fraser Myers, quand il écrit:
“Mais il n’y a pas que le Royaume-Uni que la France est heureuse de prendre de haut. Après l’annonce de l’accord de défense Aukus entre le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie, la France a retiré ses ambassadeurs des États-Unis et de l’Australie (elle a délibérément exempté la Grande-Bretagne de cette sanction en guise de camouflet). Macron est allé jusqu’à traiter le Premier ministre australien Scott Morrison de menteur. Qu’est-il arrivé au tact, à la retenue, à la persuasion [de la diplomatie française] ?”
Et l’auteur finit par deux paragraphes ciselés (les passages en gras sont de notre choix):
“Macron a été un jour salué comme le meilleur espoir de l’Europe pour un centrisme raisonnable dans une ère de populisme supposé brûlant. Il était censé être l’anti-Trump. Pourtant, il ne cesse de jeter ses jouets hors du landau lorsqu’il n’obtient pas ce qu’il veut sur la scène internationale. C’est l’un des nombreux grands paradoxes du leadership technocratique. Souvent, ceux qui prétendent gouverner sur la base de la compétence, en suivant la science et les preuves, sont en pratique souvent hystériques et émotifs. Cela montre également à quel point la guerre des cultures s’est mondialisée – Macron, l’archi-technocrate, se sent sans doute obligé d’entrer en conflit avec le “populiste” Johnson.
La détérioration des relations franco-britanniques est une tragédie. Il est encore plus triste que la diplomatie française, autrefois réputée, cède la place à des crises de colère sans fin. Il est vraiment temps pour la France de grandir“
Voilà qui est envoyé !
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