Le navire "Juventa" qui vient en aide aux migrants en Méditerranée est accusé d'entretenir des rapports troubles avec les passeurs.
On connaît les raisons de la mise sous séquestre du navire "Juventa", le 28 juillet à Lampedusa (Sicile) : une "taupe" infiltrée a dévoilé les liens douteux qu'entretient ce navire sauveur de migrants, et appartenant à l’ONG allemande "Jugend Rettet ", avec les passeurs.
Certaines ONG qui opèrent au large de la Libye et qui transportent dans les ports italiens des centaines de Maliens, Nigérians, Syriens (95.811 depuis le début de l’année) étaient déjà soupçonnées d'entretenir des rapports douteux avec les passeurs. Cette fois, les rapports de collaboration et de complicité – jamais commerciaux – ont été confirmés par cette "taupe" italienne qui a pu embarquer à bord du navire de l'organisation "Save the children".
Des contacts "bizarres"
Luca B., 45 ans, est un policier expert en plongée sous-marine et spécialiste du secours en mer. Il s’est confié au "Corriere della sera" ce vendredi 4 août. Ses photos ont permis de retracer le trafic d’êtres humains et ont dévoilé la complicité de certaines ONG avec des réseaux de passeurs.
Tout commence il y a six mois lorsque le SCO, le Service central opérationnel, sorte de préfecture de police nationale, est alerté par l’organisation "Save the children" de contacts "bizarres" entre le bateau "Juventa" et les bateaux des passeurs libyens. Luca B. est sollicité et accepte de monter sous couverture à bord du navire "Vos Hestia" de "Save the children". Il participe à de nombreuses incursions et de nombreux sauvetages tout en gardant le contact avec ses supérieurs.
Le 18 juin, c’est le tournant. Il raconte : "A l’aube, le 'Vos Hestia" sur lequel je me trouvais et la "Juventa" se croisent en haute mer. Quelques minutes après, s’approche une barque de trafiquants. Elle reste à quelques mètres de la Juventa. Je vois ses hommes qui parlent de façon animée avec les bénévoles. Puis arrive une autre barque qui escorte un canot pneumatique surchargé de migrants."
Luca B. l’infiltré s'empresse alors de prendre des photos, tout en évitant de se faire remarquer. Pendant de longues minutes, il observe les accords passés entre certains sauveurs et les passeurs. Les canots pneumatiques, une fois vidés de leurs passagers, sont aussitôt rendus aux trafiquants au lieu d’être détruits. Ils pourront ainsi resservir pour d’autres transports clandestins.
L'Italie dépassée
Toujours à bord du "Vos Hestia", Luca B. réussit entre autres à tirer de l’eau un bébé nigérian de 15 mois dont la mère était décédée, avant de confier ses films et ses photos aux autorités italiennes. Début août, elles rendent les informations recueillis par la "taupe" publiques. "C’est du matériel fondamental pour notre enquête", a déclaré son supérieur Alessandro Giuliano.
Cette opération d'infiltration met en lumière la redéfinition de la politique italienne en matière d'immigration. Longtemps tolérante et accueillante, l'Italie s'inquiète du flux croissant de migrants déversés dans les ports du Sud par des embarcations de plus en plus nombreuses. Rome se plaint également de la faible solidarité européenne dans cette crise migratoire : ports fermés aux bateaux de migrants et frontières bloquées du coté français, suisse, autrichien et slovène.
L'Italie a donc décidé de prendre les choses en mains. Désormais, elle enquête pour son compte sur les trafics et souhaite contrôler le plus possible les flux vers les côtes italiennes. Le gouvernement italien a même proposé à certains garde-côtes libyens et dix organisations qui opèrent leurs sauvetages en Méditerranée de collaborer. A l'image de "Save the children", certaines ont accepté le protocole mis en place par le ministre de l’Intérieur Marco Minniti qui prévoit la présence à bord de représentants des forces de l’ordre. Luca B., en est la parfaite illustration.
Marcelle Padovani
On connaît les raisons de la mise sous séquestre du navire "Juventa", le 28 juillet à Lampedusa (Sicile) : une "taupe" infiltrée a dévoilé les liens douteux qu'entretient ce navire sauveur de migrants, et appartenant à l’ONG allemande "Jugend Rettet ", avec les passeurs.
Certaines ONG qui opèrent au large de la Libye et qui transportent dans les ports italiens des centaines de Maliens, Nigérians, Syriens (95.811 depuis le début de l’année) étaient déjà soupçonnées d'entretenir des rapports douteux avec les passeurs. Cette fois, les rapports de collaboration et de complicité – jamais commerciaux – ont été confirmés par cette "taupe" italienne qui a pu embarquer à bord du navire de l'organisation "Save the children".
Des contacts "bizarres"
Luca B., 45 ans, est un policier expert en plongée sous-marine et spécialiste du secours en mer. Il s’est confié au "Corriere della sera" ce vendredi 4 août. Ses photos ont permis de retracer le trafic d’êtres humains et ont dévoilé la complicité de certaines ONG avec des réseaux de passeurs.
Tout commence il y a six mois lorsque le SCO, le Service central opérationnel, sorte de préfecture de police nationale, est alerté par l’organisation "Save the children" de contacts "bizarres" entre le bateau "Juventa" et les bateaux des passeurs libyens. Luca B. est sollicité et accepte de monter sous couverture à bord du navire "Vos Hestia" de "Save the children". Il participe à de nombreuses incursions et de nombreux sauvetages tout en gardant le contact avec ses supérieurs.
Le 18 juin, c’est le tournant. Il raconte : "A l’aube, le 'Vos Hestia" sur lequel je me trouvais et la "Juventa" se croisent en haute mer. Quelques minutes après, s’approche une barque de trafiquants. Elle reste à quelques mètres de la Juventa. Je vois ses hommes qui parlent de façon animée avec les bénévoles. Puis arrive une autre barque qui escorte un canot pneumatique surchargé de migrants."
Luca B. l’infiltré s'empresse alors de prendre des photos, tout en évitant de se faire remarquer. Pendant de longues minutes, il observe les accords passés entre certains sauveurs et les passeurs. Les canots pneumatiques, une fois vidés de leurs passagers, sont aussitôt rendus aux trafiquants au lieu d’être détruits. Ils pourront ainsi resservir pour d’autres transports clandestins.
L'Italie dépassée
Toujours à bord du "Vos Hestia", Luca B. réussit entre autres à tirer de l’eau un bébé nigérian de 15 mois dont la mère était décédée, avant de confier ses films et ses photos aux autorités italiennes. Début août, elles rendent les informations recueillis par la "taupe" publiques. "C’est du matériel fondamental pour notre enquête", a déclaré son supérieur Alessandro Giuliano.
Cette opération d'infiltration met en lumière la redéfinition de la politique italienne en matière d'immigration. Longtemps tolérante et accueillante, l'Italie s'inquiète du flux croissant de migrants déversés dans les ports du Sud par des embarcations de plus en plus nombreuses. Rome se plaint également de la faible solidarité européenne dans cette crise migratoire : ports fermés aux bateaux de migrants et frontières bloquées du coté français, suisse, autrichien et slovène.
L'Italie a donc décidé de prendre les choses en mains. Désormais, elle enquête pour son compte sur les trafics et souhaite contrôler le plus possible les flux vers les côtes italiennes. Le gouvernement italien a même proposé à certains garde-côtes libyens et dix organisations qui opèrent leurs sauvetages en Méditerranée de collaborer. A l'image de "Save the children", certaines ont accepté le protocole mis en place par le ministre de l’Intérieur Marco Minniti qui prévoit la présence à bord de représentants des forces de l’ordre. Luca B., en est la parfaite illustration.
Marcelle Padovani
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.