"Ce à quoi nous assistons n’est rien de moins que l’échec du plus grand appareil de propagande de l’histoire." – Mattias Desmet
L’avez-vous déjà remarqué ? – Ce qui est étrange à propos de la vice-présidente Kamala Harris, c’est la rapidité avec laquelle elle est passée d’un personnage de sitcom à Wonder Woman, du jour au lendemain, dans les médias d’information qui ne tiennent pas compte de la réalité.
Au sein d’un parti chargé d’une idéologie complexe, elle n’était connue que pour ses tautologies : “La signification du passage du temps, n’est-ce pas ? La signification du passage du temps », répétait-elle solennellement lors d’une visite d’une bibliothèque de Louisiane en 2022. « Donc, quand on y pense, le passage du temps a une grande signification. » Oui, madame. Vous avez cloué cette vieille peau de bique au mur, d’accord !
Soudain, son heure a sonné ! Tout est Kamala Kamala Kamala. Lumières ! Caméra ! Action ! Mais, comme on vous l’a déjà dit, le temps ne s’arrête pas. Si c’était le cas, tout se passerait en même temps, ce qui serait un grand désagrément pour tout le monde. Dans ce qui semble être un moment magiquement prolongé depuis que quelqu’un a dit à « Joe Biden » d’aller se faire pendre, Kamala a acquis une lance et une auréole et a chevauché pour sauver notre démocratie.
Pourtant, le chemin est long jusqu’à la grande réunion des délégués du Parti démocrate à Chicago, le 19 août, et ce voyage est encombré de longs moments comme celui que nous vivons actuellement, des moments où les délégués sont susceptibles de ruminer, et peut-être même de penser à d’autres moments à venir lorsque la magie de l’instant présent sera passée – car c’est, après tout, la signification du passage du temps ! Ici aujourd’hui, parti demain ! L’espoir et le changement ! Si l’on passe suffisamment de temps, des choses peuvent se produire, ou même ne pas se produire, comme, par exemple, l’ascension et la chute de la vice-présidente en tant que champion de ce phénomène connu sous le nom de démocratie. C’est un peu comme ce qu’on disait il y a soixante ans au Viêt Nam, à savoir qu’il fallait détruire le village pour le sauver. Mais cette fois-ci, il s’agit de la démocratie américaine.
Lors de la convention de Chicago, à propos de la personne qui a choisi Kamala Harris, quelqu’un pourrait s’exclamer : « Dites, qui vous a élu chef de cette équipe ? » La réponse, bien sûr : personne. Les délégués peuvent partager leurs doutes dans les couloirs et les salles de réunion des caucus d’État. Des énigmes métaphysiques surgiront. Tout ce bavardage sub rosa pourrait même se transformer en … un mouvement ! Au nom de la démocratie, quelqu’un s’écrie qu’il faut procéder à un vote public par appel nominal ! Qu’est-ce que c’est ? Nous pensions que la question avait été réglée il y a deux semaines, lorsque l’appel nominal virtuel a eu lieu. Mais non, pas question, répondent d’autres délégués. C’est l’occasion d’apprendre que le virtuel n’est pas un substitut adéquat à l’authentique.
Pendant ce temps, des émeutes éclatent dans les rues à l’extérieur du centre de convention. Antifa ! Black Lives Matter ! De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ! La police, dépouillée de son financement, se tient à l’écart et laisse les jeunes se déchaîner. À l’intérieur de la salle, c’est le pandémonium ! C’est ainsi que l’appel nominal est provoqué sur le sol de la convention, avec tous ces chapeaux colorés qui flottent parmi les étendards des cinquante États – plus quelques territoires – se balançant au rythme de « Don’t Stop (Thinkin’ About Tomorrow) » de Fleetwood Mac.
Les choses se compliquent. Il y a l’affaire des super-délégués, achetés et payés depuis longtemps par … la Fondation Clinton ! Le temps qui passe s’allonge et se comprime. Comme le disait ce bon vieux V. Lénine : Il y a des années où il ne se passe rien et des moments où il se passe des décennies – ou quelque chose comme ça. Aussi, quelqu’un rappelle qu’il faut un village pour quoi déjà ? Eh bien, pour désigner un candidat.
Et c’est ainsi, de manière toujours aussi démocratique, qu’Hillary s’empare du moment et de la convention, et s’élance vers le podium sur ses grandes ailes de cuir en criant « ouaf ouaf ouaf avortement ! » Les médias d’information vont se mettre en branle pour façonner le récit de la mobilisation de la démocratie par les militants du Parti démocrate pour sauver la démocratie. L’histoire fera pleurer les marginaux et bondir de joie les boiteux. Celle qui a fait son tour ne sera pas démentie ! Les « pussy-hats » sortent à nouveau. Le patriarcat prend ses jambes à son cou.
C’est du moins le rêve. Entre août, septembre et octobre, il se passera bien des choses. La réalité reviendra sur le devant de la scène après un long séjour dans les bas-fonds de la vicissitude humaine. L’économie se dégrade, les marchés s’effondrent et la guerre éclate. Un nouveau consensus se forme dans ce qui reste de la nation : merci aux Démocrates d’avoir détruit l’Amérique. Maintenant, allez vous faire pendre ! Trump, qui a survécu à trois nouvelles tentatives d’assassinat, est élu et inauguré. Un grand tri des malades mentaux et des criminels tout court s’opère. Bizarrement, nous avançons dans l’étrange. Attendez un peu. (Les choses prennent du temps.) C’est la signification du passage du temps, après tout.
James Howard Kunstler
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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