L’ordre monétaire mondial est en train de changer. Lentement mais sûrement, les marchés mondiaux de commerce et de change tournent de moins en moins autour du dollar. Des monnaies qui étaient autrefois marginales, à l’instar notamment du yuan chinois, deviennent au fur et à mesure des concurrents sérieux vis-à-vis du dollar américain et de sa domination économique ainsi que financière.
Pour le moment, et contrairement à ce qu’a affirmé un Jim Rickards par exemple, il ne s’agit pas d’un big-bang, mais d’un processus de moyen terme qui a débuté il y a une dizaine d’années et qui ne s’achèvera pas avant au moins autant de temps pour la simple et bonne raison que le système monétaire international et donc l’économie mondiale ne sont pas en mesure de se passer du dollar sans passer par la case effondrement (catastrophique pour tout le monde).
Logiquement, la « dédollarisation » et la « désaméricanisation » de l’économie mondiale se font ainsi de manière progressive.
Charles SANNAT
L’or pourrait-il aussi commencer à émerger en tant que monnaie de premier plan dans le commerce mondial ? Au fil du temps, il le pourrait, certainement. Mais les implications immédiates pour le rôle monétaire de l’or concernent davantage son accumulation croissante par les banques centrales, à commencer par celle de Chine.
Rappelons qu’à partir du premier octobre 2016, le yuan chinois est entré dans le système des droits de tirage spéciaux (DTS) du panier des monnaies de premier plan du Fonds monétaire international (FMI). De fait, le yuan partage maintenant le statut de DTS avec le dollar américain, l’euro, la livre sterling et le yen japonais.
Avant que le yuan ne devienne officiellement une monnaie DTS, la Banque mondiale a eu l’intention de vendre 2,8 milliards de dollars en obligations de DTS sur les marchés chinois. Le déploiement des obligations de DTS en Chine a commencé le 31 août 2016. Selon Reuters, ce déploiement « fait partie d’une « poussée » plus large en Chine, visant à stimuler la demande vis-à-vis du yuan chinois et, par la même occasion, de diminuer la dépendance relative au dollar américain dans les réserves mondiales ».
Le roi dollar ne sera pas détrôné aussi vite. Mais la place importante qu’il occupait, notamment en tant que monnaie de réserve mondiale, va effectivement diminuer au fil du temps.
L’inclusion de yuan dans le panier des monnaies DTS : un autre pas dans le cadre de la stratégie chinoise de « dédollarisation »
La Chine et la Russie ont des intérêts géostratégiques communs, notamment en ce qui concerne la « dédollarisation ». En ce sens, il est un fait que les deux puissances passent de nombreux accords commerciaux bilatéraux, dans le but particulier de détourner le dollar américain. Le commerce bilatéral annuel entre la Chine et la Russie a fait un bond spectaculaire, en passant de 16 milliards de dollars en 2003 à près de 100 milliards de dollars aujourd’hui. Lorsque la Chine a accueilli le sommet du G20 en septembre, le président russe Vladimir Poutine a été l’invité d’honneur de premier plan.
Les responsables américains n’en sont d’ailleurs pas ravis. Ils craignent que Poutine vise à étendre sa portée mondiale en tissant des liens plus étroits avec la Chine.
Selon le « South China Post », « certains analystes occidentaux ont vu en l’approfondissement récent et rapide de cette collaboration, le début d’un partenariat qui vise à déstabiliser l’ordre mondial dirigé par les États-Unis et, de ce pas, une tentative de nuire à la capacité de Washington d’influer sur les enjeux stratégiques mondiaux ».
Certaines personnes faisant partie de la campagne d’Hillary Clinton craignent même la probabilité que la Russie intervienne dans l’élection à venir, afin notamment de tenter de bloquer le chemin de Hillary vers la Maison-Blanche. Des hackers russes ont été associés à un certain nombre des dernières « fuites » qui ont endommagé la réputation des banques américaines et celle de l’administration d’Obama. Le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, a insinué que d’autres informations seront divulguées à l’avenir. Les alliés d’Hillary spéculent ouvertement au sujet des hacks de Wikileaks, en affirmant carrément que la Russie est derrière tout cela.
Mais les Russes et les Chinois ne semblent pas miser sur une « cyberguerre » afin de détrôner le dollar américain. En effet, en plus des accords commerciaux bilatéraux et des mouvements stratégiques entrepris dans le but d’instaurer une domination économique régionale, les deux puissances accumulent de l’or. Au cours des dernières années, la Russie et la Chine ont, chacune de son côté, massivement décuplé leurs avoirs en or.
Pour le moment, et contrairement à ce qu’a affirmé un Jim Rickards par exemple, il ne s’agit pas d’un big-bang, mais d’un processus de moyen terme qui a débuté il y a une dizaine d’années et qui ne s’achèvera pas avant au moins autant de temps pour la simple et bonne raison que le système monétaire international et donc l’économie mondiale ne sont pas en mesure de se passer du dollar sans passer par la case effondrement (catastrophique pour tout le monde).
Logiquement, la « dédollarisation » et la « désaméricanisation » de l’économie mondiale se font ainsi de manière progressive.
Charles SANNAT
L’or pourrait-il aussi commencer à émerger en tant que monnaie de premier plan dans le commerce mondial ? Au fil du temps, il le pourrait, certainement. Mais les implications immédiates pour le rôle monétaire de l’or concernent davantage son accumulation croissante par les banques centrales, à commencer par celle de Chine.
Rappelons qu’à partir du premier octobre 2016, le yuan chinois est entré dans le système des droits de tirage spéciaux (DTS) du panier des monnaies de premier plan du Fonds monétaire international (FMI). De fait, le yuan partage maintenant le statut de DTS avec le dollar américain, l’euro, la livre sterling et le yen japonais.
Avant que le yuan ne devienne officiellement une monnaie DTS, la Banque mondiale a eu l’intention de vendre 2,8 milliards de dollars en obligations de DTS sur les marchés chinois. Le déploiement des obligations de DTS en Chine a commencé le 31 août 2016. Selon Reuters, ce déploiement « fait partie d’une « poussée » plus large en Chine, visant à stimuler la demande vis-à-vis du yuan chinois et, par la même occasion, de diminuer la dépendance relative au dollar américain dans les réserves mondiales ».
Le roi dollar ne sera pas détrôné aussi vite. Mais la place importante qu’il occupait, notamment en tant que monnaie de réserve mondiale, va effectivement diminuer au fil du temps.
L’inclusion de yuan dans le panier des monnaies DTS : un autre pas dans le cadre de la stratégie chinoise de « dédollarisation »
La Chine et la Russie ont des intérêts géostratégiques communs, notamment en ce qui concerne la « dédollarisation ». En ce sens, il est un fait que les deux puissances passent de nombreux accords commerciaux bilatéraux, dans le but particulier de détourner le dollar américain. Le commerce bilatéral annuel entre la Chine et la Russie a fait un bond spectaculaire, en passant de 16 milliards de dollars en 2003 à près de 100 milliards de dollars aujourd’hui. Lorsque la Chine a accueilli le sommet du G20 en septembre, le président russe Vladimir Poutine a été l’invité d’honneur de premier plan.
Les responsables américains n’en sont d’ailleurs pas ravis. Ils craignent que Poutine vise à étendre sa portée mondiale en tissant des liens plus étroits avec la Chine.
Selon le « South China Post », « certains analystes occidentaux ont vu en l’approfondissement récent et rapide de cette collaboration, le début d’un partenariat qui vise à déstabiliser l’ordre mondial dirigé par les États-Unis et, de ce pas, une tentative de nuire à la capacité de Washington d’influer sur les enjeux stratégiques mondiaux ».
Certaines personnes faisant partie de la campagne d’Hillary Clinton craignent même la probabilité que la Russie intervienne dans l’élection à venir, afin notamment de tenter de bloquer le chemin de Hillary vers la Maison-Blanche. Des hackers russes ont été associés à un certain nombre des dernières « fuites » qui ont endommagé la réputation des banques américaines et celle de l’administration d’Obama. Le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, a insinué que d’autres informations seront divulguées à l’avenir. Les alliés d’Hillary spéculent ouvertement au sujet des hacks de Wikileaks, en affirmant carrément que la Russie est derrière tout cela.
Mais les Russes et les Chinois ne semblent pas miser sur une « cyberguerre » afin de détrôner le dollar américain. En effet, en plus des accords commerciaux bilatéraux et des mouvements stratégiques entrepris dans le but d’instaurer une domination économique régionale, les deux puissances accumulent de l’or. Au cours des dernières années, la Russie et la Chine ont, chacune de son côté, massivement décuplé leurs avoirs en or.
Les banques centrales du monde en voie de devenir des acheteurs nets d’or
Depuis 2009, les avoirs en or de la Chine, officiellement déclarés, ont bondi de 60 %. Les stocks d’or amplifiés et détenus par la Banque populaire de Chine ont joué un rôle important dans l’ascension de la Chine dans l’élite du panier des devises DTS du FMI.
Notons que cela s’inscrit dans la tendance générale des banques centrales mondiales à devenir des acheteurs nets d’or. Elles jouaient plutôt le rôle de vendeurs nets dans une grande partie des années 1990 et au début des années 2000. Cela a contribué à maintenir les prix de l’or à des niveaux stables et bas. Mais depuis 2010, les banques centrales ont commencé à acheter de l’or, et ce considérablement – à hauteur de 500 tonnes par an.
La Russie, à elle seule, a ajouté cumulativement 172 tonnes d’or en 2014 et 208 tonnes en 2015. En échangeant certains de ses titres du Trésor américain pour des lingots, la Banque centrale russe est devenue le septième plus grand détenteur d’or du monde. Pourtant, l’or ne représente que 16,2 % des réserves monétaires de la Russie, ce qui en fait une proportion plus sérieuse que celle de ses voisins de la zone euro.
La Russie n’a probablement pas fini d’accumuler. En effet, étant le troisième plus grand producteur d’or au monde, elle peut facilement se fournir davantage, quand il s’agit justement d’or.
Un scénario similaire semble se dérouler en Chine. Il y est d’ailleurs peut-être encore plus spectaculaire. Les stocks d’or « officiels » de la Chine s’élevaient à 1 823 tonnes d’or en août 2016, ce qui en faisait la sixième plus grande réserve d’or au monde. Pourtant, par rapport à la taille de l’économie chinoise et de l’offre de monnaie, sa réserve d’or ne semble pas peser tellement – elle s’élève à seulement 2,3 % du total des réserves monétaires.
Officieusement, la Chine a probablement des réserves d’or supplémentaires, qui ne sont pas présentées au public large. Mais même si les véritables réserves d’or de la Chine venaient à s’élever au double ou au triple de ce qui est actuellement rapporté, comme certains analystes le suggèrent d’ailleurs, cela ne changerait pas considérablement la situation : ce pays de 1,3 milliard de personnes disposerait quand même de beaucoup moins d’or que la Russie, les États-Unis, l’Europe, ou certains de ses rivaux asiatiques. Il en résulte que la Chine devra accumuler beaucoup plus d’or dans les années à venir.
Les dirigeants chinois escomptent instaurer une domination régionale. Afin de garantir cette position, ils visent à posséder et à contrôler une plus grande part du marché de l’or. Le « Shanghai Gold Exchange », récemment ouvert, met à disposition de la Chine un mécanisme direct pour contrôler le marché de l’or physique en Asie.
Cela est une façon pour la Chine de prendre en sa possession au moins une certaine partie du contrôle du commerce de l’or, traditionnellement détenu par les gouvernements et les banques d’Occident.
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