10 décembre 2023

Sommes-nous dans une dérive totalitaire ?

Psychopathologie du Totalitarisme
Sommes-nous dans une dérive totalitaire ?

Dr Loridan : Dans votre livre « Psychopathologie du totalitarisme », vous posez la question : pourquoi nous en sommes arrivés là ? Vous parlez de déferlante totalitaire. Votre livre commence par une phrase choc : « le but n’est plus l’aliénation mais l’annihilation du sujet humain ». La destruction de l’humanité serait-elle l’objectif de la psychopathologie du totalitarisme ?


Ariane Bilheran : Oui, le totalitarisme, justement, est moins un régime politique qu’un « système » (-isme signifiant système) dans lequel, effectivement, « l’être humain », non seulement, peut avoir un prix par un esclavage financier, être une marchandise, mais dans le pire des cas devient absolument super-flux et à supprimer. C’est pour cela que « l’ambition totalitaire » est l’ambition d’annihilation, la suppression des humains dits inutiles, non essentiels !

Ariane Bilheran : Oui, ce sont des phrases que l’on entend de plus en plus et que l’on peut voir dans la banalisation de l’euthanasie que l’on voit émerger de plus en plus et proposée aux gens comme au Canada, par exemple. Cela va avec ce que j’ai indiqué comme étant « l’échelle de dignité ». Dans une philosophie morale classique, digne de ce nom, l’être humain a une dignité qui n’a pas de conditions. Tout être humain doit faire l’objet de droits qui sont inaliénables. Ce n’est pas une dignité sous conditions. On est ce jour dans une logique totalitaire décrite de longue date par la philosophie morale classique et politique, même si le mot « totalitaire » n’est apparu qu’au 20ième siècle. Hegel, le philosophe allemand, le décrit dans « les principes de la philosophie du Droit ». Qu’est-ce qui fonde le Droit humain ? Hegel explique qu’il y a un moyen : « la fin justifie les moyens » et ce principe est « totalitaire ». J’ai le droit d’utiliser comme moyen ce qui n’en est pas un ! : le droit, par exemple, de sacrifier des gens, de tuer des gens, parce qu’il y aurait un idéal plus haut (?!) … Pour le totalitaire, les gens ne comptent pas. Les humains n’ont pas de valeur suffisante pour correspondre à son idéal ou à son idéologie. Et ce que Hegel rappelle de façon très importante, c’est que cette idéologie est toujours subordonnée à une opinion subjective : « je vois les choses ainsi et donc je l’impose à tout le monde ! ». Et cette « vue fausse perverse » justifie de sacrifier des gens au nom d’un idéal supérieur qui n’est que subjectif, jamais une vérité. On est en train de faire un carnage et c’est la logique totalitaire. La « fin justifie les moyens » est un dogme opposé à l’universel et qui en fait est inapplicable.

Dr Loridan : Est-ce cela qui distingue la tyrannie du totalitarisme ?

Ariane Bilheran : Revenons au langage, l’utilisation des mots justes sur lesquels il est essentiel que tous les gens puissent s’accorder. Les gens ne comprennent plus les mots et le dialogue est devenu impossible par incompréhension de leurs définitions.

Le totalitarisme est effectivement un « système » de processus qui vont contaminer la population par leur contagion délirante, au cours de processus psychiques, et amener cette même population dans une logique de plus en plus guerrière, visible ce jour vers des dangers de guerre civile. Depuis 2020, je l’ai annoncé par ce qui correspond à une pathologie de groupe.

La tyrannie est un régime politique avec un tyran. Il y a des points communs avec le système totalitaire, comme l’arbitraire, la persécution, le monopole du pouvoir. Mais le tyran, du moment qu’il a acquis la certitude de son pouvoir, diminue la pression sur les opposants politiques. Il n’a pas besoin de les éradiquer. Le tyran peut exister du moment que les opposants politiques ne mettent pas en danger son pouvoir.

Dans le système totalitaire, il y a la « CONVOITISE » de l’appropriation de la vie intime des sujets. Dans une tyrannie il n’y a pas nécessairement cette convoitise. On peut continuer à avoir une vie intime et même une vie privée, du moment que le pouvoir du tyran n’est pas mis en danger.

Hannah Arendt a insisté sur ce qui fait partie de la pathologie du délire paranoïaque et qui caractérise la pathologie du totalitarisme. La paranoïa est une « psychose », une « contagion délirante », une folie avérée à deux ou à plusieurs qui arrive dans les phénomènes sectaires d’endoctrinements. Ce qui fait que les foules sont entraînées à commettre des actes criminels au nom du bien ! Hannah Arendt dit que quand la persécution ne rencontre plus d’oppositions incarnées par des figures politiques, c’est que la dynamique totalitaire va persécuter les opposants politiques. Ces opposants ne sont pas obligatoirement des politiques, ils peuvent être représentés par tout citoyen. Plus les opposants sont diminués et plus la persécution augmente. Voilà la différence entre la tyrannie et le totalitarisme.

Dans le totalitarisme, une fois l’opposition dépecée, la persécution s’étend à toute la population y compris aux plus fidèles serviteurs de ce système. Et cela est caractéristique du délire paranoïaque qui ne rencontre aucune limite. De plus, il y a l’ambition de la domination planétaire qui ne s’arrête jamais. Il n’y a pas de limite de temps, contrairement à la tyrannie qui est un régime exceptionnel contraint dans le temps. Dans le système totalitaire il n’y a pas de limite de temps mais un état permanent de menace qui justifie que l’on spolie et que l’on supprime les droits de façon permanente et sans aucune limitation, et c’est aussi une ambition spatiale de domination planétaire. Et ceci, Vera Sharav (rescapée des camps de concentration) qui a préfacé mon livre, l’explique au regard de ce qui se passe ce jour, par ceux qui cherchent à soumettre les peuples par les grandes organisations internationales comme l’OMS !

Le tyran s’arrête à un moment. Le totalitaire, lui, va jusqu’à « dévorer ses propres enfants » comme une mère archaïque qui finit par dévorer les siens.

Un terrain a été préparé. Ces processus totalitaires ne sont pas nés en 2020 car depuis longtemps nous étions dans une démocratie de façade avec déjà des procédés totalitaires. On pouvait déjà le voir dans la protection de l’enfance, dans le fonctionnement même des institutions, à travers les entreprises dans la prévention des risques psychosociaux par le harcèlement. On y voyait se constituer des ilots totalitaires avec des méthodes de management (par la peur). Le totalitarisme se repère par son délire.

Qu’est-ce que l’étude des processus psychiques peut dire du totalitarisme qui fonctionne par le harcèlement comme phénomène collectif et non pas seulement par le méchant harceleur contre le gentil harcelé ? Quels sont les mécanismes de soumission d’un groupe ?

Le harcèlement est la méthode totalitaire pour une société qui ne vit plus que par le harcèlement.

Depuis des décennies on peut repérer la perte anormale de l’autorité paternelle. Si une entreprise a des cas de harcèlements, c’est que son terrain est ou « laxiste » ou « extrêmement autoritaire ». La fonction de l’autorité est une fonction sociale qui est incarnée par la loi, par la fonction symbolique, paternelle ; le PERE agit et dit : « il y a des interdits mais je te le rappelle avec bienveillance ». L’éducation est une fonction d’autorité. Quand on assiste à son sabordage on assiste à l’émergence de processus pervers. La perversion c’est instrumentaliser autrui pour sa propre jouissance, son seul bénéfice. ICI, ce n’est pas un délire et ce n’est pas une maladie mentale du point de vue de la psychiatrie, car les fonctions cognitives ne sont pas altérées. Les profils pervers naviguent très bien dans la société. Ce sont des profils narcissiques dans le sens où seule leur jouissance compte, quelle qu’en soit l’objet, et pour cela ces profils utilisent autrui pour arriver à leur fin.

L’opportuniste qui rentre dans un groupe, qui veut faire carrière, qui n’a aucun état d’âme, applique « la fin justifie les moyens ». Si on le laisse faire, il va casser tous les liens du groupe dont les liens d’autorité. Il va ainsi préparer l’arrivée du type « harceleur » au profil paranoïaque en soulignant que le harcèlement est le chef-d’œuvre du paranoïaque.

On ne peut instaurer un système totalitaire sans la psychose paranoïaque. Mais attention au fait que si dans la psychose paranoïaque il y a une intention de nuire qui est totalement assumée, il demeure cependant « en Droit » une pénalisation de ce profil. Dans le profil paranoïaque il y a cette idée saugrenue que c’est de la légitime défense (!), alors que l’intention de nuire est clairement caractérisée ; même si c’est aussi une maladie collective avérée par embrigadement qui fait chuter dans la fonction délirante, il y a vraiment intention de nuire. Ce qui dirige une société c’est le Droit, mais « pas au sens de l’imposture juridique que nous vivons actuellement ». Chaque humain a le droit à une dignité et à la protection de son intégrité. Nous assistons depuis des décennies à un glissement entre la psychologie, la psychiatrie, et le Droit, d’où les sociétés déviantes actuelles. Le totalitarisme c’est la justice qui ne fonctionne plus du tout. Nous assistons à un cambriolage psychique. (D’ailleurs, ce conseiller de Klaus Schawb, Y. N. Harari l’a dit : grâce aux injections nous avons pu vérifier que nous pouvions « pirater » les cerveaux ! Et c’est ce qu’ils font en ce moment même).

Les « médecins » sont à la fois des cibles et des acteurs nécessaires à l’imposteur totalitaire pour la mise en place du système totalitaire car « par leur rôle au service de ce politique » qu’ils exercent sur les corps et les âmes, ils peuvent (et cela leur est expressément demandé) « psychiatriser » (essentiellement des psychiatres asservis à ce pouvoir) les opposants politiques.

Le totalitarisme, pour accéder et se maintenir au pouvoir, a besoin d’idéologie qui est un discours qui se veut un dogme interdit de contester, une certitude incontestable qui vous empêchera de poser toute question, de critiquer intelligemment. « Ce discours n’a aucun rapport avec la logique, la cohérence, l’expérience de la réalité ». Car c’est un discours DELIRANT par « déni » de réalité. Du fait que pour le totalitaire la réalité ne lui convient pas, il change la réalité dans son discours. Son idéologie va tout faire pour imposer à la réalité son faux discours. Dans son discours « nous allons tous mourir », s’il n’y a pas assez de morts, il va en fabriquer parce que l’idéologie « nous allons tous mourir » doit confirmer ses mensonges. Ce n’est pas caricatural, d’où l’utilisation du médicament Rivotril dans les maisons de retraite qui a assassiné intentionnellement des dizaines de milliers de personnes, de même que sera ordonné l’interdiction des traitements précoces efficaces qui ne coûtent rien ou si peu, de même que la fabrication des suicides chez de pauvres gens désemparés de tous les âges. Cette idéologie fabrique la mort dont elle a besoin pour se justifier et c’est sordide, totalitaire. Le drame est tous ces gens des peuples qui y croient. Ils sont empoisonnés psychiquement par ces totalitaires qui usent de leur propagande. C’est ce que l’on nomme la CERTITUDE DELIRANTE.

C’est pourquoi, en psychopathologie traditionnelle : Rien ne peut ébrécher le discours du totalitariste car tout est fait pour correspondre à son discours alors que tout ce qu’il dit est FAUX. « Normalement », il y a une adaptation, « homéostasie », par la capacité à réfléchir sur les environnements temporels en acceptant, en comprenant intelligemment la notion de frustration (pour s’en débarrasser).

Il s’agit avec l’idéologie totalitaire de modifier les représentations des gens, de leur faire croire que la réalité est « rouge », alors que la réalité est bleue. Et pour le leur faire croire on a à la fois des discours mais aussi des images et des vidéos (surtout ce jour pour les manipulations des masses). Tout ceci, le cerveau l’absorbe, il absorbe les discours de peur (la peur retient dans l’esprit de troupeau). Sont fabriqués des comportement Pavloviens comme le seront les marquages au sol, les diverses injonctions dites protocolaires, les masques, les confinements, je bois mon café assis mais pas debout, je marche sur la plage mais je n’ai pas le droit de m’asseoir sur la plage, etc. … (L’absurde caractérise le totalitarisme).

Et les gens y croient. Pour le totalitarisme, il faut absolument modifier les comportements de telle sorte que l’humain absorbe (obéisse et se soumette) lui aussi à cette idéologie et devienne si possible un fervent défenseur de cet endoctrinement sectaire. S’il commence à commettre des actes complices, le citoyen choisira le discours totalitaire pour ne pas culpabiliser de sa soumission dans le mensonge permanent.

Dr Kathia Cadinouche : Au Bhoutan, le gouvernement demandera aux chefs religieux bouddhistes de faire une campagne de propagande et de choisir le meilleur jour pour injecter les gens ! Il en sera de même au Portugal mais par l’intermédiaire d’un général soi-disant patriotique de l’armée. Le taux de vaccinés sera record dans ces deux pays. A Davos, il a été dit d’un commun accord que le religieux et le militaire étaient suffisants pour faire obéir les peuples.

Ariane Bilheran : Oui, ce que nous vivons est bien un projet politique ! Les médecins aussi se protègent dans le déni. Le déni est un mécanisme de défense, une armure que le psychisme se met face à une situation dont il n’est pas en mesure de le penser parce que s’il le pensait, il s’effondrerait, il se détruirait en petits morceaux.

C’est pourquoi cela ne sert à rien de discuter avec des gens qui sont dans le déni parce qu’alors on ne fait que renforcer leur situation angoissante et leur armure.

Ainsi, à un moment, les gens prennent peur de ce que vous leur dites et vous rejettent parce que vous devenez dangereux à leur équilibre psychique précaire. Le déni est un mécanisme de survie individuel et collectif. La psychologie ne peut pas diriger une société à la place du Droit mais elle peut éclairer. Comprendre n’est pas ici une question de volonté, car c’est impossible, sauf cas rare, sauf à sortir de l’idéologie par un remaniement de tout le langage, de sortir de la certitude délirante pour que surgisse le « doute constructif » afin que le sujet arrive à assumer qu’il a été endoctriné. Dans le projet totalitaire mondialiste, il y a la marchandisation des corps, des organes, des nouveaux nés, des ventres. Pour obtenir l’aval des gens, il faut changer les représentations mentales. Pour les changer, le totalitaire infiltre au minimum les institutions et les enseignements universitaires … Le transhumanisme envisage de stériliser une grande partie de la population …

Ariane Bilheran 
Normalienne, philosophe,
Docteur en psychopathologie...

Sources :

1 - Le texte est la transcription d'extraits de la vidéo d’une heure : « Dr Loridan reçoit Ariane Bilheran et le Dr Kathia Cadenouche », du 4/12/23, sur la chaîne de Eric Montana TV-ADP.

2 - Voir la série de 4 épisodes vidéos de Vera Sharav sur Kairospresse.be : « Plus jamais ça, c’est maintenant et mondial ». Des rescapés de l’holocauste dénoncent le retour du totalitarisme.

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