18 août 2024

Achat des fonds d’AXA par BNP Paribas : en quête de marges

La banque BNP Paribas lance une acquisition des activités de gestion de fonds d’AXA – la société d’assurances et de finance – pour un peu plus de 5 milliards d’euros.

Les Echos rapportent ainsi :

“Après des années de valse-hésitation sur l’avenir de sa gestion d’actifs, AXA saute le pas. Le deuxième assureur européen a annoncé jeudi soir être entré en négociations exclusives avec BNP Paribas pour lui céder sa filiale AXA Investment Managers (IM).

“BNP Paribas Cardif, la compagnie d’assurances de BNP Paribas, va débourser 5,1 milliards d’euros en numéraire pour cette acquisition d’envergure, dont la finalisation est attendue à l’été 2025, précise la première banque de la zone euro.”

AXA gère, via son offre de fonds, 844 milliards d’euros pour des clients, avec des trackers sur les indices, des hedge funds, la gestion d’actifs pour des assurances, et du conseil en gestion de patrimoine.

Le montant de l’acquisition reflète une valorisation en proportion des actifs sous gestion :

“La gestion d’actifs [d’AXA IM] est valorisée à 0,6 % des encours sous gestion, soit environ la même valeur que les gestionnaires cotés Amundi (0,6 %) et DWS (0,7 %).”

Les banques de détail en France, comme BNP Paribas, font face à des problèmes de marges… en raison des coûts de personnel – malgré la fermeture de branches – et le coût des hausses de rendements sur le Livret A et d’autres produits d’épargne.

Avec le rachat des activités dans la gestion de fonds, BNP Paribas cherche des sources de revenus via des frais de gestion… sans les coûts et difficultés de la banque de détail. Elle conclut ainsi une transaction avec l’assureur AXA pour l’achat des activités de gestion de fonds du groupe, la branche AXA IM (Investment Managers).

Manque de marges dans la banque de détail

La transaction a lieu en réaction à la pression sur les marges dans la banque de détail en France. L’un des problèmes des banques de détail provient des hausses de rendement sur les comptes de clients, en particulier dans les Livrets A.

D’autre part, la baisse de demande pour les crédits réduit les sources de bénéfices.

Les chiffres de la Banque Postale donnent un exemple des dégâts.

Les Echos rapportent :

“Touchée comme ses concurrents, La Banque Postale voit son résultat net baisser de 11,3 % sur le premier semestre, à 515 millions d’euros. Et la chute de 11,9 % de la production de crédits dans la banque de détail a contribué à ce recul. Sur les seuls prêts immobiliers, la baisse atteint 32,8 %.”

Trop de personnel, pas assez de prêts

La société d’analyse Kearney fournit plus de détails sur la perte de rentabilité des banques en France.

Les banques de détail subissent, depuis les confinements, des hausses de coûts – dont les intérêts sur les comptes d’épargne – et une baisse de revenus en raison du manque de demande pour des crédits, en particulier dans l’immobilier.

Le rapport de Kearny explique :

“Si les revenus de la banque de détail française sont stables depuis 2016 – autour de 60 milliards d’euros – ils ont néanmoins baissé de 3,5 milliards depuis 2021, créant un effet ciseau négatif avec des coûts, eux, en augmentation de 6 % sur la même période. Et ce, dans un contexte de baisse des marges d’intérêts (-11% en 2023 par rapport à 2022) et de chute de la production des crédits (-40%).

“En conséquence, le coefficient d’exploitation [les coûts d’opération, en ratio des revenus] a atteint en 2023 un niveau record de 73%, difficilement tenable dans la durée…”

En plus des taux d’intérêt, Kearney cite “une réelle maîtrise des coûts mais insuffisante face à la dégradation du modèle économique.”

En somme, malgré les fermetures d’agences, les banques ont encore trop de personnel.

Ils continuent :

“Ainsi, si les banques françaises ont accéléré les fermetures d’agences (en baisse de 18% pour atteindre le nombre de 29 000 en 2023), les effectifs globaux n’ont, eux, que très faiblement baissé depuis 2016 (-2%) malgré des opportunités de départs naturels significatives (plus de 40 000 départs en retraite et 120 000 départs liés au turnover sur la période).”

Les banques du pays ont plus de problèmes de coûts, par rapport à l’étranger – un signe des coûts des licenciements en France.

Le rapport affirme ainsi :

“Les efforts de restructuration des réseaux [en Espagne ou en Allemagne] ont également été beaucoup plus importants qu’en France, le nombre d’agences européennes ayant baissé de 33% – l’Espagne étant l’exemple le plus significatif avec une réduction de moitié. La France compte donc désormais plus du double du nombre d’agences (avec un établissement pour 2 380 habitants) que l’Allemagne et l’Espagne notamment.”

Achat d’AXA IM : recherche de marges dans la gestion de fonds

Face aux problèmes de rentabilité de la banque de détail, BNP Paribas cherche plus de marges – via la gestion de patrimoine. Elle requiert moins de personnel et entraîne moins de coûts.

Fitch Ratings, le groupe d’analyse du crédit d’entreprise, explique dans une note :

“L’acquisition [d’AXA IM] permettrait à BNP d’atteindre des effets d’échelle dans la gestion de fonds, en doublant la quantité de fonds sous gestion, à plus de 1.500 milliards d’euros (avec sa succursale d’assurances Cardif, qui serait l’acquéreur d’AXA IM), selon les chiffres de fin 2023.”

BNP Paribas espère plus de revenus, sans beaucoup plus de coûts – un avantage par rapport à la banque de détail :

“Atteindre une grande échelle est un élément critique dans la gestion de fonds, avec une transition vers les trackers d’indices, ce qui tend à peser sur les marges, et entraîner la disparition de certains acteurs. L’acquisition de Crédit Suisse par UBS, en 2023, crée une société de gestion de taille similaire à la combinaison de BNP et d’AXA IM.”

Fitch en conclut :

“Nous estimons que les revenus nets de BNP, sur la gestion de fonds, devraient augmenter de plus de 10 %, permettant de remplacer une partie de l’activité de commerce de détail de BNP en France, qui génère peu de marge…”

BNP Paribas espère ainsi une source de bénéfices, sans les problèmes de coûts de la banque de détail.

Henry Bonner

Source 

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