L’INSEE vient de publier les chiffres des créations d’emplois pour 2022. Si elles sont en retrait par rapport à 2021, année historique, elles restent néanmoins vivaces. 444.000 emplois nouveaux ont été créés en France l’an dernier, alors que la population n’a progressé que de 55.000 habitants. En pleine crise liée à la loi sur l’immigration, ces annonces éclairent d’un jour différent un débat très crispé. Mais sur le fond, le portrait d’une France club-médisée et tiers-mondisée prend forme.
C’est la particularité de l’économie française depuis 2015 : plus la population stagne, plus la population active augmente. En dehors de l’année 2020, qui fut exceptionnelle du fait des confinements, la création d’emplois en France est robuste, malgré les ralentissements économiques. Ce phénomène pose un problème structurel devenu inaudible de nos jours, notamment du fait de la crispation autour de la question de l’Islam : la démographie ne produit pas assez de bras nouveaux pour répondre au choc économique des créations de postes, comme le montre l’INSEE dans sa dernière publication.
Ce graphique est tout à fait saisissant, dans la mesure où il permet de “mesurer les dégâts” de la mondialisation sur l’économie française. Comme on le voit, les “secteurs traditionnels” sont en pleine stagnation : l’industrie (moins de 4 millions d’emplois, désormais) et l’agriculture (quelques centaines de milliers de personnes) ne créent plus d’emplois, ou alors de façon anecdotique. La construction en a créé quelques-uns, mais plafonne à 2 millions d’actifs. Au total, ces secteurs ne regroupent pas plus de 6 millions de travailleurs, indépendants ou salariés.
Inversement, le tertiaire non marchand, c’est-à-dire les administrations et les associations, regroupent 9 millions de personnes ! Le tertiaire marchand (l’univers des “services” comme on dit) en regroupe 15 millions. Au total, 24 millions de personnes travaillent dans le secteur tertiaire, soit 6 fois plus que dans l’industrie.
L’essentiel des créations d’emplois intervient dans le secteur tertiaire…
Sur cette carte, on mesure la club-médisation de la France. Non seulement les créations d’emplois vont vers le tertiaire, mais elles profitent essentiellement à la partie sud de la France. Autrement dit, le vieil emploi productif dans les zones austères du Nord et de l’Est de la France est progressivement grand-remplacé par des emplois tertiaires dans le sud. L’INSEE ne va pas jusqu’à détailler la nature de ces emplois, mais enfin, on peut supposer qu’il s’agit d’emplois liés au tourisme : hôtellerie, restauration, divertissement…
Dans le même temps, l’effondrement démographique est terrible : en 2022, la population n’aura augmenté que de 55.000 personnes, pour près de 450.000 emplois créés. Soit un déficit à long terme de 400.000 personnes pour assurer le bon fonctionnement de l’économie. Cherchez l’erreur.
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