Un splendide roman fantastique d’André Hardellet, Le Seuil du jardin (1), nous conte l’étrange histoire d’une « machine à rêver », – permettant à chaque homme de s’échapper, selon son bon plaisir, dans le merveilleux jardin de son imagination, où tout s’ordonne selon la si totale liberté créatrice de cette grande magicienne.
Mais les impitoyables puissances humaines qui, secrètement, veillent à sauvegarder par tous les moyens possibles les dures lignes d’évolution de l’Histoire interviendront ; et le prodigieux instrument de libre évasion imaginative sera détruit sans la moindre pitié : l’individu doit, quoiqu’il lui en coûte, s’insérer dans l’édifice social – qui se désagrégerait irrémédiablement si nous étions libres d’échapper à notre fonction collective en crevant le mur inexorable des apparences visibles. Chose curieuse, l’histoire symbolique racontée par Hardellet correspond peut-être, et dans les détails eux-mêmes, à la réalité secrète.
Mais les impitoyables puissances humaines qui, secrètement, veillent à sauvegarder par tous les moyens possibles les dures lignes d’évolution de l’Histoire interviendront ; et le prodigieux instrument de libre évasion imaginative sera détruit sans la moindre pitié : l’individu doit, quoiqu’il lui en coûte, s’insérer dans l’édifice social – qui se désagrégerait irrémédiablement si nous étions libres d’échapper à notre fonction collective en crevant le mur inexorable des apparences visibles. Chose curieuse, l’histoire symbolique racontée par Hardellet correspond peut-être, et dans les détails eux-mêmes, à la réalité secrète.
Irène Hillel-Erlanger
Il est en effet un cas bien étonnant tout à fait analogue, et qui semble fort troublant. En 1919, Irène Hillel-Erlanger publiait un roman « fantaisiste » : Voyages en kaléidoscope (2) ; l’auteur y dévoilait quelques-unes des clefs symboliques du Grand-Œuvre. Madame Hillel-Erlanger aura tout juste le temps de donner des exemplaires personnels à quelques-uns de ses amis : elle meurt tout d’un coup, dans des conditions mystérieuses (intoxication suspecte) ; des inconnus pourvus d’énormes disponibilités financières se rendent chez l’éditeur où ils achètent tout le stock disponible (dont on n’entendra plus jamais parler), avant même la possibilité du dépôt légal d’un exemplaire à la Bibliothèque Nationale (3).
Le mystérieux « pouvoir occulte » avait-il donc frappé ?…
Herbert George Wells
Dans un conte symbolique de l’écrivain anglais H.G. Wells : La Porte dans le mur, nous trouvons traité le même thème littéraire (le « domaine interdit ») que dans le chef-d’œuvre de Hardellet : c’est l’histoire d’un homme qui, toute sa vie, recherchera en vain la porte mystérieuse qu’il avait une fois poussée dans son enfance, et qui s’ouvrait – mais pour lui seul – sur les régions magiques où l’imagination active est souveraine ; ce n’est que par la mort qu’il conquerra l’entrée (la redécouverte plutôt du merveilleux domaine interdit).
Mais, bravant tous les interdits, des êtres privilégiés sont-ils à même d’entrer dès cette vie au « Palais fermé du Roi », selon l’expression hermétique de l’adepte Irénée Philaléthe ?
C’est justement le but final de l’Alchimie – cette prestigieuse technique de libération. Dans son beau roman surréaliste : Le Château de l’horloge (4), Lise Deharme nous dit : « Chacun de nous possède un château imaginaire. Les plus sages ou les plus fous s’y retirent à jamais ».
Et au nombre des « sages », il faut compter, avant tous les autres évadés, les alchimistes – ces « artistes » qui, eux, retrouvent la clef secrète du Paradis perdu.
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(1) Julliard éditeur, 1958.
(2) Aux Editions Georges Crès, Paris.
(3) Cf Eugène Canseliet, Deux Logis alchimiques, Paris, Schemit, 1945, pp 126-129.
(4) Julliard éditeur.
Illustration : Robert Cart – Texte et dessin © Les Cahiers du Chêne d’Or, Les Cahiers du Réalime Fantastique, Michel Moutet Editeur / Silver Crescent California Design, Mara McLaren & Goldemobil, Gérone, 2001 (Extrait du Hors-Série des Cahiers consacré aux articles oubliés de Serge Hutin).
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