02 septembre 2023

Maggi, Maggi, même nos grands groupes boivent le bouillon



L’info de la semaine : Face à l’inflation alimentaire, le triomphe des marques de distributeur (MDD). Les ventes des grandes marques ont connu une baisse significative de 7,3% sur l’année écoulée, tandis que les ventes des marques de distributeurs (MDD) ont augmenté de 4,2%. Cette tendance s’est notamment accentuée au cours de l’été. Pour faire face à l’inflation, les clients optent en effet de plus en plus pour des produits siglés MDD, les préférant aux grandes marques nationales ou internationales. En juillet 2023, l’écart de vente entre ces deux catégories de produits a atteint un niveau record de 11,5% entre ventes en volume des MDD et chiffre d’affaires des marques nationales.

Cette tendance n’est pas près de s’inverser puisque ce sont les distributeurs eux-mêmes qui mettent désormais de plus en plus en avant leurs propres labels, moins chers, en tête de gondole, notamment dans le cadre, assez flou, des « paniers anti-inflation » téléguidés depuis Bercy par Bruno Lumière©, qui sont majoritairement composés de produits maison proposés par certains distributeurs. De plus, les conflits tarifaires entre distributeurs et fournisseurs ont également eu un impact sur les ventes, les firmes spécialisées dans les biens de consommation courante (P&G, Unilever, etc.) et les industriels de l’agroalimentaire étant régulièrement accusés de gonfler – « rattraper », rétorquent-ils – leurs marges. Cette évolution des préférences d’achat se traduit symétriquement par une baisse des ventes de produits bio, dont la réputation de cherté, sans que la qualité soit toujours au rendez-vous, est méritée. En juillet, les ventes de produits bio, qui ont chuté de 11,4% en un an, ont ainsi représenté moins de 4% des ventes de produits de grande consommation en GMS (grandes et moyennes surfaces). Des modèles économiques pérennes restent à réinventer pour nourrir les Français.
 
Le chiffre de la semaine

+107,4%, la hausse des faillites des entreprises de plus de 250 salariés entre juillet 2019 et juillet 2023

Même les ETI (entreprises de taille intermédiaire, dont l’effectif est compris entre 250 et 5000 salariés) et les grandes entreprises (de plus de 5.000 salariés) font les frais de la soviétisation de l’économie orchestrée pendant le Covid !

Au cours des 12 derniers mois, il a ainsi été enregistré près de 50 000 défaillances d’entreprises, dont, premier fait nouveau, une grande partie de microentreprises (ex-autoentreprises). En examinant de plus près les chiffres, la situation est particulièrement préoccupante pour les petites et moyennes entreprises (PME). Les TPE de moins de 10 salariés ont enregistré une augmentation des faillites de 79,4% par rapport à l’année précédente et de 60% par rapport à 2019. Les entreprises de 10 à 100 salariés ont connu une augmentation d’environ 100% sur un an, tandis que les entreprises de 100 à 250 salariés ont enregistré une variation de 75,8% en glissement annuel et de 52,9% depuis 2019.

Mais de cela nous avions déjà parlé avant l’été. La vraie surprise concerne donc les ETI et les grandes entreprises qui sont à présent les plus touchées, avec une augmentation de 143,5% sur un an et de 107,4% par rapport à 2019. Ces chiffres reflètent l’ampleur des difficultés auxquelles les entreprises françaises sont désormais confrontées, toutes tailles confondues. Et comme les entreprises en situation de défaillance sont bien évidemment susceptibles de licencier, attendons-nous à présent à lire dans les statistiques un double impact négatif sur le taux de chômage et sur la consommation. Cette tendance est d’ailleurs observée dans toute la zone euro. Une chose est désormais certaine : la France ne peut plus échapper à la récession, sauf artifice statistique dont la macronie a le secret. Attachez vos ceintures.

La déclaration de la semaine

« L’année prochaine, les dépenses de l’État vont baisser de plus de 3% en volume. » Emmanuel Macron

… c’est-à-dire que, compte tenu d’une inflation annuelle redescendue à 4,3%, les dépenses de l’État vont, sans surprise, croître, en valeur, de 1,3% au moins ! Macron n’est décidément pas Mozart : il est Gérard Majax !

Dans un récent entretien télévisé, le mari de Brigitte s’est en effet fendu de l’annonce d’un « changement de cap » (mais lequel suivions-nous au juste depuis 2017 ?) après les années de dépenses massives liées à la pandémie. Il prévoit désormais de… réduire les dépenses publiques, notamment dans le domaine du social. L’année prochaine, les dépenses de l’État devraient ainsi « diminuer de plus de 3% en tenant compte de l’inflation ». L’objectif serait donc de réduire le poids de la dette à partir de 2026 et de ramener le déficit sous les 3% en 2027 pour la seconde réélection de notre Laideur Maximo, lequel a mis tout son talent à identifier, selon lui, les principaux postes qui nous « coûtent un pognon de dingue » : le RSA, les indemnités chômage, les allocations logement et les dépenses de santé et de retraites. Avec un lexique qu’il a dû emprunter à Paul Ricoeur, Emmanuel Macron a aussi insisté sur la nécessité de « passer d’une approche curative à une approche préventive en matière de dépenses », notamment dans la santé. En pleine folie covidienne, Castex l’avait bien dit : « La meilleure façon de ne pas engorger l’hôpital, c’est de ne pas tomber malade. » Alors, qu’attendez-vous les amis ?

Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/09/02/maggi-maggi-meme-nos-grands-groupes-boivent-le-bouillon-par-florent-machabert/

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