C’est vrai que l’histoire retiendra une responsabilité notable, selon l’appréciation de Montesquieu qui dit que le vrai coupable d’une guerre est celui qui la rend inévitable, du bloc-BAO, ou ces américanistes-occidentalistes qui composent la symphonie du Nouveau-Monde qui nous attend. S’y côtoient des observateurs attentifs, des clowns sans emploi, des soldats qui souffrent et meurent “sans parler”. S’y déploie surtout, sous les applaudissements de la foule globalisée, l’arrogante et sublime bêtise des détenteurs du pouvoir. Soyez donc fascinés par cette fin de civilisation.
Commençons par quelques mots précis sur l’évolution de la bataille sur le large front essentiel du Donbass par Alexandre Mercouris, qui est reconnu comme le meilleur observateur et effectivement le plus précis, par tous les commentateurs indépendants hors de l’influence du simulacre américaniste-occidentaliste. Ces mots ont été dits dans l’entretien à deux (Mercouris-Christoforou) du 21 septembre sur YouTube et sur ‘TheDuran’.Ils laissent une impression d’intense pression et d’avancée générale et irrésistible de cette « armée russe incroyablement puissante à laquelle [les Ukrainiens] sont maintenant confrontés ».
« En fait, je voudrais faire une remarque générale, à savoir que beaucoup de commentateurs occidentaux sont dépassés par les événements, à cause de la vérité cruciale du rythme de ces événements, à savoir qu'ils imaginent toujours qu'il s'agit d'une guerre menée par deux armées à peu près comparables. Je pense que beaucoup de gens croient encore cela et pensent toujours que les batailles qui se déroulent à travers l'Ukraine sont des batailles entre deux armées à peu près analogues, et vous avez encore des gens qui parlent d'impasse, de stagnation et de ce genre de choses.
» Ce n'est pas du tout la réalité de la guerre telle qu'elle me semble être. J'y vais tous les jours, j'écoute ce que disent les différents commentateurs, je regarde ce que disent les différentes chaînes d'information, russes, ukrainiennes, neutres, etc. La réalité est que l'Ukraine est écrasée, écrasée sur toutes les lignes de front, et l'armée ukrainienne est incapable de tenir ses positions où que ce soit, et les Russes avancent partout. Si vous lisez les articles qui commencent à apparaître en marge des médias occidentaux, – il y a un article très intéressant, par exemple, sur la situation dans la région de Pakros, qui est apparu l'autre jour sur le site de la BBC, – vous voyez que les soldats ukrainiens qui sont effectivement là-bas sur les lignes de front parlent de plus en plus dans ce sens, et ils en parlent partout où ils sont...
» Donc les Russes avancent partout, les Ukrainiens essaient de les retenir, ils essaient de le faire avec de moins en moins d'hommes chaque jour, ces hommes sont de plus en plus fatigués chaque jour, les soldats mobilisés qu'ils envoient dans la bataille s’enfuient, se rendent ou meurent en nombre terrible parce qu'ils ne sont pas prêts à combattre cette armée russe incroyablement puissante à laquelle ils sont maintenant confrontés... »
Ce qu’on retient est effectivement ce rythme de la marche russe de la guerre, et cette impression d’irrésistibilité par un observateur qui, jusqu’ici, n’a jamais été pris en faute au long de ces commentaires quotidiens. Il en résulte que les événements extérieurs ont grand’peine à s’ajuster à ce rythme, jusqu’à l’illusionniste Zelenski qui présente un “plan pour la Victoire” aussi étrange que le titre de sa proposition, et qui finalement consiste en trois points répétés ad nauseam depuis des mois et des mois, au rythme des vagues d’enthousiasme qu’ils soulèvent :
• L’autorisation de tirer des missiles “à longue portée” en profondeur sur le territoire russe d’avant-2014 ;
• L’entrée immédiate de l’Ukraine dans l’OTAN et l’appel aussitôt fait par l’Ukraine de l’application de l’Article 5 ;
• C’est-à-dire, l’intervention immédiate des armées des pays de l’OTAN, essentiellement des USA.
... Mais traduisons cela brièvement et d’une façon expéditive, dans les termes de Mercouris, à propos des étranges agitations de Zelenski :
« Son véritable plan de victoire est de trouver un moyen d'entraîner les États-Unis dans la guerre... S’il ne le fait pas, il va perdre. Si vous avez suivi sa dernière interview, il le sait. Il doit essayer de trouver un moyen d'amener les États-Unis à s'engager dans une guerre contre la Russie, parce que sinon il a perdu. C'est de la folie, mais c'est la seule carte qui lui reste. Il est désespéré, il panique et il est prêt à déclencher la troisième guerre mondiale pour se sauver. »
S’il faut envisager dans cet entrelacs le rayon d’espoir d’une négociation, il s’agit de vite déchanter. Mercouris rappelle le pouvoir énorme dont disposent à Kiev les ultra-nationalistes, – bandéristes, Ukronazis ou ce qu’il vous plaira, – qui tiennent ainsi tout le monde en otage, à commencer par l’exceptionnaliste surpuissance de Joe Biden, – en attendant pire ou moins pire, qui sait...
« Nous avons donné à ces gens en Ukraine occidentale et aux différents régiments nationalistes que vous connaissez, – Azof, Idar, tous ces gens – nous leur avons donné un droit de veto effectif sur ce que l’Occident peut faire parce que l’Occident dit qu’il ne peut y avoir de négociation sans l’Ukraine et que ces gens qui ont maintenant un degré de pouvoir extraordinaire en Ukraine même ont dit qu’il n’y aurait pas de négociation de la part de l’Ukraine… Donc s’ils interdisent les négociations de la part de l’Ukraine et si l’Occident dit qu’il ne peut y avoir de négociations sans l’Ukraine, il n’y aura pas de négociations et nous allons nous retrouver dans la perspective d’une défaite totale... C’est bizarre, c’est extraordinaire... »
Le royaume enchanté du Simulacre
Tournons-nous maintenant du côté du “royaume enchanté du Simulacre”, qui a déjà dû avaler plusieurs couleuvres et amères pilules avec l’évolution de cette guerre sacrée de l’Ukraine. Simulacre certes, mais de plus en plus couturé de cicatrices et de plaies qui suppurent. On en arrive à des territoires où il faut jongler avec les mots, les perspectives, les narrative, arriver à accoler des situations rocambolesques et complètement contradictoires, dire d’une façon générale “ça va assez mal sinon très-très mal, mais finalement ça ne va pas si mal au point que ça va très-très bien”.
Veut-on quelques exemples ? Des exemples d’une situation générale, et nullement des exceptions...
Voici donc, extrait d’un article du 18 septembre du ‘Figaro’ (passé au filtre de l’infâme désinformation de RT.com, c’est plus sûr et cela montre notre force de conviction américaniste-occidentaliste), nous indiquant les voies de l’espérance d’un accord où, comme l’explique ‘Morning Joe’ de MSNBC avec l’aide de Richard Haas sous les rires de Jimmy Dore, la défaite de l’Ukraine pourra être considérée comme une victoire, et où les Russes, ayant atteint leurs soi-disant objectifs militaires, vont pouvoir obtempérer aux exigences, s’asseoir à la table, écouter poliment et sans interrompre les conditions des Ukrainiens, opiner et féliciter leurs adversaires pour cette belle défaite victorieuse.
« Un haut diplomate français a déclaré au Figaro que Paris appelle désormais à une “solution durable et négociée à la guerre, l’Ukraine étant en position de force pour faire valoir ses droits et sa sécurité face à la Russie”.
» Le journal a indiqué que, selon ses données, un nouveau “sommet de paix” sur l’Ukraine pourrait se tenir après les élections américaines de novembre à Abou Dhabi, aux Émirats Arabes Unis. Une réunion sur l’Ukraine a également eu lieu en Suisse cet été, mais n’a pas donné de résultats concrets, sur fond de critiques de la Chine et de l’Inde selon lesquelles la Russie n’avait pas été invitée à l’événement.
» L’Occident doit déterminer “ce qui peut être considéré comme une victoire pour l’Ukraine”, a insisté un responsable français. “Le plus important est-il d’avoir une victoire territoriale, ce qui implique de continuer à se battre pour récupérer les régions occupées par les Russes ? Ou est-ce d’obtenir une victoire politique, c’est-à-dire un pays libre et démocratique, tourné vers l’Occident, engagé dans l’UE et l’OTAN, quitte à abandonner, temporairement, les territoires occupés ?”, a-t-il déclaré. »
Ainsi, dans leur logique et dans la situation présente où l’Ukraine ne cesse de perdre rapidement du terrain et de l’espace, avec une armée épuisée, constamment affaiblie, – l’Ukraine est “en position de force” : « l’Ukraine étant en position de force pour faire valoir ses droits et sa sécurité face à la Russie. » Ce pays est donc, lors qu’il est de plus en plus affaibli par le Russe, “en position de force” pour obtenir du Russe que l’Ukraine soit « tourné vers l’Occident, engagé dans l’UE et l’OTAN ».
• Pour autant et comme vu plus haut, ‘Morning Joe’ et Richard Haas étaient auparavant tombés d’accord qu’un pays engagé dans une guerre et n’ayant perdu que 20% de son territoire, peut difficilement craindre qu’on l’accable de le description d’une “défaire”. Au contraire, il s’agit de rien de moins que « ce qui peut être considéré comme une victoire », et effectivement il s’agit de comprendre que l’Ukraine est bel et bien : « en position de force pour faire valoir ses droits et sa sécurité face à la Russie. » L’officiel du Quai d’Orsay n’avait donc eu qu’à suivre la piste ouverte par Richard Haas, ancien président du prestigieux et influent ‘Council of Foreign Affairs’, lors de son interview sur MSNBC sous les ricanements et les éclats de rire quasiment obscènes de Jimmy Dore.
Le monde selon Boris
• Certains jugent, avec une ferme affirmation du jugement, que cette idée d’une négociation avec les Russes elle-même doit être bannie. Qui donc pense cela, outre Mercouris dans le sens qu’on a vu ? Eh bien, d’abord l’époustouflant et rocambolesque Boris Johnson, qui en connaît un rayon sur la façon de mener une négociation de paix. Comme on dit beaucoup actuellement dans les commentaires anglo-saxons sur l’affaire ukrainienne, Boris Johnson ‘doubles down’, c’est-à-dire revient pour en remettre une couche sur son appréciation d’un traité avec la Russie et s’en montre plus que jamais un adversaire résolu, – alors que justement, « c’est foutu pour la Russie ». Jugement-bouffe expéditif d’un homme qui fut Premier ministre de Sa Majesté et sabota, en mars-avril 2022, un accord de paix sur le point d’être signé par Russes et Ukrainiens, – et qui ne cesse, tel Churchill au micro de l’héroïque BBC, de s’en vanter à tout-va.
Lisez cela, – encore une fois dans le filtre de la désinformation RT.com selon les normes d’Anthony Blinken et de Jimmy Rubin (coordinateur du Centre d’engagement mondial au département d’État) interrogé par son ex-femme pour CNN Christiane Armanpour sur les moyens d’écraser l’influence de RT et de Spoutnik dans le monde, de la façon qu’on écrasa l’armée russe marchant en Ukraine.
« Dans un éditorial publié dans The Spectator samedi, Johnson a soutenu que les forces ukrainiennes avaient toujours la “capacité de gagner”, si seulement l’Occident cédait à chacune des exigences de Kiev. Celles-ci incluent, écrit-il, l’autorisation de frapper profondément à l’intérieur du territoire russe avec des missiles Storm Shadow et ATACMS, et une invitation immédiate à l’OTAN avec des garanties de sécurité au titre de l’article 5, et “un demi-trillion de dollars… ou même un trillion”.
Ne tenant pas compte de l’avertissement récent du président russe Vladimir Poutine selon lequel autoriser des frappes à longue portée placerait l’OTAN en état de guerre avec la Russie, ce qui n’est que “fanfaronnade et rodomontade”, Johnson a soutenu que ces mesures sont nécessaires pour “envoyer le message crucial au Kremlin”.
» “Le message est le suivant : c’est fini. C’est foutu pour vous. Vous n’avez plus d’empire. Vous n’avez pas de ‘voisinage contrôlable’ ou de ‘sphère d’influence’. Vous n’avez pas le droit de dire aux Ukrainiens ce qu’ils doivent faire, pas plus que nous, les Britanniques, n’avons le droit de dire à nos anciennes colonies ce qu’elles doivent faire”, a-t-il affirmé.
» “Il est temps que Poutine comprenne que la Russie ne peut plus avoir un avenir heureux et glorieux, mais que, comme Rome et comme la Grande-Bretagne, les Russes ont résolument rejoint les rangs des puissances post-impériales, et c’est une bonne chose”, a-t-il poursuivi.
» “Nous, en Occident, serions fous de tenter d’imposer ce résultat”, a-t-il ajouté. L’Occident, a soutenu Johnson, “doit abandonner toute idée selon laquelle les Ukrainiens concluront un accord” ou “échangeront des terres contre la paix”.
» “Nous, en Occident, serions fous de tenter d’imposer ce résultat”, a-t-il ajouté. »
Il y a bien d’autres exemples, mais le lecteur concevra l’immense fatigue de la plume qui écrit ces lignes. Comme l’interroge Gilbert Doctorow à propos des discussions entre Scholz et son ministre Pistorius pour l’achat de nouveaux missiles antimissiles (US, of course) qui ont fait en Ukraine l’éclatante démonstration qu’ils ne marchent pas : « Mais comment peut-on être aussi stupides ? »... Certes, il faut de la rigueur, de l’entraînement et de la pratique. Rien dans ce bas-monde n’est donné à quiconque n’a pas donné, à son tour, des preuves de son héroïque bêtise.
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