Livres prémonitoires et d’anticipation, ces romans visionnaires ont vu la fiction devenir réalité.

Nostradamus pose les jalons du genre en 1555 avec ses Prophéties. Il décrit le monde d’après, les cataclysmes et les épidémies qui doivent s’abattre sur l’espèce humaine dans les siècles suivants. Homme d’intuition, communicant hors pair, scientifique de talent ?

Les prédictions de Michel de Nostredame intriguent les sceptiques et fascinent les férus d’art divinatoire. D’autres n’y voient que des coïncidences. Mais il n’est pas le seul ! Savez-vous que de nombreux auteurs décrivent l’avenir avec une précision déconcertante ? Voici un petit florilège de ces romans visionnaires où la fiction est devenue réalité.

4 écrivains décrivent un futur terrifiant, entre catastrophes et tragédies

Morgan Robertson et Futility : le naufrage du Titanic au détail près

Titanic photographié à Cobh, Irlande — Photo de François Browne — Domaine public — Wikimedia Commons

L’exemple le plus frappant de ces romans visionnaires est celui de Futility ou le naufrage du Titan. Publié par Morgan Robertson en 1898, l’ouvrage décrit un navire moderne et d’un luxe inégalable. Mais surtout insubmersible du fait de ses compartiments étanches. Sa longueur est équivalente à celle du tristement célèbre Titanic. Le paquebot fictif heurte un iceberg et se déchire avant de faire naufrage dans les eaux de l’Atlantique Nord. Fait marquant : le Titan non plus ne dispose pas de suffisamment de canots de sauvetage pour les passagers. 

Ces similitudes ne peuvent que nous étonner, alors que le roman paraît 14 ans avant le naufrage du Titanic. Mais alors, comment expliquer une telle concordance entre une histoire fictive et une histoire vraie ? Certains l’expliquent par la passion de Robertson : la marine et les évolutions sur la construction de paquebots. Cette explication rationnelle n’est pas suffisante pour d’autres qui élaborent d’autres théories autour du voyage dans le temps.

Tom Clancy et Sur ordre : l’anticipation du 11 septembre 2001

On retrouve le même scénario dans le roman de Tom Clancy, Sur ordre, de la série littéraire Dette d’honneur. L’écrivain décrit un terroriste japonais jetant un Boeing 747 sur le Capitole américain. Le président et bon nombre d’élus du Congrès sont tués. Ce récit n’est pas sans rappeler le drame du 11 septembre 2001 qui frappe le monde entier. Seul petit problème ? Il est écrit en 1996, soit 5 ans avant la catastrophe que l’on connaît.

Dean Koontz et Les yeux des ténèbres : une histoire de pandémie

Plus récemment, un roman fait parler de lui. Pourquoi ? Car son scénario fait étrangement écho à une situation moderne. Le thriller Les yeux des ténèbres décrit la création d’une arme bactériologique dans un laboratoire chinois à… Wuhan, en Chine ! Publié en 1981, le roman défraie la chronique et fait le bonheur des théories complotistes. Heureusement, la similitude avec le virus de le Covid-19 s’arrête là. Le virus Wuhan-400, à l’origine d’une épidémie mondiale dans le récit, a un taux de létalité de 100%. Celui de la covid est compris entre 2 et 4%.

Franz Kafka : des textes annonciateurs des totalitarismes du 20e siècle

Dernière photographie connue de Franz Kafka, 1923 — Auteur inconnu — Domaine public — Wikimedia Commons
Dernière photographie connue de Franz Kafka, 1923 — Auteur inconnu — Domaine public — Wikimedia Commons

Dans un autre genre, plusieurs romans de Franz Kafka marquent les esprits notamment dans la nouvelle Dans la colonie pénitentiaire. Publiée en 1919, avant les horreurs de la Shoah, la nouvelle décrit les barbaries et tortures perpétrées envers des prisonniers. Ces exactions se produisent avec un arrière-plan de régime totalitaire, sans que personne ne s’y oppose formellement.

Le procès, publié en 1925 à titre posthume, est une description parfaite de l’émergence des régimes totalitaires du 20e siècle. Ces récits interpellent, car Kafka meurt en 1924 sans être témoin du 3e Reich et des crimes nazis. On peut penser que son intuition lui permet de sentir comment la tendance générale de la société mène au totalitarisme.

Romans visionnaires de science-fiction : coïncidences, prédictions ou imagination ?

Les innovations techniques et scientifiques

Si les récits prémonitoires de catastrophes sont particulièrement frappants, c’est aussi le cas des œuvres de science-fiction. Ces œuvres racontent des progrès techniques des dizaines d’années avant leur apparition.

Par définition, la science-fiction décrit un avenir et les auteurs font preuve d’une imagination hors norme. Mais certains romans visionnaires semblent décrire notre monde avec une telle précision que l’on ne peut que s’émerveiller. C’est par exemple le cas d’Edward Bellamy, dans son roman Cent ans après ou l’An 2000 (publié en 1888). Il décrit un monde où les gens ne disposent plus de monnaie, mais d’une carte de crédit ! 

Dans Tous à Zanzibar (1968), le monde que John Brunner dépeint est proche du nôtre. Les campagnes anti tabac augmentent, Détroit est en faillite, le cannabis est légalisé et les ventes de voitures électriques explosent. Un air de “déjà vu”, non ?

Enfin, nous ne pouvons pas parler de romans visionnaires sans un maître en la matière : Jules Verne ! Dans 20 000 lieues sous les mers (1870), il décrit le Nautilus, un sous-marin entièrement électrique. Ce n’est qu’en 1884 que Stefan Drzewiecki conçoit le premier sous-marin de ce genre.

Les récits prémonitoires de la conquête spatiale

S’il est un domaine où chacun tente de décrire l’avenir, c’est bien celui de la conquête spatiale. Entre rêves les plus fous et perspectives scientifiques, les auteurs de science-fiction sont particulièrement prolifiques.

Déjà, en 1721 dans les Voyages de Gulliver, Jonathan Swift imagine que 2 satellites sont en orbite autour de Mars. Il décrit leur vitesse de rotation, leur distance de la planète. Ce n’est qu’en 1877 que les lunes martiennes sont formellement découvertes. Le plus fou ? Les données décrites par Swift ne sont pas si loin de la réalité !

Une illustration du roman « De la Terre à la Lune » de Jules Verne dessinée par Henri de Montaut — domaine public — Wikimedia Commons

Parmi les récits de conquête spatiale, De la Terre à la Lune de Jules Verne, est le plus visionnaire. Parue en 1865, l’histoire relate l’envoi d’un « boulet capsule » vers notre satellite. Le départ se fait de… Floride ! Et le voyage dure 73 heures et 13 minutes. Un siècle plus tard, la mission Apollo 11 se fait au départ de Floride. Ce voyage dure 73 heures et 10 minutes. 

Le passé est sans conteste une source d’inspiration pour les auteurs. Mais à la lecture de ces romans visionnaires, il est clair que le futur l’est tout autant. Alors, anticipation géniale, voyage dans le temps, intuition de l’artiste ou imagination débordante ?

Alice Dauvilliers

Source 

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