Tizi Ouzou : le suicide, sport régionnal !

La wilaya de Tizi Ouzou a enregistré, depuis le début de l’année en cours, 17 cas de suicide par pendaison. Rien que ça ! Le phénomène prend des proportions alarmantes puisque pas moins de sept autres cas de tentative et menace de suicide ont été recensées durant la même période.

 Il va sans dire que la situation a vraiment pris de l’ampleur et les spécialistes sont invités à se pencher sur les réelles raisons qui poussent l’être humain à mettre fin à ses jours. En effet, Le chiffre qui a été communiqué par la cellule de communication de la Protection civile de la wilaya de Tizi Ouzou est exorbitant, puisqu'il suffit d’un simple calcul pour se rendre compte de la recrudescence de ce phénomène, fait que prés de cinq personnes se donnent la mort par pendaison chaque mois, soit une personne se suicide chaque semaine. Ce phénomène de suicide par pendaison a touché durant la même période les localités suivantes et classées en fonction du nombre de victimes : Ouaguenoun avec 3 cas, Beni Douala, Tizi Ghenif et Maâtkas deux cas pour chacune. Et un cas pour les localités de Souamaâ, Aït Yahia, Tizi Rached, Boudjemaâ, Illiltene, Larba N’Ath Irathen, Beni Zmenzer et la commune de Tizi Ouzou. Notre source nous fera savoir que ces cas recensés de suicide par pendaison ont été commis à domicile ou aux troncs d’arbres. En outre, notre source parle aussi de 7 autres cas de tentative et de menace de suicide ont été signalés dans la wilaya de Tizi Ouzou. La situation devient de plus en plus inquiétante ! La sonnette d’alarme est tirée depuis déjà des années, mais que faut-il faire pour arrêter ce phénomène. Pourtant de nombreuses études ont été faites dans l’optique de trouver une solution palpable et d’estomper un tant soit peu le phénomène mais en vain. Au contraire, au rythme où s'accèlère la situation, nous risquons de revivre les drames des années précédentes.

La wilaya de Tizi Ouzou est la plus touchée par le suicide !

Il n’est nullement nouveau, le suicide prend de l’ampleur ces dernières années dans notre wilaya. Selon des Journées nationales organisées au CHU de Tizi Ouzou l’année dernière, comportant sur une étude prospective aux pavillons des urgences médico-chirurgicales du même hôpital, d’une durée de 60 mois, allant du 1er janvier 2007 au 15 janvier 2012, a révélé pas moins de 889 cas recensés. Notre source affirme que le taux d’incidence des suicides, a été au début de l’étude de 15,1/100 000 habitants contre 18,9 pour le même nombre en 2011. Ce qui donne une augmentation de 3,8 en termes d’incidence. Dans le même sillage, l’enquête révèle également que les femmes tentent plus que les hommes à mettre fin à leur vie. Les chiffres sont révélateurs soit 640 cas du côté féminin contre 249 hommes sur le total de 889. La tranche la plus touchée varie entre 16 à 30 ans. Les spécialistes s’accordent également à dire que le phénomène est accentué par la situation sociale et l’état psychologique de la personne. Cependant, il va sans dire que ce ne sont pas uniquement les mal lotis qui recourent à cette forme de délivrance. Même les riches sont aussi la proie facile de ce phénomène ! Rien que pour la semaine dernière, un jeune homme, âgé de 30 ans et répondant aux initiales N. D. a mis fin à ses jours à l’aide d’une corde du côté du village Aït Anane dans la localité de Béni Zmenzer. Une source locale nous affirme que le jeune n’a aucun problème financier ni ne souffrait de problèmes psychologiques. Cependant, il convient de dire qu’il faut reconnaître que la couche sociale la plus touchée par le suicide, est celle qui patauge dans la misère et le chômage, et demeure encore et toujours «créatrice» de tous les maux de notre société. Le bilan de la cellule de communication de la Protection civile de l’année dernière, relève 96 opérations de transport de cadavres dont 53 décédés par pendaison (48 hommes et 5 femmes). La même source parle de 31 interventions pour tentative et menace de suicide (14hommes, 10 femmes et 3 enfants). Les hautes autorités de l'Etat doivent se pencher sur cette situation dramatique afin de rétablir les équilibres et de donner un espoir à cette jeunesse qui ne demande qu'une prise en charge minime soit-elle.

Nabil Graichi
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