16 octobre 2024

Le système social allemand est-il sur le point de s’effondrer ?


Par Ulrike Reisner- Journal de l’Empire des Habsbourg : les caisses d’assurance sont menacées par un manque massif de liquidités. En fait, les cotisations devraient être augmentées comme jamais auparavant au cours des 20 dernières années. Mais les représentants des employeurs et des salariés s’y opposent. Les uns parce que cela augmenterait encore les coûts d’implantation ; les autres parce que de nouvelles charges fiscales pèseraient surtout sur la classe moyenne qui travaille. Celle-ci est sous pression, car la population allemande est de plus en plus âgée. Et comme de nombreuses personnes ne peuvent plus être placées sur le marché du travail, le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale augmente.

Actuellement, des experts se réunissent à Bonn pour prévoir l’évolution financière de l’assurance maladie obligatoire pour 2025. Les signes avant-coureurs n’annoncent rien de bon, car les caisses évoluent au bord de la liquidité. On s’attend à une augmentation sans précédent depuis 20 ans. Apparemment, il n’y a pas d’autre solution. En 2023, les caisses d’assurance maladie allemandes ont dû enregistrer un déficit de 1,9 milliard d’euros. Les dépenses ont augmenté de 7,2 %.
Trop cher et inefficace

Près d’un tiers de toutes les dépenses, soit 94 milliards d’euros, sont consacrées aux traitements hospitaliers. Le ministre de la Santé Heiner Lauterbach a présenté un paquet de réformes qui a déjà été mis en pièces avant même d’être mis sous presse : le fonds de transformation prévu, avec 50 milliards d’euros pour dix ans, serait loin d’être suffisant, le double serait nécessaire. Les caisses critiquent le fait qu’elles doivent contribuer pour moitié via les cotisations de sécurité sociale. Le changement structurel serait une tâche qui incombe à l’ensemble de la société et ne relèverait pas de l’assurance maladie.

La structure fédérale de la République fédérale d’Allemagne ne facilite non plus la réforme du système social. Les plans de Lauterbach prévoient des fermetures d’hôpitaux, ainsi que des spécialisations. Les Länder se mobilisent contre ce projet. Ils craignent une réduction de l’offre de soins, notamment dans les zones rurales.

La faiblesse de la conjoncture met actuellement en évidence de manière drastique le coût et l’inefficacité du système social. Au total, l’Allemagne dépense environ 1,2 billion par an. Le budget social a ainsi presque triplé ( !) au cours des 30 dernières années. Le poste le plus important est l’assurance retraite, qui représente près de 30 % du budget. La démographie aggrave la situation : la part des plus de 65 ans est passée de 15 % en 1991 à 22 % en 2022. Et les seniors allemands s’appauvrissent : selon les derniers chiffres de l’Office fédéral des statistiques, de plus en plus de personnes dépendent de l’aide de l’État à l’âge de la retraite.

Le nombre de personnes bénéficiant de l’aide sociale en Allemagne augmente. Sur les quelque 5,6 millions de bénéficiaires, environ 2,7 millions n’ont pas de passeport allemand. Cela a récemment donné lieu à des débats houleux, notamment sur la question de l’immigration. En effet, des centaines de milliers d’Ukrainiens, de Syriens et d’Afghans compteraient également parmi les bénéficiaires.

Une charge pour les classes moyennes

Il y a quelques jours seulement, le gouvernement fédéral a dû revoir nettement à la baisse ses prévisions conjoncturelles. Au lieu de la croissance minimale de 0,3 % attendue, le produit intérieur brut se contracte cette année de 0,2 %. Le projet de budget 2025, actuellement en discussion au Bundestag, doit être adapté à cette situation dégradée.

Mais cela signifie que les recettes fiscales diminuent et que les dépenses sociales augmentent. C’est un très mauvais cadre pour l’assainissement urgent des dépenses sociales. Si nous nous remémorons les chiffres cités ci-dessus, une chose devient claire : de moins en moins de personnes doivent supporter une part toujours plus importante de la charge fiscale. Prochainement, les charges sociales dépasseront leur niveau historique de 42,5 % atteint en 2005. Les représentants des employeurs préviennent que la forte hausse des taux de cotisation entraînera des répercussions sur l’évolution du marché du travail. Pourtant, un marché du travail solide joue un rôle central dans le financement du système social. Le travail en Allemagne, selon la critique de base, devient de plus en plus cher et de moins en moins attractif.
 
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2024/10/14/caisses-vides-le-systeme-social-allemand-est-il-sur-le-point-de-seffondrer/

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