L’un des indicateurs de la hausse de la pauvreté en France est le nombre grandissant de ses habitants qui, en ce moment, frappent à la porte des associations caritatives, du type Secours catholique ou Restos du cœur. Quand on observe de près le phénomène, on distingue les pauvres arrivant de régions du monde où la misère est encore plus grande, et un nombre croissant de « nouveaux pauvres » de souche.
Une cause ancienne aura été la rupture des flux et des stocks, conséquence de la pandémie du coronavirus qui a désorganisé l’économie mondiale. Mais ces conséquences s’estompaient à mesure que l’activité économique retrouvait ses marques : nous sommes donc passés d’une crise mondiale à une crise française, causée moins par un contexte économique que par la conduite d’une politique. Commençons toutefois par les responsabilités collectives.
Des erreurs collectives à l’origine de la crise française
Une première erreur collective a été celle des banques centrales qui, pour répondre à la crise financière de 2008, ont gonflé la création monétaire au risque de produire une monnaie de singe incapable de retenir l’inflation qui en découle.
Deuxième erreur collective : suite à l’intervention de la Russie dans la guerre en Ukraine, nos sanctions se sont retournées contre nous, notamment par le renoncement au gaz de Sibérie qui coûte 30% moins cher que l’américain. Notre ministre de l’économie avait rêvé de mettre l’économie russe à genoux, mais c’est le contraire qui s’est produit, car la richesse est étroitement liée à la consommation d’énergie.
Mais à ces causes s’ajoutent, et c’est bien plus grave à long terme, des causes uniquement françaises. La baisse continue du niveau scolaire des Français les désarme face à un futur qui fait appel à plus de compétence professionnelle et académique. Les catégories B et C sont logiquement les plus touchées, 15% de la population vivent au-dessous du seuil de pauvreté.
Etat – Providence en péril
Les délocalisations, motivées par la recherche d’une main-d’œuvre moins coûteuse, ont transformé les Français en consommateurs d’une richesse qu’ils ne produisaient plus eux-mêmes, aveuglés par la doxa de l’avantage comparatif résultant de la division internationale du travail, mais qui n’a pas empêché la Chine et l’Inde d’accéder à une haute technologie désormais concurrente.
En outre, en renonçant à maîtriser ses frontières, la France a mis son Etat-providence en péril : un tiers de son PIB est consacré à cet impératif idéologique par le truchement de sa redistribution sociale. « On ne peut pas regonfler un pneu crevé », disait l’économiste Alfred Sauvy : le système ne pourra survivre que si l’on y colle une rustine.
Enfin, les dépenses excessives consacrées à la transition énergétique, qui entravent les investissements réellement productifs, creusent encore les déficits, poussent l’inflation à la hausse, donc augmentent le nombre de pauvres.
Pour en sortir, la République fait porter par sa population le plus fort taux d’imposition au monde. Or, passé un certain seuil, plus on gagne, moins on paye, grâce à la défiscalisation légale ou illégale. Face aux plus riches avec lesquels l’élite politique a partie liée, l’Etat est trop faible pour agir. Au moins pourrait-il envisager de faire croître la richesse qu’il redistribue : on en est trop loin, la désertification des soins médicaux, la faiblesse ou l’absence des revenus, la précarité des logements, l’insécurité physique, la fracture numérique sont autant de signes d’une crise qui s’est manifestée naguère avec la révolte des gilets jaunes, une foule sans armes que le régime a pu mater. Néanmoins, mater une population ne met pas fin à son appauvrissement.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/11/20/la-pauperisation-du-peuple-francais-par-yves-marie-adeline/
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