19 septembre 2023

Youpi ! La lutte contre “la haine” sur les intertubes continue de plus belle !

Le bruit de fond, léger il y a encore quelques années, devient progressivement plus fort : selon lui, il semble évident que les intertubes, les réseaux sociaux et le web permettent une fois encore aux discours de haine de proliférer. C’est honteux !

C’est bien simple : il ne se passe plus une semaine sans qu’on voie une nouvelle démonstration de l’abominable haine qui se déchaîne dès que les médias et les politiciens tournent le dos. Tout le monde sait que, lorsque les brigades du bon goût ne patrouillent pas, lorsque l’indispensable morale et la bonne tenue citoyenne ne sont plus correctement enseignées et appliquées avec force de loi, les méchancetés fusent sur les réseaux et bientôt, le ventre fécond de la Beuhête Immonheudeux donne naissance à l’une de ces tripotées d’extrêmistes de la turbodroite complotistes néofasciste antivax aux penchants poutinesques difficiles à cacher.

Heureusement, tous les niveaux de pouvoir (locaux, nationaux et internationaux) ont fermement auto-saisi leurs membres afin de vigoureusement secouer le statu quo et mettre un terme à ces débordements.

L’Union européenne a, par exemple, largement compris le problème et tout fait pour y mettre un terme : grâce à la récente mise en place du Digital Services Act (DSA), la censure va pouvoir s’abattre lourdement contre ceux qui auront la fort mauvaise idée de s’élever contre les Vérités Officielles, qui useront de langage ou de termes interdits, qui flirteront un peu trop avec l’ironie pour tenter de faire passer des messages dont on sait, à présent, qu’ils poussent trop d’individus à abandonner la pensée de groupe et à sombrer dans le réalisme et le doute raisonnable.

Rassurez-vous, la France n’est pas en reste.

Outre l’évidente surcouche que son indispensable administration va appliquer au DSA afin de transformer les pénibleries bureaucratiques européennes en usine à gaz toxique franco-française, le Parlement s’emploie actuellement à mettre sur pied une nouvelle bordée de petits articles bien ficelés (la loi SREN) dont l’objet consiste à “sécuriser et réguler l’espace numérique”, c’est-à-dire cet Internet qui continue malgré les exhortations de tous nos politiciens à demeurer des zones de non-droit où les cow-boys binaires enchaînent duels au pistolet numérique et beuveries intertubesques indécentes à base de gif animés et de mèmes moqueurs qui font rien qu’à détruire leurs narratifs.

Imposition d’une vérification de l’âge puis de l’identité complète des internautes pour accéder aux sites (miam, l’identité numérique intensive !), délais très courts imposés aux fournisseurs d’accès ou de contenu pour retirer l’une ou l’autre publication jugée illégale ou offensante et on va même jusqu’à l’interdiction des VPN (comme dans certaines dictatures), la panoplie des outils contondants à disposition de l’État pour tabasser réguler moelleusement le citoyen s’étend drôlement avec cette nouvelle prouesse législative taillée sur mesure pour une dictature numérique auquel les Français échapperont car Nous Ne Sommes Pas En Corée Du Nord Que Diable.

On y goûtera tout particulièrement l’article 6 qui imposera aux serveurs de noms et aux navigateurs web de bloquer tout site figurant sur une liste noire élaborée par les cadors du gouvernement pour des infractions présumées, via une simple autorité administrative, sans passage par la case tribunal ou organe indépendant.

Fastoche.

Il est évident que, d’une part, ce projet de loi sera voté (les potiches parlementaires obéissent aux saucisses gouvernementales) ; il semble aussi acquis, d’autre part, qu’il n’y aura aucune dérive et que la loi sera appliquée avec clairvoyance par ces autorités administratives désignées.

D’ailleurs, ce qui se passe entre Elon Musk et l’Anti Defamation League (ADL) et la CCDH n’illustre absolument pas ce à quoi une dérive peut mener.

Utilisant la lutte contre la haine en ligne et un discours que certains, hardis, pourraient qualifier d’un chouilla woke, ces associations ont manifestement jugé nécessaire de démarcher les sociétés faisant de la publicité sur X, la plateforme de Musk, afin de les en dissuader et forcer progressivement le réseau social à se départir d’une importante source de revenus. Le patron, en ayant eu vent, a porté plainte pour diffamation.

L’avenir nous dira ce qu’il en était en coulisses mais si l’on peut redouter ce que parviennent à faire des associations influentes pour museler les individus et les plateformes qui leur déplaisent, on ne peut que redouter ce qui se passera lorsqu’à la place de ces groupuscules aux agendas toxiques, on trouvera le gouvernement français dans un rôle encore bien plus persuasif et contraignant, avec un pouvoir de coercition quasiment illimité, l’autorité administrative faisant office de juge étant directement sous la responsabilité des saucisses gouvernementales.

Le pompon sera cependant atteint lorsqu’en lieu et place de la fameuse “autorité administrative”, on trouvera l’un de ces joyaux à la mode, à savoir une intelligence artificielle ou plus exactement ce qu’un bouffon gouvernemental du numérique nous fera passer pour tel et qui aura été préalablement programmée, entraînée et testée par ses soins avec des objectifs flous mais pratiques pour lui.

Ce n’est pas de la science-fiction : alors même que l’actuel projet de loi SREN est encore dans les tubulures chromées de la République d’Enmarchistan, on apprend par exemple qu’à partir de novembre prochain, certains jeux vidéos – en l’occurrence, Call Of Duty pour le moment – verront leurs espaces de communication entre membres être espionnés par une intelligence artificielle qui tentera de détecter en temps réel les discours jugés toxiques, haineux ou discriminants.

Dans un premier temps, une équipe humaine de modération sera saisie par le robot lorsque ce dernier jugera que les échanges sont inappropriés. On imagine sans mal qu’ensuite, cette équipe humaine, coûteuse, sera elle-même remplacée par le robot s’il est suffisamment efficace.

La suite est déjà tracée.

D’une part, une fois le système en place, il sera étendu rapidement à peu près partout. La moindre discussion contenant l’une ou l’autre expression discutable ou jugée haineuse pourra valoir bannissement. Récupéré par les autorités et autres brochettes de clowns avides de pouvoir, il sera déployé là encore partout où ils le jugeront nécessaire, rendant irrespirable l’intégralité des lieux publics qui vont se transformer en poulaillers à Karens multiples, hystériques et branchées H24.

D’autre part, il apparaît assez clair qu’à mesure que ces barbelés numériques seront érigés autour des langues de nos concitoyens, ceux-ci vont progressivement apprendre – à leur dépens – que le conformisme, l’acquiescement niais aux thèses en vogue et l’obéissance servile permanente ne peuvent mener qu’à leur malheur. De façon ironique, cette situation ne fera que grossir les rangs de ceux qui, depuis le début, avertissaient des dérives et militaient pour une liberté de parole totale et inconditionnelle.

Mais il sera alors trop tard et ce sera bien fait : on avait prévenu.

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