30 octobre 2016

Faisons sécession du "socialisme"


Dans son grand classique intitulé Le Socialisme, Ludwig von Mises observe que les socialistes ont toujours utilisé une double stratégie qui vise à 1) nationaliser autant d’industries et de propriétés que possible, et 2) mener à bien le déstructionnisme, c’est-à-dire la destruction de l’ordre social basé sur la propriété. Le destructionnisme peut être obtenu au travers de l’Etat-providence, de l’adoption d’impôts progressifs, et de la régulation et la règlementation des industries privées. C’est une forme de sabotage économique.

Une troisième chose est nécessaire pour que les socialistes puissent parvenir à leur objectif de société planifiée : la centralisation du pouvoir, et l’élimination de toutes les issues possibles. Comme Mises l’explique dans son livre Le Gouvernement omnipotent, les adversaires de la tendance vers un contrôle accru du gouvernement décrivent leur opposition comme étant un combat contre la centralisation. On la conçoit comme une contestation des droits de l’Etat contre le pouvoir centralisé. Et c’est ce que nous avons pu voir au travers du vote en faveur de Brexit à la fin du mois de juin.

Les défenseurs d’un gouvernement autoritaire, qu’ils se qualifient de socialistes ou de quoi que ce soit d’autre, ont toujours attaqué le principe de décentralisation, de droit des Etats, de fédéralisme et tout autre moyen de décentralisation du pouvoir au sein de la société. Adolf Hitler s’est plaint du « combat entre le fédéralisme et le droit des Etats » dans Mein Kampf, et a promis que les « Nationaux-socialistes élimineraient complètement le droit des Etats » (Mein Kampf, 1998 Houghton Mifflin edition, p. 565).

L’Histoire des Etats-Unis a été une longue marche vers un pouvoir gouvernemental centralisé et, en conséquence, une disparition de la liberté. Tout a commencé avec la proposition faite par Alexander Hamilton à l’occasion de la convention constitutionnelle d’établir un « président permanent » qui serait chargé de nommer tous les gouverneurs des Etats qui auraient un droit de veto sur les législations proposées dans leurs Etats. Son projet n’a jamais vu le jour et a été critiqué par les Jeffersoniens comme représentant essentiellement un Empire britannique sans le Royaume-Uni.

La Guerre civile a donné lieu à une grande centralisation du pouvoir politique, et transformé tous les Etats, du Nord comme du Sud, en de simples appendices de Washington DC. Cette tendance a été perpétuellement renforcée après chaque guerre, puisque la guerre a toujours été la santé de l’Etat.

Franklin D. Roosevelt est allé jusqu’à proposer l’abolition des Etats en tant qu’entités politiques afin d’éliminer toute opposition à son projet grandiose et socialiste pour les Etats-Unis. Comme l’a expliqué Frank Chodorov dans The Income Tax: Root of All Evil (page 82) :

« Au début du New Deal, ses responsables ont reconnu la division d’autorité qui existait entre les gouvernements fédéral et des Etats comme étant un obstacle à leur projet. Ils se sont mis en tête de l’abolir. Ils sont allés jusqu’à demander un arrangement qui leur permettrait de contourner, sinon oblitérer, les frontières entre les Etats. En 1940, Le Comité pour les ressources nationales de Mr. Roosevelt, dans un rapport intitulé Regional Factors in National Planning, a proposé la division des Etats en une douzaine de régions, afin de former une base pour la coordination administrative fédérale… Le comité a insisté sur le fait que tant que la division des pouvoirs constitutionnels (les droits des Etats) demeuraient en place, le gouvernement n’aurait pas l’autorité de se charger des problèmes nationaux. »

Aux yeis des collectivistes, comme l’écrit Chodorov, « la séparation entre les Etats devait disparaître ou être réduite à des statuts de paroisses ». C’est ce qui s’est éventuellement passé, non pas au travers de l’abolition des Etats, mais de la « corruption des officies des Etats » grâce à des subventions fédérales et des menaces de les leur retirer.

Le véritable obstacle à la planification centralisée socialiste, écrit Chodorov, « était la résistance psychologique à la centralisation inhérente au droit des Etats. Les citoyens d’allégeances divisées ne peuvent pas être réduits à la servitude ». En plus de cela, « lorsque le gouvernement obtient le monopole du pouvoir, le peuple n’est plus libre ».

Les « avocats de la centralisation » aux Etats-Unis ont eu des difficultés à parvenir à leurs fins en raison de la « tradition enracinée de droits des Etats ». Le droit des Etats est une tradition qui est plus ancienne que la Constitution, plus ancienne que la Révolution. Il est une marque de naissance nationale. Il a aussi été l’objet de 150 années de diabolisation, d’attaques et de critiques par les défenseurs de la centralisation. Ces attaques ont été si systématiques après la Guerre civile, qu’une majorité des Américains d’aujourd’hui associe le terme de droit des Etats avec le mot très censuré de « néo-confédéré », dans l’idée que ceux qui utilisent ce terme interdit ont très certainement une idée malsaine en tête. Rien de ce qu’a fait la machine de propagande soviétique n’a été plus efficace que la censure de l’opposition au pouvoir centralisé américain.

Le récent vote en faveur de Brexit nous a montré que l’Union européenne, comme l’Union soviétique et l’Union américaine, ont cherché et cherchent toujours à obtenir un monopole du pouvoir. Et ce dans n’importe quel domaine. Selon Chodorov, l’objectif en est de forcer les consommateurs à accepter les services des monopolistes dans les termes qui leurs sont imposés. Plus un gouvernement devient monopolistique et centralisé, plus il est capable de contrôler ses sujets et de les traiter à la manière d’esclaves fiscaux.

La seule manière que nous avons de retransformer les Etats-Unis en une grande nation est de retirer le pouvoir d’entre les mains de Washington DC, et pas pour l’offrir à la branche exécutive du gouvernement pour renégocier des accords commerciaux, nommer de nouveaux tsars ou émettre des douzaines d’ordres exécutifs. Il faudrait pour cela que les Américains cessent d’être intimidés par l’Etat et par ses mégaphones humains des médias, de l’académie et d’ailleurs, qui dénoncent hystériquement toute proposition en faveur d’une réduction du pouvoir comme une idée diabolique qui ne pourrait sortir que de la bouche d’un avocat de l’esclavage – ou pire.

Les électeurs britanniques qui ont fait sécession de l’Union européenne sont en fait des néo-confédérés. Comme les confédérés des Etats du Sud en 1860-61, ils ont voté en faveur d’une sécession contre une bureaucratie monopolistique centralisée, oppressante et destructrice de prospérité. Comme l’a expliqué le doyen des historiens américains, James McPherson, dans son livre What They Fought For: 1861-1865, basé sur les notes de centaines de soldats de la Guerre civile, le soldat confédéré typique n’était pas un propriétaire d’esclaves mais un fermier, un agriculteur qui se battait pour sa liberté et son indépendance face à ce qu’il percevait comme un gouvernement tyrannique.

Les principes de sécession pacifique (ou de menace de) et de nullification sont l’essence de l’autodétermination. Ils sont les expressions ultimes du consentement des gouvernés duquel le gouvernement tire ses pouvoirs, comme Jefferson l’a précisé avec éloquence dans la Déclaration d’indépendance. L’Union américaine originelle était une union volontaire, et non forcée au travers de menaces de meurtres de masse et de destruction de villes entières. Elle était une Union soviétique. Elle était l’Allemagne nazie. Elle était aussi l’Empire britannique duquel se sont séparés les colons américains.

Ainsi, la sécession était le principe de la Révolution américaine, pour reprendre les termes du Sénateur du Massachussetts, Timothy Pickering, qui a aussi été le Secrétaire d’Etat et Secrétaire de la Guerre de George Washington, ainsi que son Général adjoint pendant la Révolution. Le Sénateur Pickering était également responsable du mouvement de sécession de la Nouvelle-Angleterre de 1801-1814, qui a culminé avec la convention pour la sécession qui s’est tenue à Hartford en 1814. Les Nouveaux-Anglais ont voté en faveur de l’Union, et le Président Madison s’est donc retenu de menacer Boston et Hartford de ruine et de bains de sang.

A l’époque, tout le monde pensait naturellement que l’union était volontaire, parce qu’elle avait été ratifiée par les Etats souverains et indépendants, et parce que la Déclaration d’indépendance la qualifiait ainsi. C’était en fait requis par l’article 7 de la Constitution. Les Etats souverains ont délégué certains de leurs pouvoirs au gouvernement fédéral et fait de lui leur agent. L’Etat de New York, le Rhode Island et la Virginie ont spécifiquement demandé le droit de réassumer ces pouvoirs su le gouvernement fédéral se montrait abusif. Parce que les citoyens d’un Etat ne peuvent pas avoir plus de droits que ceux d’un autre, tous les Etats, et même les Etats potentiellement nés plus tard, disposent du même droit de sécession.

L’auto-détermination n’était pas le seul facteur, mais s’est terminée aux Etats-Unis avec l’argument illogique de Lincoln selon lequel l’union entre les Etats était plus ancienne que les Etats eux-mêmes, qui n’avaient donc jamais été des Etats souverains. Voilà qui est tout aussi logique que de dire que les unions maritales peuvent être plus anciennes que les conjoints. Tout s’est terminé par une guerre au cours de laquelle 850.000 Américains (voire plus) ont trouvé la mort.

Après le vote en faveur de Brexit, l’Union européenne n’a pas menacé d’envahir la Grande-Bretagne, et même l’Union soviétique a été dissoute au travers d’actes de sécession pacifique.

Source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.