... Cette “dernière chance” s’appelle effectivement Sahra Wagenknecht, femme politique de fort belle allure, d’une gauche assez radicale, ou plutôt, pour bien se comprendre avec les mélenchonistes et ce que fut Mélenchon, d’une gauche radicale, souverainiste et nationale, anti-UE, partisane de l’établissement de relations du meilleur voisinage possible avec la Russie, contre l’OTAN. On trouve plusieurs avantages à l’initiative de Sahra Wagenknecht qui fonde un parti dont ‘Bild & Sontag’ dit que 27% des Allemands sont intéressés à éventuellement le soutenir.
On vous dit ci-après ce qui nous séduit dans le projet de Sahra Wagenknecht. Son grand axe est tout autant, – et même plus, on va le voir, – de politique étrangère que de politique intérieure, avec une conscience de la GrandeCrise extrêmement marquée et de la plus grande importance, se différenciant complètement de tous les mouvements populistes de droite européens (sauf Orban) qui se sont tous faits piégés en se concentrant sur les questions intérieures et en rencontrant les contradictions fondamentales de ce choix.
Note de PhG-Bis : « Bon Dieu et Mon Dieu ! Comment être populiste antiSystème si l’on est replié sur sa politique intérieure abruptement anti-migratoire [exclusivement, et pour les pires raisons du monde], si l’on n’est qu’anti-immigration mais à fond et glorieusement pro-israélien c’est-à-dire proaméricaniste tendance neocon BHL-Glucksmann ? Y aura-t-il un Zemmour ou une Le Pen qui nous fera l’honneur d’une claire explication cohérente ? Misérable populismes de droite européen ! On en remet une couche : “La droite la plus bête du monde”
» “La droite la plus bête du monde”, mot national-mollétisme en 1956 de Guy Mollet avec Mitterrand en flanc-garde, Mollet l’homme de la lutte en Algérie contre l’extrémisme radicalise islamiste du FLN, partisan d’une troisième force Ferhat Abbas-Albert Camus... Mesurez donc aujourd’hui les avantages d’une telle formule si elle n’avait pas été brisée par la campagne de terrorisme aveugle et d’une férocité sans nom du FLN en août 1955 en Algérie, soutenue par la plupart des intellos germanopratins, alimentée par les réactions à l’autre extrême de la droite nationale-mais-conne, et aveuglément anti-arabe. »
Sahra (ex-Sarah) Wagenknecht est une personnalité assez rare et absolument foisonnante. D’une extrême beauté, d’un dynamisme non moins extrême, d’un père iranien très vite disparu et d’une mère est-allemande, in extremis (en janvier 1989) membre du SED (PC est-allemand), staliniste pendant quelques années, devenue super-populiste de gauche, constamment (depuis 1992) prorusse dans l’après-Guerre Froide de toutes les façons possibles, favorable (depuis 1997) à la dissolution de l’OTAN et à une UE revenant à une “Europe des nations”.
Elle fut membre vedette et dirigeante du parti ‘La Gauche’ (‘Die Linke’) qu’elle vient de quitter pour fonder son parti après deux-trois ans de brouille interne sévère. Elle est depuis 2010 et depuis la séparation de leurs époux respectifs, la compagne du prestigieux Oskar Lafontaine, fondateur de ‘Die Linke’ et populiste notoire en Allemagne pour sa politique “germano-gaulliste” similaire bien sûr à celle de Wagenknecht.
Son départ de ‘Die Linke’ avec neuf autres dissidents pour former un parti indépendant dont on a vu qu’il répond à des tendances de plus en plus affirmées en Allemagne (une pétition signée par 500 000 Allemands contre la livraison d’armes à l’Ukraine), s’est fait dans les conditions suivantes, détaillées hier soir.
« L'Allemagne aura une nouvelle formation politique de gauche en 2024, après que Sahra Wagenknecht, éminente députée du Parti de gauche, a annoncé la création de son propre parti. Son programme comprendra la normalisation des relations avec la Russie et une politique étrangère axée sur la paix.
» Mme Wagenknecht a annoncé la nouvelle lors d'une conférence de presse à Berlin lundi, déclarant qu'elle et ses collègues transfuges du Parti de gauche avaient “décidé de créer un nouveau parti”. Expliquant la nécessité d'une nouvelle force politique, elle a fait valoir que les choses “ne peuvent pas continuer ainsi”, sinon les Allemands “ne reconnaîtront probablement pas notre pays dans dix ans”.
» La politicienne prévoit que le nouveau parti présentera des candidats aux élections régionales dans les régions orientales de Saxe, de Thuringe et de Brandebourg, ainsi qu'à l'élection du Parlement européen l'année prochaine.
» Selon un nouveau sondage commandé par Bild am Sonntag, quelque 27 % des Allemands n'excluraient pas de voter pour la nouvelle force politique de Wagenknecht. »
Wagenknecht et les neuf dissidentes veulent conserver leurs mandats au Bundestag en tant qu’indépendants jusqu’à la création du nouveau parti et de nouvelles élections en 2024. Le parti ‘Die Linke’ qu’elle vient de quitter en d’assez mauvais termes se battra pour lui faire perdre son mandat avant le terme normal. Pour Wagenknecht, ‘Der Linke’ n’est plus pertinent et n’a plus de raison d’être ; elle espère accueillir d’autres transfuges dans son nouveau parti, dont la dénomination “ Alliance Sahra Wagenknecht – pour la raison et la justice” a été enregistrée en attendant la création de l’organisation. D’autre part, elle juge que Scholz-Annalena est le « pire gouvernement de l’histoire de la République fédérale »
Il est intéressant de reprendre les termes à peu près officiels des buts de son nouveau parti et des grands axes de la politique qu’il suivra. Nous citons cela en demandant que l’on ait à l’esprit la place qui est faite à la politique étrangère.- ; cela fait peut-être doublon avec ce que nous avons écrit plus haut, mais cette occurrence ne fait que renforcer dans nos esprits l’importance extrême apportée par Wagenknecht à cet aspect de la politique générale, et ce qu’elle pense de la politique américaniste-occidentaliste vis-à-vis de la Russie.
« Wagenknecht a déclaré qu’elle chercherait à préserver les “forces économiques” de l’Allemagne ainsi qu’à œuvrer pour plus de justice sociale. En matière de politique étrangère, Berlin devrait s'orienter vers la diplomatie plutôt que vers les livraisons d'armes dans la gestion des conflits, a insisté l'homme politique.
» Elle a vivement critiqué la politique de Scholz à l’égard de Moscou concernant le conflit ukrainien, arguant que l’approche actuelle risque de conduire à un conflit mondial, potentiellement nucléaire. Berlin, selon Wagenknecht, devrait assumer le rôle d’artisan de la paix.
» Commentant précédemment les sanctions antirusses de l’UE, l’homme politique a affirmé à plusieurs reprises que les mesures punitives faisaient plus de mal à l’économie allemande qu’à l’économie russe et qu’elles devraient donc être levées.
» Wagenknecht est également un critique éminent du « projet d’élite » de l’Union européenne et de l’OTAN, et plaide en faveur d’une plus grande indépendance des États nationaux. »
Le populisme en notre-temps
Il est temps, pour mieux apprécier ce que pourrait être Sahra Wagenknecht si elle réussissait son installation au centre de la vie allemande, de parler des populistes européens. Des tonnes de bouquins et de débats, d’idées, de théories, et tant de choses leur ont été consacrés, mais sans jamais quitter le terrain théorique et le domaine de l’idéologie politique. Bien entendu, le rapport de tout cela avec l’immigration est écrasant et étouffant à la fois puisqu’il est le principal déterminant de l’identité qui est des fondements théoriques du populisme.
Tout cela fait que ces débats populistes se retrouvent dans une écrasante majorité sur le terrain de la politique intérieure. Tout cela fait que, depuis notamment la guerre en Ukraine (et la crise Hamas-Israël qui a suivi), les populistes se trouvent en ordre très dispersés sur ces questions, et le plus souvent du côté des forces (américanistes-occidentalistes) qui sont la cause profonde et essentielle des vagues d’immigration que subit notamment l’Europe. Ces contradictions sont extrêmement irritantes et constituent, soit une impasse, soit un cul-de-sac pour les populistes.
`Comme on le met en évidence, l’attitude de Wagenknecht fait espérer une toute autre évolution. Sa conscience aigüe des rapports étroits entre politique extérieure et situation intérieure est un facteur fondamental qui la différencie des autres populistes européens en général. Le constat est important car Wagenknecht a très largement ses chances en raison du mécontentement des Allemands concernant cette politique extérieure Wagenknecht justement.
Du point de vue politique se pose la question des rapports que son nouveau parti aura avec les électeurs de l’AfD, en pleine fulgurante ascension électorale.
• Elle devrait certainement prendre des voix à l’AfD, surtout des nouveaux électeurs de ce parti d’extrême-droite.
• Peut-elle trouver en plus des voix d’électeurs qui épousent les thèses anti-immigration et prorusses mais ne veulent pas voter AfD ?
• Y a-t-il pour elle un moyen et une volonté d’entente évenbntuelle avec l’AfD ?
Quoi qu’il en soit, il ne fait aucun doute que cette initiative de Wagenknecht constitue une des rares possibilités, sinon la seule, d’un renversement de la catastrophique direction instaurée par le Système. Wagenknecht a un avantage : elle n’a pas, comme Merkel, à cacher qu’elle a été une militante communiste active, même pour un temps très court, dans la RDA d’avant la chute du Mur. Tout le monde le sait et elle vit très bien avec.
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