Ancien patron de boite de nuit devenu président du groupe SOS, première " entreprise sociale " d’europe avec 1 milliards d'euros de Chiffre d'affaires annuel, Jean-Marc Borello tend à appliquer au monde associatif les méthodes de « cost killing » des multinationales du CAC 40. Mais la réputation de cette figure de la communauté gay devenu " industriel du social " qui murmure à l’oreille d’Emmanuel Macron est ternie par des accusations d'agressions sexuelles…
Un des talents de Jean-Marc Borello, c’est la communication. A coups de formules comme « mon bonheur, c’est les autres » (titre de son dernier ouvrage), « entreprendre au profit de tous », ou « il faut amener du progrès social en s’occupant des plus fragiles », il s’est taillé une réputation de « pape laïc » de l’économie sociale et solidaire. Les quatre vingt entreprises et soixante associations de son groupe SOS réalisent aujourd’hui 1 milliard d’euros de chiffre d’affaire et emploient 18 000 salariés dans près de cinq cent hôpitaux, maisons de retraites, ou centre d’accueil pour personnes en difficulté.
" Bernard Tapie du social "
Mais en coulisses, les méthodes de ce « Bernard Tapie du social » sont controversées. Particularité de Jean-Marc Borello: son parcours colle à tous les combats historiques de la gauche. Ancien éducateur spécialisé proche de Gaston Defferre, il intègre en 1982 une Mission interministérielle de lutte contre les toxicomanies, puis entre dans des cabinets ministériels sous Laurent Fabius.
Homosexuel assumé et revendiqué, proche de Pierre Bergé, il voit à l’époque beaucoup d’amis mourir du sida. Avec, Régine, Reine des nuits parisiennes, ils vont ouvrir des centres de dépistage et s'atteler à la réinsertion des séropositifs. «Tout ce qu'on a fait à SOS vient de là : les centres de soins palliatifs, c'était parce qu'on avait vu comment on traitait nos compagnons et nos amis. L'insertion, le logement social… Personne ne voulait d'eux, alors nous, on le faisait», déclarait-il récemment à Libération. Régine lui confiera bientôt la direction de sa discothèque Le Palace, épicentre du Paris gay des années 1980. Mis en cause par la justice suite à une saisie d’ecstasy sur un client, Borello sera condamné en 1999 à 6 mois de prison avec sursis.
Patron du groupe SOS, il est également à l'époque membre du conseil d'administration des Tournelles, un institut de luxe pour enfants en difficulté situé à Hautefeuille (Seine-et-Marne) et dirigé par Robert Mégel, un ancien fonctionnaire détaché du ministère de la justice. Le week-end, Borello se fait souvent conduire par son chauffeur dans ce luxueux château du XIXème siècle accueillant les jeunes dans un parc avec kangourous, piscine et jacuzzi.
Agressions sexuelles
Mais très vite, des mineurs se plaignent d’agressions sexuelles de la part de dirigeants de l’institution. Le 12 septembre 1997, Robert Mégel est mis en examen pour « viols et agressions sexuelles ». Quelques mois auparavant, un adolescent, Jérôme N, s’était enfui des Tournelles et avait déposé plainte au SRPJ de Versailles, déclarant aux policiers: « Robert Mégel, c'était le patron. Quand il nous convoquait pour nous caresser, ce n'était pas facile de résister. Et, quelquefois, il allait plus loin ». En 2004, Robert Mégel sera condamné à 11 ans de prison pour « viols » et « attouchements sur mineurs ».
En appel, en 2006, Jean-Marc Borello fera tout pour défendre son collègue et ami, déclarant notamment devant la cour d’assises de Paris: « Ces faits sont matériellement impossibles (…) Dans cette institution, compte tenu de son mode de fonctionnement, ces histoires de pédophilie étaient impossibles.» Quelques semaines plus tard, la Cour d’assises de Paris alourdira pourtant la peine du directeur des Tournelles, le condamnant à 12 ans de réclusion criminelle pour « viols sur mineurs de moins de 15 ans par personne ayant autorité ».
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