23 avril 2021

Pénuries

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Les difficultés dans les chaînes d’approvisionnement affectent des pans entiers de l’économie, risquant de ralentir la reprise et de réveiller l’inflation.

Pas un constructeur automobile mondial n’est épargné. Des usines sont arrêtées des heures, des journées, voire des semaines entières, dans l’incapacité de pouvoir assembler les véhicules faute de semi-conducteurs en quantité suffisante. Le nombre de ces puces dans une voiture n’a cessé de croître ces dernières années, de 7 à 8% par an selon le cabinet IHS Markit, sans que les constructeurs ne développent de relations étroites avec les différents sous-traitants: un SUV peut en compter une cinquantaine utilisées par exemple dans la motorisation, dans la conduite assistée ou dans les système de freinage ABS. Alors quand ce composant vient à manquer, c’est toute la chaîne de production qui déraille. Jérémie Bouchaud, directeur d’études au cabinet IHS Markit résume : «Une puce à 50 centimes est capable d’arrêter la fabrication d’une voiture à 50000 euros. Construire une puce prend plusieurs mois, assembler une voiture quelques heures.» Selon ses estimations, cette crise a empêché de produire 1,3 million de voitures au premier trimestre et aucune amélioration n’est espérée avant l’été.

Et une autre crise, celle des conteneurs, symbolise le grand désordre mondial

Les premiers signes de surchauffe datent de l’an dernier avec la forte reprise dans plusieurs pays, mais la situation déjà inquiétante s’est détériorée ces dernières semaines après un enchaînement d’accidents paralysant les usines de fournisseurs – une tempête au Texas ou un incendie au Japon. Sans compter la crainte de la pénurie, qui a entraîné des comportements irrationnels, comme le souligne Jérémie Bouchaud: «La demande s’est emballée sous l’effet de la peur du manque. Pour 2021, les fabricants de puces ont reçu des commandes pour équiper 130 millions de véhicules tandis que la prévision de production ne dépasse pas 84 millions!»

L’industrie automobile, qui ne représente que 10% du marché des semi-composants, n’est pas la seule à être déstabilisée. Les fabricants d’ordinateurs, de téléphones mobiles, de consoles de jeux vidéo se débattent avec leurs fournisseurs. Le taïwanais Foxconn, sous-traitant d’Apple notamment, vient de reconnaître qu’il était concerné à son tour et qu’il pourrait réduire de 10% ses livraisons cette année.

Les puces ne sont pas les seules à manquer. Tandis que les prix des matières premières s’envolent, d’autres pénuries sont redoutées. Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), craint l’arrêt des chantiers en pleine phase de reprise : «Depuis quelques semaines, les distributeurs annoncent des hausses de tarifs de 15 à 35 % pour la peinture, le PVC, les métaux non ferreux… Ils ne s’engagent plus désormais ni sur le prix ni sur les délais de livraison du bois et de l’acier. » À Bercy, une réunion a eu lieu avec le BTP et les aciéristes vendredi dernier. «Les prix du coke de fonderie ou du nickel sont à leur plus haut niveau depuis cinq ans, observe-t-on au ministère de l’Industrie. Ces tensions étaient anticipées dans le plan de relance dès l’été dernier, elle devraient être temporaires, car elles s’expliquent par une reprise rapide de la demande en Asie puis aux Etats-Unis et par un démarrage plus lent des capacités de production qui attendaient de la visibilité pour se relancer. Mais nous restons vigilants »

Une autre pénurie, celle des conteneurs, symbolise à elle toute seule le grand désordre mondial actuel. Les 24 millions ne suffisent plus pour répondre à la demande et ne circulent plus avec fluidité. Certains ports se trouvent engorgés. Fabriqués surtout en Chine, ils se vendaient 2 500 dollars pièce en février contre 1 600 un an plus tôt. Le blocage du canal de Suez pendant plusieurs jours n’a rien arrangé. Jerome Powell, le patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), ne laisse aucun espoir sur une amélioration à court terme, il estime qu’il faudrait un an pour adapter et rendre plus efficace la chaîne d’approvisionnement. L’OMC prévoit, elle, une hausse des échanges commerciaux de 8% cette année.

Source :  https://www.parismatch.com/Actu/Economie/L-ere-des-penuries-1733680

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