L’Europe de la paix, qu’on nous a vendu pendant des décennies, devient l’Europe de la guerre
Pilipey / AFP
Pilipey / AFP
Dès le 27 février 2022, 3 jours après de démarrage de l’opération militaire spéciale russe, la présidente de la Commission européenne Von der Leyen avait annoncé deux décisions. Les médias d’Etat russe allaient être interdits dans toute l’UE.
L’UE allait financer la livraison d’armes à l’Ukraine.
J’étais stupéfait d’entendre cela, sachant que la Commission n’avait pas de tels pouvoirs de décision dans ces domaines d’après les traités existants. Et pourtant, c’est passé comme une lettre à la poste. Aucun chef d’Etat ou de gouvernement, aucun Parlement n’a protesté. Tous les pays se sont alignés sur ce discours sans sourciller.
Dans une manœuvre complètement orwellienne où les mots sont employés pour exprimer leur contraire, une « Facilité européenne pour la Paix » était créée, pour en fait acheter des armes pour alimenter la guerre en Ukraine. L’Europe de la paix, qu’on nous a vendu pendant des décennies, devenait l’Europe de la guerre !
L’Europe des 27 ne nous ayant jamais habitué à une telle rapidité de décision, on pouvait même se demander si de telles annonces n’avaient pas déjà été discutées bien à l’avance, comme si la guerre était considérée comme une chose acquise, voire voulue. Reste à savoir qui est à l’origine de ces mesures exceptionnelles, de ce coup d’Etat institutionnel qui permettait à la Commission européenne, après les abus de pouvoir de l’époque du Covid, de continuer à étendre son pouvoir en profitant des crises.
Et au-delà, c’est toute la machine médiatique qui s’est alignée sur une même ligne, s’extasiant même que la crise permette à l’UE de s’affirmer enfin, et plus personne ne débattait des origines de cette guerre. Nous sommes face à une machine institutionnelle d’une puissance colossale car elle est pan-étatique, coordonnée, multipotente, avec un contrôle quasi-absolu sur les médias. Même les partis d’opposition s’alignent et refusent de remettre en cause le système, et ses outils de domination et de contrôle non-démocratiques que sont devenus l’OTAN et l’UE.
Blackrock
On ne peut raisonnablement se poser la question de qui contrôle nos politiques sans parler de Blackrock, le fonds d’investissement américain le plus riche du monde qui possède des parts dans quasiment toutes les sociétés d’importance.
« Ce n’est pas qui est le président (qui importe), c’est qui contrôle le porte-feuille du président »
Dans cette vidéo filmée en caméra cachée et parue en juin 2023, Serge Varlay, chasseur de tête chez Blackrock, avait ces mots : « (La guerre en) Ukraine est bonne pour les affaires (...) nous ne voulons pas que ce conflit se termine. Plus il durera, plus la Russie sera faible."
On reconnait là une logique d’un cynisme extrême, visant à armer l’Ukraine non pas pour qu’elle gagne la guerre, mais juste suffisamment pour qu’elle la fasse durer le plus longtemps possible. Et quand il n’y aura plus assez d’Ukrainiens pour mourir sur le front, il n’y aura plus qu’à y envoyer le reste de l’Europe.
Ce faisant, les intérêts des idéologues néo-conservateurs américains qui pensent en termes de rapports de force globaux, et ceux des grands investisseurs américains, coïncident.
Puis, Varlay ajoute une phrase spécifiquement sur le blé :
« L’économie de l’Ukraine est très largement liée au marché mondial du blé. C’est fantastique si vous êtes dans le commerce. La volatilité permet des opportunités de faire du profit. La guerre est vraiment super bonne pour le business ! »
C’est là qu’il est utile de rappeler que Blackrock est actionnaire des trois géants américains de l’agroalimentaire, Cargill, Dupont et Monsanto, qui ont massivement acheté des terres agricoles en Ukraine après avoir forcé Zelensky à mettre en place des lois qui permettaient aux étrangers d’acheter ces terres.
Donc, pour Blackrock, il faut que l’Ukraine puisse exporter son blé, car c’est aussi le sien. Et donc il faut que l’Ukraine conserve le contrôle d’Odessa pour pouvoir exporter ce blé. Et en même temps il faut que la guerre dure le plus longtemps possible, car cela garantit que les prix du blé resteront élevés, ou pourront monter et descendre créant ainsi de nouvelles opportunités de profit. Mais au final, la Russie ne doit pas gagner la guerre contre l’Ukraine, car cela menacerait tous les investissements de Blackrock.
Force est de constater que les intérêts de Blackrock correspondent exactement aux objectifs affichés de Macron.
Dès le 26 février 2022, la France a envoyé des troupes en Roumanie, pays limitrophe de la région d’Odessa. Elle serait donc bien placée pour aller défendre les intérêts de Blackrock sur place. Mais bien entendu, cette motivation n’apparaitrait jamais dans les communiqués officiels. Cela dit, à travers les déclarations de Benjamin Haddad qui déplore, les yeux écarquillés, que la Russie puisse prendre le contrôle de la mer Noire et de l’Ukraine, et que de ce fait elle prenne le contrôle d’un tiers des exportations mondiales de céréales, on constate que ses inquiétudes rejoignent les intérêts de Blackrock, sans le dire expressément. Et Stéphane Séjourné, le ministre des Affaires étrangères, tient le même discours. Ce sont à l’évidence les intérêts privés américains, et pas de ceux de la France, ni même de l’Europe, que défend la Macronie.
Par ailleurs, Blackrock, en tant qu’investisseur dans l’industrie d’armement américaine, a aussi de ce point de vue intérêt à ce que la guerre en Ukraine dure le plus longtemps possible, pour vendre toujours plus d’armes. Au même titre, ils ont aussi intérêt à une expansion continue de l’OTAN. Donc, il faut continuer de créer et maintenir un climat de peur en Europe, afin que les pays-membres et affiliés soient incités à acheter toujours plus d’armes, et en particulier des armes américaines. L’intégration de la Suède et la Finlande bénéficie ainsi directement au complexe militaro-industriel américain, car les nouveaux membres doivent adopter les standards de l'OTAN. Et l’Ukraine, si elle survit à la guerre actuelle, doit suivre.
Enfin, Blackrock a signé, fin 2022, un contrat pour coordonner la reconstruction de l’Ukraine. Plus ce pays sera détruit, plus il faudra le reconstruire, et plus il y aura des opportunités de profit.
Les intérêts financiers de ce fonds d’investissement américain dans l’Ukraine en guerre sont donc colossaux. Ils gagnent sur tous les tableaux, tant que la guerre durera, et que la Russie ne la gagnera pas.
Robert Kennedy Jr, neveu de feu le président John Kennedy et candidat indépendant à la prochaine élection présidentielle américaine, a très bien dénoncé l’influence exorbitante de Blackrock dans la politique américaine en Ukraine.
Enfin, Varlay explique aussi combien il est facile d’acheter les parlementaires américains pour qu’ils votent des lois que la société veut voir mises en place. Ainsi, c’est Blackrock et d’autres sociétés du même genre qui contrôlent le monde occidental, par le lobbying permanent ou la corruption. En son temps, Jacques Chirac avait déjà confié à Philippe de Villiers que les lobbys américains contrôlaient Bruxelles.
Par ailleurs, on sait que Larry Flink, le PDG de Blackrock, est régulièrement invité à l’Elysée, comme tous les grands PDG américains, de Bill Gates à Albert Bourla jusqu’à la famille Soros.
Alors, si Blackrock est si puissant, la question suivante consiste à savoir qui sont les principaux actionnaires de cette compagnie. Mais les informations à ce sujet sont plutôt une affaire de spécialistes, car on retrouve les principaux fonds d’investissements américains comme Vanguard, State Street, ou des banques comme Bank of America. Et quand on cherche quel est le principal actionnaire de Vanguard, on trouve… Blackrock. Ces sociétés puissantes se possèdent et se contrôlent les unes les autres via des investissements croisés qui rendent opaques les vrais circuits de décision. C’est toute une oligarchie financière qui contrôle le monde occidental. Ce qui reste de notre démocratie est du théâtre.
Il n’est donc pas difficile d’imaginer qui donne ses ordres à Macron, qui le contraint « d’envoyer des mecs à Odessa ».
Par ailleurs, l’économiste américain Jeffrey Sachs affirme que Macron prendrait des décisions sur l’Ukraine, décisions qui iraient à l’encontre de ce qu’il pense. Il serait donc manifestement contrôlé de l’extérieur.
Les Etats-Unis étant coincés par la Chambre des représentants, c’est sur la France que l’oligarchie mondialisée qui nous gouverne semble s’être reportée pour servir ses intérêts en Ukraine. Notre pays possède en effet l’armée de l’UE la plus apte au déploiement à l’étranger, doublé d’une puissance nucléaire, disposant d’une constitution qui renforce les pouvoirs de l’exécutif, d’un Parlement soumis, et de médias acquis. Notre pays a donc des moyens intéressants et facilement contrôlable. Les atouts de la France tels que les avaient voulus de Gaulle deviennent ainsi des attraits pour ceux qui nous gouvernent contre notre intérêt. C’est tout le drame de la situation d’aujourd’hui.
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