21 mars 2012

Alain Juppé accusé par sa propre administration d’avoir falsifié les rapports sur la Syrie

Un haut fonctionnaire français a invité , le 19 mars 2012, des journalistes arabes basés à Paris pour leur révéler la bataille qui se livre actuellement au sein du gouvernement français en général et du Quai d’Orsay en particulier à propos de la Syrie.
 Selon cette personnalité, l’ambassadeur de France à Damas, Éric Chevallier, dont l’ambassade vient d’être fermée et qui est rentré à Paris, a pris a parti son ministre devant ses collègues. Il a accusé Alain Juppé de ne pas avoir tenu compte de ses rapports et d’avoir falsifié les synthèses pour provoquer une guerre contre la Syrie.
Au début des événements, en mars 2011, le Quai avait dépêché des enquêteurs à Deraa pour savoir ce qui s’y passait. Leur rapport, transmis à Paris, indiquait qu’après quelques manifestations, la tension était retombée, en contradiction avec les reportages d’Al-Jazeera et de France24 qui indiquaient à l’inverse que la ville était à feu et à sang. L’ambassadeur demanda la prolongation de la mission pour suivre l’évolution des événements. Furieux de ce premier rapport, le ministre des Affaires étrangères lui téléphona pour exiger qu’il le modifie et fasse état d’une répression sanglante. L’ambassadeur plaça alors le chef de mission à Deraa en conférence téléphonique avec le ministre pour lui redire qu’il n’y avait pas de répression sanglante. Le ministre menaça l’ambassadeur et la conversation se termina de manière glaciale.
Immédiatement après, le cabinet d’Alain Juppé fit pression sur l’AFP pour qu’elle publie des dépêches mensongères confortant la vision du ministre.
Durant les mois qui suivirent, les incidents opposant Éric Chevallier et Alain Juppé ne cessèrent de se multiplier, jusqu’à l’affaire des otages iraniens et la mort du « journaliste » Gilles Jacquier. À cette occasion, l’ambassadeur reçu l’ordre d’exfiltrer les agents de la DGSE travaillant sous couverture de presse. Il réalisa l’importance de l’action secrète entreprise par Alain Juppé [1].
Ancien ministre de la Défense, Alain Juppé a semble t-il conservé de solides amitiés au sein des services militaires dont certains agents lui restent dévoués.
La même source assure que des rapports de l’ambassadeur auraient été négligés ou falsifiés et que celui-ci, pour étayer ses dires, aurait fait parvenir au Quai des rapports d’homologues européens attestant tous que la Syrie n’est pas confrontée à un cycle de manifestations/répression, mais à une déstabilisation par des groupes armés venus de l’étranger. À son arrivée à Paris, Éric Chevallier aurait demandé une enquête administrative interne pour confondre son propre ministre.
Ces révélations en appelant d’autres, un autre haut-fonctionnaire a révélé qu’Alain Juppé n’est pas seulement en conflit avec son administration, mais aussi avec ses collègues de l’Intérieur et de la Défense. Claude Guéant et Gérard Longuet auraient non seulement négocié avec le général Assef Chawkat l’exfiltration des agents français présents dans l’Émirat islamique de Baba Amr, comme le Réseau Voltaire l’a relaté [2], mais aussi la libération de trois commandos français détenus par la Syrie [3].
Dimanche 18 mars, le quotidien pro-syrien Ad-Diyar, édité à Beyrouth, a confirmé que trois prisonniers français ont été remis au chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Édouard Guillaud, lors d’un déplacement au Liban, prétendument effectué à l’occasion de la réorganisation du contingent français de la FINUL. Selon une source syrienne de haut niveau, l’amiral aurait en échange personnellement veillé au complet démantèlement de la base arrière que les services militaires français avaient installée au Liban.
Le conflit entre l’ambassadeur Chevallier et le ministre Juppé est connu depuis longtemps. Le 4 avril 2011, le journal électronique Rue89 avait publié un article attribué à un auteur franco-syrien anonyme [4]. On pouvait y lire que l’ambassadeur « se serait fait le porte-parole du régime, prétendant que les révoltes de Daraa et Lattaquié sont manipulées depuis l’étranger et que les médias mentent sur la réalité ». Dix jours plus tard, c’était au tour de Georges Malbrunot d’affirmer sur son blog du Figaro que l’ambassadeur « est complètement basharisé » [5]. Enfin, le 5 mai, France24, la chaîne placée sous la tutelle d’Alain Juppé, avait accusé l’ambassadeur de « minimiser la révolte » [6]
Le conflit entre le chef d’état-major des armées et Alain Juppé est également connu depuis longtemps. L’amiral Edouard Guillaud n’avait pas apprécié qu’Alain Juppé, alors ministre de la Défense, planifie à l’avance le renversement de Mouammar el-Kadhafi. Avec le discret soutien de son nouveau ministre de tutelle Gérard Longuet, il avait fait savoir publiquement son désaccord lorsqu’il avait reçu instruction de mobiliser les forces françaises contre la Libye.
Quant aux relations Guéant-Juppé, elles sont notoirement exécrables. On se souvient qu’avec l’arrogance qu’on lui connaît Alain Juppé avait posé comme condition pour son entrée au gouvernement Fillon que Claude Guéant quitte le secrétariat général de l’Élysée parce qu’il ne voulait pas avoir à lui parler.
Après l’accord survenu entre Washington, Londres et Moscou pour calmer le jeu en Syrie, Alain Juppé peut toujours compter sur l’appui d’Ankara, de Riyad et de Doha, ainsi que sur les principaux médias, mais se trouve isolé en France et privé des moyens nécessaires à sa politique … à moins, bien sûr, que le président Sarkozy ne pousse à la guerre pour faire remonter dans les sondages le candidat Sarkozy.

[1] « Le fiasco des barbouzes français à Homs », par Boris V., Komsomolskaïa Pravda, 18 janvier 2012, version française de New Orient News disponible sur le site du Réseau Voltaire.
[2] « Les journalistes-combattants de Baba Amr », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 3 mars 2012.
[3] « La France rétablit la censure militaire », Réseau Voltaire, 4 mars 2012.
[4] « À Damas, le régime de Bachar el-Assad prépare un bain de sang », par Sadik H., Rue89, 4 avril 2011.
[5] « Syrie : quand l’ambassadeur de France déjeunait avec la bête noire des frondeurs », par Georges Malbrunot, L’Orient indiscret/Le Figaro, le 14 avril 2011.
[6] « L’ambassadeur de France en Syrie a clairement minimisé la révolte », par Julien Pain et Peggy Bruguière, France24, 5 mai 2011.

Source

5 commentaires:

  1. Peut-être le début de la Fin, le scandale de trop...tout dépend de la pression médiatique que parviendra à maintenir Sarko et Juppé sur les dernières distractions, comme les meurtres de Toulouse et Montauban, pour détourner l'attention des nombreux scandales de corruption et les crimes contre l'humanité qu'ils ont commis pour le compte des Eurocrates et des Elites Zuniennes.

    Ils jouent leur "va tout". C'est quitte ou double. S'ils perdent les élections, ils sont perdus. Enragés et acculés, ils sont prêts à engager le pays dans une guerre illégitime pour n'importe quel prétexte, afin de rester au pouvoir.

    Quand on est psychopathe...la fin justifie tous les moyens.

    L'ami Pierrot

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    1. Où avez vous vu qu'un homme politique en France risquait quelque-chose ?
      Nul part !

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    2. Ils jouent avec le feu et ne sont pas rendu compte qu'ils commencent a brûler .Ils en font trop .Laissons les faire pour espérer qu'un jour les gens voient .

      Mathieu

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  2. Matthieu, il faudrait peut-être que les gens "veuillent" voir.

    Le gouvernement joue bien son jeu : comment voulez-vous que des ouvriers qui travaillent en 2x8 en 3x8 parfois (déstabilisation du rythme biologique de l'humain), qui ont des enfants à charge (et donc du boulot en arrivant à la maison...) puissent avoir le temps de "creuser" un peu les informations qu'on nous envoie à la télé ?

    J'ai connu cette période, où l'éducation de mes enfants et les charges matérielles du quotidien, faisaient que le soir je ne me posais plus aucune question, tellement j'avais hâte d'aller dormir.
    Selon la profession que l'on exerce, selon notre situation de famille, nous avons plus ou moins de chance de nous informer, plus ou moins de facilité aussi.
    N'oublions pas dans le lot, les 'moutons' planqués qui vivent pas trop mal et qui espèrent que ça durera longtemps comme ça pour eux.

    Cela dit, je suis d'accord avec Paul : j'attendais que J.Chirac soit puni pour ce qu'il avait fait sous le manteau. Et nous avons bien vu ce que cela donnait.
    Les seuls 'punis' sont ceux qui gênent leurs congénères, par exemple, DSK à qui l'on a fait un procès public et long, pour une histoire de sexe, alors que dans leur milieu il s'en passe de belles (histoires) qui bien entendu restent bien cachées.

    Ceci dit, mon opinion concernant la Syrie est la même que pour la Lybie : certains veulent mettre le feu à l'orient pour déstabiliser les pays pétroliers, tout du moins, détruire intérieurement les pays qui ne marchent pas main dans la main avec 'eux'.
    C'est très moche tout ça, pour les milliers de gens innocents qui en perdent la vie ou leurs acquis.

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  3. Comme en Irak au temps de Bush...
    L'histoire se répète, on change juste les acteurs!

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