Je ne crois pas m’avancer trop audacieusement en observant qu’on peut dire littéralement que certains dirigeants du ‘Sud Global’ ne supportent plus, – littéralement, c’est sûr ! – la présence des hordes américanistes-occidentalistes, et encore plus précisément celle de Biden qui coincent ses interlocuteurs dans les entretiens de couloir entre son gâtisme, ses postillons et ses insultes. Il ne fait aucun doute que les caractères personnels divers de Joe Biden, ainsi que la cohorte de casseroles familiales qu’il traîne au cul, finissent par gravement indisposer certains des présidents de divers pays, dont certains ont été “cancellés” ces dernières années par la police LGTBQuiste de la Grande République.
Je n’ai pas l’intention ici de vous annoncer de grandes nouvelles, ou de vous faire suivre de manière rationnelle et ordonnée l’évolution d’une ou l’autre grande affaire du temps, mais plutôt de vous parler du climat que je ressens. Je veux dire qu’il s’agit d’une évolution perçue comme un ‘ressenti’, comme un changement de climat par conséquent et je ne vous surprends pas en notant que vous savez bien la terrible crise de changement climatique des affaires politiques du monde... Il s’agit de la « Dernière Valse » selon le titre qu’on lui réserve mais moi j’y verrais plutôt une « Valse à mille temps », celle des fous, des foldingues, des déchaînés soudain expédiés hors de leurs espérances diaboliques, comme une « Java du Diable » qui vous emporte !
D’abord et pour tout dire, voyez donc comment notre ami M.K. Bhadrakumar nous présente (‘Indian PunchLine’, – trad. du ‘Sakerfrancophone’) les conditions de la préparation et de la mise en scène et en place des conditions d’activité du G20 qui tiendra ses assises en Inde cette année ; je veux dire dans quelques semaines pas plus.
« Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le point commun des décisions prises à Moscou et à Pékin est que leurs dirigeants ne sont pas du tout intéressés par une quelconque interaction avec le président américain Joe Biden, qui campera à Delhi pendant quatre jours et disposera de tout le temps nécessaire pour organiser des réunions structurées, au moins quelques “apartés” et d’autres choses du même genre, qui pourraient être filmées.
» Les considérations de Biden sont d’ordre politique : tout ce qui peut contribuer à détourner l’attention de la tempête qui s’abat sur la politique américaine et qui menace de déboucher sur sa destitution, laquelle pourrait à son tour compromettre sa candidature à l’élection de 2024...
[...] Tant Poutine que Xi Jinping ont appris à leurs dépens que Joe Biden est un grand maître du double langage, disant une chose à huis clos et agissant totalement à l’opposé, se montrant souvent grossier et offensant au niveau personnel dans une démonstration sans précédent de diplomatie publique grossière. »
Je dirais sur un ton prudent et un verbe retenu, – j’ai entendu la phrase, alors je la pompe, – que “Les diplomates indiens de haut niveau avaient compris depuis longtemps déjà qu’un événement conçu dans le monde d’hier, avant que la nouvelle guerre froide n’éclate, n’aurait pas la même ampleur et la même signification aujourd’hui”.
Pourtant, l’on comprend que Delhi doit se sentir déçu sinon un peu frustré. On admettra en effet que les impératifs de Poutine et de Xi Jinping vis-à-vis du G20 et de la bande à Biden n’ont rien à voir avec les relations de leurs pays avec l’Inde ; je veux dire qu’il est injuste que l’Inde (et la stature de Modi) souffrent des difficultés des relations de la bande à Biden avec Poutine et Xi.
Avec une habileté consommée, les divers organes du gouvernement indien impliqués dans cette affaire ont donné à l’absence de Poutine et de Xi, certes sans les nommer, une tournure bureaucratique tandis que le G20 devient une rengaine classique qui n’implique certainement pas, pour cette occasion, une quelconque satisfaction exceptionnelle de Modi de recevoir le président des États-Unis. On affirme simplement et sans insister en rien, disons comme dans les “affaires classées” glissées parmi les “affaires courantes”, que
« le niveau de participation aux sommets mondiaux varie d’une année à l’autre. Dans le monde d’aujourd’hui, où les dirigeants sont très sollicités, ce n’est pas toujours possible. »
C’est une déclaration du type “J’dis ça, j’dis rien”, bien connu dans le monde des affirmations franches et substantielles où il s’agit de passer le temps sans trop en faire, sans trop en dire et ainsi de suite. Comme on le voit en conclusion de son texte, voilà un Bhadrakumar soudain remarquablement emporté dans un style qu’on pourrait qualifier de “déluré”, sinon plein de fougue et au bord de la moquerie, toutes choses si rares chez lui jusqu’ici. Cela montre tout clairement et nettement que, pour lui aussi, le monde a changé, et que les grands acteurs du “monde d’avant” qui vous envoient des présidents à peine nubiles ou déjà séniles dont la pensée s’arrête à une feuille de route datant des années 1990, n’ont plus rien à proposer de quelque intérêt que ce soit. Alors, au nom de Vichnou doit-il se dire en se souriant intérieurement à lui-même, il est temps de le leur faire savoir !
Il nous informe donc sans prendre trop de gants qu’il est temps que les cowboys rangent leurs chevaux dans des granges bien garnies de céréales venues d’Ukraine, et qu’ils s’occupent de leur grand Ouest sauvage pleins de migrants sans-papier et de sans-domicile-fixe bourrées de drogues chimiques et diverses :
« Les ministres des affaires étrangères du G20 n’ont pas réussi à adopter une déclaration commune et les délibérations, sous la pression des pays du G7, “se sont égarées dans des déclarations émotionnelles“, comme l’a déclaré plus tard le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Poutine et Xi ne s’attendent probablement pas à ce que le sommet du G20 débouche sur des solutions décisives.
» Il est fort probable que le prochain événement de Delhi, ce week-end, soit la dernière valse entre les cow-boys du monde occidental et les pays du Sud, de plus en plus agités. Le renouveau de la lutte anticoloniale en Afrique est de mauvais augure. Il est évident que la Russie et la Chine mettent leurs œufs dans le panier des BRICS. »
Les BRICS, justement... il est évident que ni les Russes ni les Chinois ne veulent à aucun prix désobliger l’ami Modi. (On l’a vu, Poutine va jusqu’à faire dire que l’affaire de ces cartes frontalières chinoises qui prétendent faire chinoise une partie du territoire frontalier indien, ne témoigne pas d’une grande habileté de la part des frères chinois.) Quoi qu’il en soit, on comprend que les deux autres sommets du triangle des trois géants des BRICS ne veulent pas laisser passer ce G20 en donnant à Modi la moindre raison de se sentir délaissé, encore moins trahi ; il est hors de question de traiterde la sorte des amisaussi importants... C’est bien l’argument que Mercouris avançait lors d’un débat à trois il y a peu, sur sa chaîne ‘TheDuran’ :
« Pour consoler Modi de l’absence de Poutine et de Xi au G20 de Delhi, il serait question de proposer la création d’un secrétariat général permanent des BRICS, et que ce secrétariat soit installé en Inde, si vous voulez comme l’OTAN se trouve à Bruxelles. L’idée de la localisation est venue après l’idée de créer un secrétariat permanent, qu’on imaginait d’abord installé en Chine...»
Voyez comme les choses basculent dans cette époque absolument hypersonique ! Il y a un an, six mois ; trois mois, on parlait encore du G20 avec des trémolos dans la voix et les yeux mouillés. On décomptait qui serait là et qui n’y serait pas. On supputait les entretiens en marge, les places à table, les interventions de qui, pourquoi, comment. Il y avait une atmosphère grand’messe et l’on parlait de Biden comme s’il s’agissait d’Obama. C’était comme une magnifique apothéose d’un monde encore bien rangé !... Eh bien, je vous le dis comme je le ressens, tout ça c’est en train de finir.
Relisez avec tout cela à l’esprit la phrase de M.K. sur la façon dont la bureaucratie indienne nous fait avaler la couleuvre de l’absence de Poutine et de Xi, – et alors ?... Et vous découvrez que l’effet est de réduire complètement le G20 à une sorte d’assemblée provinciale où l’on vient si l’on a le temps, si l’on n’a pas un match de tennis à voir ou un beau concert à présider :
« [L]e niveau de participation aux sommets mondiaux varie d’une année à l’autre. Dans le monde d’aujourd’hui, où les dirigeants sont très sollicités, ce n’est pas toujours possible. »
On est “très sollicité”, c’est-à-dire qu’on a autre chose à faire qu’à essayer de comprendre les gargouillis de Biden en train de manger goulûment son dernier cornet d’ice-cream. Le fait d’éprouver cette sorte d’impression, au travers du changement très-subtil du ton habituellement si mesuré et maîtrisé d’un ancien grand diplomate, – Grand Dieu, nous appeler, nous, “cowboys du monde occidental”, allons M.K. ! – est un moyen bien plus sûr que les grandioses analyses des experts assermentés du Système et spécialiste de l’emplacement des clous délimitant leur parcours pour juger d’un changement très-profond de l’état d’esprit du monde.
Source : https://www.dedefensa.org/article/le-g20-des-pompes-funebres
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