La course à l’espace dure depuis des décennies. Bien que ces pays aient des objectifs différents. La Russie a déclaré à plusieurs reprises que l’espace n’est pas un lieu pour une course aux armements, mais les États-Unis s’efforcent de dominer l’espace militairement, impliquant de plus en plus de leurs alliés dans cette course.
Comme le rappelle la publication américaine SpaceNews, c’est le Pentagone qui « a déclaré que l’espace était un domaine de combat » et « les généraux et les cadres de l’industrie spatiale se préparent à défendre l’ultime terrain de jeu. »
Le maréchal en chef de l’air britannique, Sir Mike Wigston, jette une fois de plus de l’huile sur le feu, sur ordre de Washington, avec une autre fausse campagne sur le prétendu danger de la présence de la Russie et de la Chine dans l’espace. Et sous couvert de cette campagne d’information, on assiste à l’ouverture du quartier général du Space Command sur la base de la Royal Air Force à High Wycombe, près de Londres, où les militaires britanniques collaboreront avec les États-Unis pour élaborer des plans de militarisation de l’espace.
En juin 2020, le Pentagone a rédigé une doctrine sur l’utilisation d’armes dans l’espace sous le prétexte d’une prétendue » importante menace « de la part de la Russie et de la Chine. Dans le même temps, la proposition de Moscou et de Pékin de préparer un traité international sur le non-déploiement d’armes dans l’espace a été déclarée « une mauvaise idée » par les États-Unis.
Pendant ce temps, sans tenir plus compte des États-Unis, la Russie et la Chine élaborent d’autres plans – pour une base lunaire conjointe pacifique appelée International Lunar Research Station (ILRS). Ce projet est un autre exemple du développement rapide de la coopération russo-chinoise et un défi direct au programme américain d’exploration lunaire. « Il y a plus de 60 ans, des personnes courageuses ont commencé à explorer la Lune », peut-on lire dans le message vidéo russo-chinois, ajoutant que « aujourd’hui, nous faisons preuve d’un courage et d’une détermination encore plus grands et d’objectifs plus ambitieux. » Ce projet Russo-chinois d’envoyer leurs astronautes sur la lune au cours de la prochaine décennie est étonnamment ambitieux. Il s’agit d’un projet en trois étapes. De 2021 à 2025, la première étape comprend l’envoie d’au moins six missions robotisées sur la Lune, dont la responsabilité sera partagée à parts égales entre la Chine et la Russie. Elles ont pour but d’explorer les futurs sites d’alunissage et de faire des relevés. Dans le cadre de l’étape suivante, de 2026 à 2035, les parties se concentreront principalement sur les livraisons de matériaux, la construction ainsi que sur la création d’objets en orbite lunaire et à la surface de la lune. La dernière étape devrait débuter en 2036, pour que des opérations régulières, telles que l’exploration lunaire et des essais technologiques, puissent avoir lieu. Toutefois, il est possible que le calendrier prévu soit considérablement raccourci, compte tenu de l’expérience et du savoir-faire pratique considérables que possèdent déjà la Russie et la Chine. Il s’agira donc du plus grand projet conjoint dans l’espace entre la Chine et la Russie, qui s’inscrit pleinement dans la tendance générale de coopération russo-chinoise dans les domaines économique, militaire et diplomatique.
Les plans de la Russie et de la Chine concernant le projet ILRS vont de pair avec le programme Artemis, placé sous les auspices de la NASA, qui prévoit d’envoyer des astronautes américains sur la Lune en 2024 et d’assurer la présence à long terme des États-Unis sur la surface de la Lune au cours de la prochaine décennie. Dans le même temps, la NASA travaille avec le Japon, le Canada et l’Agence spatiale européenne au développement de la plate-forme orbitale lunaire (Lunar Orbital Platform-Gateway), qui est censée être une zone de transit pour les équipages spatiaux se rendant dans les futures stations basées à la surface de la Lune.
De leur côté, la Chine et la Russie ont également déclaré que l’ILRS était ouvert à la participation de partenaires internationaux, dont la NASA. Les deux pays travaillent également sur un « cadre juridique spécifique » pour l’exploration lunaire. « L’ILRS est ouvert à tous les partenaires internationaux intéressés par une coopération dans la planification, la justification, la conception, le développement, la mise en œuvre et l’exploitation de l’ILRS, le renforcement des échanges en matière de recherche et la promotion de l’exploration et de l’utilisation pacifiques de l’espace au profit de l’humanité tout entière », ont déclaré Roscosmos et l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA) dans un communiqué commun. Le document souligne que les parties accueillent favorablement les contributions tangibles et intangibles des partenaires internationaux pour coopérer à la mise en place de l’ILRS dans tous les aspects de la mission et à chaque étape, et sont convaincues que la coopération sera mutuellement bénéfique à tous les participants.
La bataille pour la Lune bat son plein, et la Russie et la Chine sont de sérieux concurrents des États-Unis. Bien que la Russie et la Chine aient déclaré que leur projet commun était également ouvert à d’autres pays, il est peu probable que les alliés de Washington acceptent d’y participer. Mais ils ne sont pas les seuls. Bien sûr, il serait plus raisonnable de développer l’espace ensemble – pour tous les pays qui peuvent le faire. De même que de chercher ensemble un remède au coronavirus ou à d’autres maladies dangereuses. Mais, hélas, les Américains ne sont pas habitués à la coopération, préférant mettre des bâtons dans les roues des projets des autres et ne mettre en œuvre que des programmes établissant sa prédominance.
Dans le cadre des succès spatiaux chinois, le directeur adjoint de l’Agence spatiale chinoise habitée, Ji Qiming, a récemment déclaré que la Chine était confiante quant aux perspectives d’élargissement de la coopération avec la Russie dans l’espace à de nombreux domaines. « Je pense que la Chine et la Russie déploieront bientôt une coopération sur encore plus de projets dans l’espace », a souligné Ji Qiming, ajoutant que Pékin « explore les possibilités de contribuer encore davantage au développement de l’exploration spatiale mondiale avec la Russie. »
« La Russie et la Chine, avec la signature d’un mémorandum qui lance les plans de construction d’une station internationale de recherche lunaire, soit à la surface de la Lune, soit en orbite, ont annoncé une nouvelle ère de coopération spatiale entre les deux pays », ont noté les médias français.
Cependant, les risques que l’espace devienne une zone de conflit ont récemment pris une forme très réelle. « Cela ne peut être autorisé », a déclaré le directeur du département du ministère des affaires étrangères pour la non-prolifération et le contrôle des armements, Vladimir Ermakov, dans une déclaration lue le 7 octobre lors de la réunion de la première commission de l’Assemblée générale des Nations unies. « Plusieurs États membres de l’ONU poursuivent la voie du placement d’armes dans l’espace, de l’augmentation des capacités d’utilisation de la force (cinétique et non cinétique) contre des objets spatiaux, et de l’utilisation de l’espace pour des opérations de combat afin d’obtenir une supériorité militaire », peut-on notamment lire dans la déclaration. À cet égard, la Russie a soumis à la Première Commission de l’Assemblée générale des Nations unies plusieurs projets de résolution visant à empêcher que l’espace ne devienne une arène d’hostilités, notamment les clauses « Ne commençons pas à placer des armes dans l’espace » et « Des mesures de transparence et de confiance dans les activités spatiales », ainsi que « Nouvelles mesures pratiques pour la prévention d’une course aux armements dans l’espace ».
Vladimir Danilov
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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