Il est aisé de le croire au vu de notre cécité volontaire et collective sur la situation de notre monde. Envoûtés ? Manipulés ? Auto-disciplinés ? Chacun choisira.
Et la dernière mystification se produit sous nos yeux. La construction de la jetée flottante accédant à Gaza est finie et le cinéma commence avec le renfort de tous les médias. Naturellement mise en place pour des raisons humanitaires et freiner le calvaire des survivants de la bande de Gaza, de bien belles images vont servir ce pur narratif.
Pourquoi les interrogations sur l’adéquation de cet ouvrage d’art impressionnant sont-elles si rares ? En effet, pour faire venir des aides humanitaires deux entrées existent déjà, par la route et soumises au contrôle strict et à l ‘accord d’Israël. Cette jetée n’existe que par autorisation et volonté d’Israël. Pourquoi ce dernier interdirait de facto toute assistance aux civils palestiniens mais autoriserait cette voie bizarre pour le moins ?
Il faut en revenir aux buts d’Israël. Le gouvernement, parfaitement soutenu par l’immense majorité de sa population, vise à réduire toute espérance de vie palestinienne sur cette bande de terre encerclée, martyrisée et hors de tout droit humain. Après des jeux particulièrement cruels (déplacements stratégiques de population, envoi de tracts et avertissements vains puisque volontairement ineffectifs, destruction de bâtiments, hôpitaux, mosquées, églises, etc.), l’extrême misère où sont jetés ces 2.4 millions d’humains devait faire advenir le résultat recherché : la déportation de cette population imprévisible, moins tenue que celle des territoires occupés de Cisjordanie.
Le plan devait prévoir que l’Égypte, grandement dépendante de l’ami américain, ne poserait que des difficultés matérielles pour se charger du transit. Son président comprend bien que les quelques milliards offerts ne compenseraient pas la certitude d’avoir à gérer un peuple en exil qui ne pourrait par la suite ni sortir d’Égypte, ni rentrer chez lui… Son refus malgré l’image d’une posture inhumaine et de trahisons de ses frères arabes semble avoir clos cette porte.
Israël a alors trouvé une autre idée. Faire construire une jetée hors territoire israélien, à Gaza pour évacuer ces millions de Gazaouis. Bien entendu en la faisant faire par les USA, pays qui tient à bout de bras la ratonnade en cours avec des discours de paix et des actes de guerre ! Sous couvert d’humanité… Ces dernières décennies auraient dû user l’argument qui a montré sa fausseté dans nombre de conflits, et pourtant le voila resservi, à l’attention des populations occidentales … envoûtées, manipulées, auto-disciplinées.
Donc voici le temps des reportages de camions apportant le lait et les médicaments, dans un cadrage émouvant. Demain seulement, pour raisons humanitaires Israël laissera partir des populations fragiles. Israël aura à cœur de faire profiter les pays européens (Union européenne) de ce transfert de réfugiés, pays dont les gouvernements ne s’y refuseront pas bien entendu. Quelques milliers, quelques centaines de milliers… tous ? Et hop, passons aux derniers territoires palestiniens et traitons les problèmes d’image sur la durée. On oubliera. Avec Israël, les observateurs sont passés du scepticisme à la quasi-certitude de son cynisme fou.
Jusqu’où ira t’on ? Et avec quelles suites ?
Déjà depuis le 7 octobre 2022, on a bouleversé le sens des mots. L’incroyable démission de l’intelligentsia juive en France comme ailleurs, qui a, essentiellement, rejeté toute humanité au détriment des valeurs morales, va laisser des traces. Cet inexplicable comportement va certainement les essentialiser comme juifs. Incapables d’être des humains, des Français, des êtres capables de discernement au service d’une tragédie qui, si l’Histoire fonctionne toujours, devrait emporter le sionisme ? Leur choix et celui des Israéliens emportera t’il aussi l’existence même d’Israël, et pire encore ranimera intensément les persécutions universelles ? Alors même que jamais dans toute leur histoire, la communauté juive dans son ensemble n’a autant bénéficié de paix, de prospérité et de pouvoir…
Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne…
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