9 Février 2024 (11H40) – On se doutait bien de quelque chose, mais qui pouvait s’attendre à ce déluge ? Depuis que Tucker Carlson a quitté FoxNews et a réussi ce prodige de créer un agencement exceptionnel d’organisations en réseaux avec l’aide qu’un bon paroissien qualifierait de miraculeuse d’Elon Musk, nous assistons à un spectacle que nul ne pouvait imaginer.
« [P]arce que nous nous intéressons aux médias indépendants émergents, qui pourraient bien être la force la plus puissante de la planète à l'heure actuelle, – considérez ceci : si Tucker Carlson peut interviewer Vladimir Poutine et qu'Elon Musk peut le publier sur X, cela signifie que nous allons tous avoir accès à un point de vue sur un sujet qui pourrait changer la trajectoire des événements mondiaux... » (Russell Brand, sur son canal enthousiaste le 7 février 2024)
Comme chacun sait, l’interview annoncée le 6 février dans une vidéo (100 millions de vues) de Carlson a eu lieu, diffusée hier soir (à l’aube pour nous).
Nous devons revenir avec insistance sur cette remarque déjà faite lorsque, nous référant à l’extraordinaire “quantité” de public de la machinerie Carlson-Musk, l’entreprise constitue, par divers canaux et connectivités d’idéologies et d’engagements dont la connaissance nous importe peu (vertu de l’inconnaissance), une attaque directe contre le Système, la modernité, ce que Guénon désigne comme ‘Le règne de la quantité’. En cela, sans pour autant faire pompeusement de Carlson et de Musk des standards de ‘surhommes’ nietzschéens bidouillés en transhumaiuns en avance sur le programme, mais simplement en observant combien des forces extérieures agencent les moyens technologiques et les psychologies rebelles de la Résistance dans ces temps-devenus-fous, on voit la justification de notre remarque d’avant-hier sur Carlson, – et en cela justifiant notre texte sans ceindre le front de Carlson des lauriers de Jupiter (réservés à Macron) :
« Et là-dessus, vous pouvez estimer que Tucker Carlson est lui-même, désormais sinon déjà, un personnage d’une telle puissance de communication qu’on peut, à lui aussi, lui donner une dimension métahistorique. Bien qu’on puisse deviner vers où penchent mes sentiments, on comprendra que je ne dis pas cela par souci partisan mais pour bien faire mesurer la nature des forces qui font aujourd’hui l’histoire du monde, et comment un seul homme lui-même, seul comme l’était Tintin en 1927 paraît-il (vraiment, quelle drôle de comparaison ! C’est absolument pure dialectique de commentateur pseudo-polémiste), – comment cet homme seul, en usant paradoxalement de son pouvoir quantitatif, balaye littéralement ‘Le règne de la quantité’ que dénonçait Guénon. »
Sur ce même thème, on peut également voir se confirmer combien la stratégie de l’inversion (déstructuration, déconstructuration) utilisé par le Système est extrêmement risquée, fragile, malléable et manipulable à merci, pour nous faire renverser le tout et proclamer l’équation catastrophique pour lui : surpuissance = autodestruction.
La partie n’est pas terminée mais l’on peut déjà admirer la formidable ligne d’attaquants du Système, encombrée de “buteurs-contre-leur-camp” qui ne cessent de transformer en défaites métahistoriques leurs innombrables victoires hollywoodiennes enrobées dans un simulacre bourrées de ‘blockbusters’. La modernité osant tout, voius pourrez très facilement reconnaître ses exploits
De la haine frénétique
Contentez-vous de jeter un coup d’œil sur ces deux vidéos (6 février et 7 février) du brillantissime Glenn Greenwald observant les réactions de la presseSystème (CNN particulièrement) au voyage de Tucker Carlson. Tout est dit et répété ad nauseam. Inutile de s’attarder sur les détails qu’on trouve sur tout le champ de bataille de la presseSystème encombrant de son feu roulant d’apostrophes médiocres le simulacre haineux et hystérique qu’elle a elle-même fabriqué sur instructions, et qu’elle dirige bien entendu contre Carlson de façon à en recevoir en retour tous les débris en pleine face.
Toutes les habituelles insultes, diffamations, mensonges et crise de haine ont été passés en revue durant ces deux jours et continueront à l’être longtemps encore. Bien, Carlson y est habitué et il a le cuir solide et l’éclat de rire ravageur.
Du côté opérationnel du Système, ce sont les habituelles infamies menaçantes et propositions d’actions punitives, à commencer par la liste noire des personnes à assassiner sur le site officiel ukrainien ouvert à cet effet. Est-il utile d’en dire plus ? Juste quelques mots pour marquer dans nos mémoires l’intervention d’un des plus grotesques combattants du Mordor, l’incroyable député belgo-européen Verhofstadt, ce personnage exceptionnel qui parvient, par ses expressions faciales et le ton de sa dialectique exquisement anglo-flamingante à exprimer à la fois le haine ordinaire et la haine extraordinaire des mercenaires du Système. Donc quelques mots de rappel sur ce dont tout le monde a entendu parler ces deux derniers jours et qui ne sera sans doute pas suivi d’aucun effet, le ridicule menaçant dans ce cas d’étouffement la bureaucratie bruxelloise :
« Des reportages dans les médias américains, basés sur des entretiens avec des membres actuels et anciens du Parlement européen, ont confirmé que Carlson pourrait être légalement puni pour son acte de journalisme. L'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, aujourd'hui membre du Parlement européen, a décrit Carlson comme “un porte-parole” de Poutine et de l'ancien président américain Donald Trump.
» “Étant donné que Poutine est un criminel de guerre et que l'UE sanctionne tous ceux qui l'aident dans cet effort, il semble logique que le Service d'action extérieure examine également son cas”, a déclaré Verhofstadt.
» L'ancien membre du Parlement européen Luis Garicano est d'accord avec l'évaluation de M. Verhofstadt. “Il n'est plus un journaliste, mais un propagandiste du régime le plus odieux sur le sol européen et le plus dangereux pour notre paix et notre sécurité”, a déclaré M. Garicano. »
On fera juste une exception pour une personnalité connue pour sa haine, sa corruption et son arrogance, évidemment grande ennemie de Carlson. Pour une fois, Hillary Clinton a vu sa méchanceté doublée par sa bêtise et son inculture. Voulant asséner le coup de grâce à Carlson, elle l’a traité d’une expression qu’elle voulait définitive et qui ne l’est pas du tout puisqu’elle qualifie le récipiendaire de ce terme des années 1930 et 1940 caractérisant une traîtrise et une collaboration avec l’ennemi complètement involontaire, et plutôt du fait de bons sentiments exprimés mal à propos ; se regardant longuement dans son matoir, comme la méchante fée de Blanche-Neige, Hillary a laissé tomber :
« Ce Tucker Carlson est un idiot utile de Poutine. »
Pendant ce temps, Carlson était donc à Moscou, dans l’attente de rencontrer Poutine, et le porte-parole du président russe, Dimitri Pechkov, faisait ces remarques qui, effectivement, fixent le climat de ces heures fiévreuses. Il est rare d’entendre dans la bouche de Pechkov, homme prudentissime et modérissime le qualificatif d’“extraordinaire”:
« La personnalité de Carlson, son arrivée en Russie et l'entretien avec Poutine sont un événement qui a suscité beaucoup d'attention du public non seulement aux États-Unis, mais aussi dans notre pays, pour être honnête. Cette attention est parfois, disons, extraordinaire.” De toute évidence, c'est une interview qui est attendue. [Et] évidemment, c'est une interview qui sera lue et analysée pendant plus d'une journée. »
... En fait, après cette homélie climatique de Pechkov, on arrêtera là nos remarques sur le climat, les conditions et même le contenu de l’interview que tout le monde peut lire et relire, et commenter, et interpréter et ainsi de suite. D’un plus grand intérêt pour nous est un texte d’une autre trempe.
Douguine sur Carlson
Bien entendu, il était inutile d’attendre une réaction de qualité et de profondeur sur cet événement, qui viendrait des élites-zombie de l’Occident-dégénératif. En Russie, par contre, il y a le commentaire d’un philosophe dont la réflexion générale parvient à marier les préoccupations élevées de sa condition et l’actualité que nous vivons, confirmant ainsi le caractère métahistorique de la seconde. Il s’agit d’Alexander Douguine et de son texte (en français) :
« Pourquoi l'interview de Tucker Carlson est-elle considérée comme un tournant pour l'Occident et la Russie? »
Alexander Douguine donne une définition très intéressante du personnage de Carlson, parvenant à marier deux différents courants des élites russes, dont l’une avec laquelle il (Douguine) ne s’accorde guère mais que, pour cette fois, il accueille à bras ouverts. On notera que, dans sa définitions, il rejoint par une question une remarque que nous avions faite il y a dix ans sur une convergence non seulement possible-probable mais inévitable entre un courant de pensée US et la pensée traditionnaliste dominante en Russie.
« Commençons par la partie la plus simple : la Russie. Tucker Carlson est devenu le point de convergence de deux pôles opposés au sein de la société russe : les patriotes idéologiques et les élites occidentalistes qui restent néanmoins fidèles à Poutine et à l'opération militaire spéciale. Pour les patriotes, Tucker Carlson est tout simplement “l’un des nôtres”. C'est un traditionaliste, un conservateur de droite et un farouche opposant au libéralisme. Voilà à quoi ressemblent les émissaires du tsar russe du 21ème siècle. [...]
» [...L]es occidentalistes [russes fidèles à Poutine] ont poussé un soupir de soulagement : voyez, tout n'est pas mauvais en Occident, et il y a des gens bons et objectifs, nous vous l'avions dit ! Soyons amis avec un tel Occident, pensent les occidentalistes, même si le reste de l'Occident libéral globaliste ne veut pas être ami, mais nous bombarde de sanctions, de missiles et de bombes à fragmentation, tuant nos femmes, nos enfants et nos personnes âgées. Nous sommes en guerre avec l'Occident libéral, alors soyons au moins amis avec l'Occident conservateur. Ainsi, les patriotes russes et les occidentalistes russes (de plus en plus russes et de moins en moins occidentaux) s'accordent sur la figure de Tucker Carlson. »
Douguine fait de Carlson, avec les Trump et autres Musk, et même le gouverneur Abbott du Texas, des « visages de la révolution américaine imminente, cette fois-ci une révolution conservatrice. » Il considère ces gens comme des esprits lucides qui comprennent que derrière ce simulacre de série TV qui va de Biden le sénile à Zelenski le clown déguisé en bouffon, des zombies avançant comme des robots déconnectés vers des conflits d’où ne peut sortir qu’un apocalypse nucléaire après avoir achevé la complète déconstructuration de la société, des mœurs, de la pensée et des âmes.
De ce point de vue, il y a une urgence opérationnelle que seule une alliance traditionnaliste transnationale peut arrêter, et la venue de Carlson à Moscou en était bien un puissant signe annonciateur. Même s’il est question de Trump, de Poutine et du reste, cela n’a rien à voir avec la politique, et tout avec les dernières avancées de la GrandeCrise avant qu’elle n’atteigne son point de paroxysme.
« Ce n'est pas le contenu de l'interview de Poutine qui est en cause. C'est le fait qu'une personne comme Tucker Carlson se rende dans un pays comme la Russie pour rencontrer une personnalité politique comme Poutine à un moment aussi critique. Le voyage de Tucker Carlson à Moscou pourrait être la dernière chance d'arrêter la disparition de l'humanité. L'attention gigantesque de l'humanité elle-même à l'égard de cette interview charnière, ainsi que la rage frénétique et inhumaine de Biden, des globalistes et des citoyens du monde intoxiqués par la décadence, témoignent de la prise de conscience par l'humanité de la gravité de la situation.
» Le monde ne peut être sauvé qu'en s'arrêtant maintenant. Pour cela, l'Amérique doit choisir Trump. Et Tucker Carlson. Et Elon Musk. Et Abbott. Nous aurons alors la possibilité de faire une pause au bord de l'abîme. Comparé à cela, tout le reste est secondaire. Le libéralisme et son programme ont conduit l'humanité dans une impasse. Le choix est désormais le suivant : les libéraux ou l'humanité. Tucker Carlson choisit l'humanité, c'est pourquoi il est venu à Moscou pour rencontrer Poutine. Le monde entier a compris pourquoi il est venu et à quel point c'est important. »
Notre conclusion à ce point et sur ce point est que le philosophe
Douguine, pourtant absolument plongé dans l'actualité la plus brûlante,
fait acte parfait d'inconnaissance.
Il saisit l'essence même de l'événement, sans s'intéresser le moins du
monde, ni à l'enveloppe, ni même à la substance dans son détail, là où
se trouvent tous les motifs de polémique et de dispersion de la
nécessaire profondeur du regard.
Note de complément
... En apport supplémentaire de dernière minute, nous recommandons fortement de regarder et d'écouter la vidéo mise en ligne par 'Sputnik.News', présentant l'analyse remarquable de Scott Ritter sur la valeur fondamantale de cette interview.
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