06 septembre 2023

La responsabilité de l’Église dans le basculement – ou non


URBI & ORBI n°42 – Contrairement à ce que croient souvent les catholiques eux-mêmes, l’Église ne doit surtout pas chercher à s’adapter aux modes, tyrannies et lubies de son époque. Elle doit au contraire rester fidèle à elle-même car elle est le dépositaire de toutes les vérités qui ont permis l’épanouissement universel des libertés. C’est pourquoi on peut être inquiet du prochain synode d’octobre à Rome : les prélats et les activistes progressistes qui le pilotent ont la forte tentation de se rallier au Great Reset.
 

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Il y a une vieille idée qui traîne, par exemple dans le journal La Croix : le problème des catholiques, c’est qu’il ne seraient pas assez rapides à s’adapter à leur époque. Les idées les plus paresseuses sont les plus difficiles à déraciner.

Pourtant, quand on connaît un peu l’histoire de l’Église, quand on lit les derniers travaux, qui renouvellent notre connaissance du christianisme, on s’aperçoit que l’enjeu est exactement le contraire. L’Église a été le berceau de TOUTES nos libertés. Il ne faut surtout pas qu’elle abandonne son corpus de doctrine – l’Écriture et la Tradition explicité au premier chef par les papes – car il s’agit de la boussole. Si on casse la boussole, on perd le nord !
Deux ouvrages fondamentaux pour comprendre le rôle de l’Église dans l’origine de nos libertés

Je recommande ici deux ouvrages fondamentaux : 
 


Vous y découvrirez l’invention de la civilisation des libertés, entre Saint Augustin (Ve siècle) et l’Ecole théologique de Salamanque (XVIe siècle). 

Au risque de faire de la peine au pape François….

Prenons un sujet de contresens habituel. Le nombre de chrétiens qui ont mauvaise conscience quand on leur parle du capitalisme…..! Alors que le capitalisme est une invention catholique !

Aux XII-XIIIe siècles, les moines cisterciens d’Italie du Nord constatent que la révolution agricole leur permet de faire d’énormes bénéfices. Or l’Évangile et leur règle leur enjoignent de ne rien garder pour eux. Les moines inventent alors l’épargne et l’investissement : les profits réalisés par une agriculture toujours mieux “managée”, dont les produits sont commercialisés de plus en plus loin du monastère, seront investis dans d’autres activités.

A la même époque, les banquiers des villes d’Italie du Nord inventent de nouvelles techniques pour faire circuler l’argent investi, à commencer par la lettre de change. Aux XIIIe-XIVe siècles, les Franciscains, qui se sont installés en ville, pensent jusqu’au bout les conséquences de la pauvreté évangélique : ne rien garder pour soi, faire circuler l’argent, prendre à la lettre l’impératif de Jésus, celui de faire fructifier les talents reçus.

Wikibéral écrit très justement à propos de Saint Bernardin de Sienne :

Bernard a été le plus grand économiste scolastique après Thomas d’Aquin et le premier théologien à écrire un ouvrage entier d’économie depuis Pierre de Jean Olivi. Ce livre, Des contrats et de l’usure, traite de la justification de la propriété privée, de l’éthique du commerce, de la détermination de la valeur et des prix et enfin de l’usure.

Il est l’un des premiers à étudier le rôle de l’entrepreneur. Il identifie chez ce dernier quatre dons : l’efficacité, la responsabilité, l’ardeur au travail et le courage de prendre des risques. Bernard note que, puisque très peu de personnes ont ces qualités, il est normal de récompenser leur travail par un gain sur le commerce (un profit). Wikiberal, Bernardin de Sienne

Petit à petit, la pensée catholique admet la distinction entre le prêt à intérêt moderne (qui récompense un risque et permet de faire circuler l’argent plus vite) et l’usure, où le créancier écrase de facto le débiteur par un taux d’intérêt à deux chiffres.

Si vous voulez comprendre l’extraordinaire dynamique économique créée par le christianisme, lisez :
 
 

Le risque que l’Église fait courir au monde aujourd’hui

En réalité, le socialisme n’est pas – désolé très Saint-Père – une idée chrétienne mais la retombée dans un système archaïque païen que Karl Wittfogel avait magistralement décrit dans Le Despotisme Oriental :
 
 

On peut dire la même chose de l’adhésion du pape François à une forme punitive de l’écologie. Le programme politique de beaucoup d’écologistes est fondé sur une adoration toute païenne de la Terre. Le premier reproche que je fais, comme catholique, à Laudato Si, le texte du pape François sur l’écologie, c’est la disparition de l’Espérance. Notre horizon est bouché, sauf à renoncer au commandement divin de faire fructifier la création.

J’y vois aussi un manque de foi ; je pose souvent la question aux cathos climato-fanatiques ; vous croyez vraiment que le bon Dieu nous connaît si peu, lui qui nous a faits, qu’il n’ait pas anticipé les dégâts que nous pourrions infliger à la création ? Et qu’il n’ait pas créé cette dernière suffisamment robuste ? Le problème, comme disait le Cardinal Daniélou à la fin des années 1960, c’est “l’effondrement de la foi chez les clercs”

Le problème, nous en avons souvent parlé au Courrier, c’est que le Pape François semble, sur plusieurs sujets – dirigisme économique, malthusianisme, écologie, vaccins ARNm contre le COVID – aller dans le sens des puissants du moment en Occident. 

Le danger du “synode sur la synodalité”

De la persécution par l’Empire romain à celle par les totalitarismes modernes, l’Église a pour habitude de résister aux puissants et de prendre le parti des petits, des plus fragiles etc.. Je sais qu’il existe une légende noire, complaisamment répandue – quelle institution humaine n’a pas ses faiblesses ? – mais les compromissions de la hiérarchie épiscopale des catholiques ordinaires a été moins fréquente que les exemples magnifiques donnés par un Thomas Becket, un Thomas More, les Vendéens luttant pour la liberté religieuse, les papes menant la lutte spirituelle contre fascisme et communisme au XXe siècle….

Précisément, puisque nous évoquons des moments où le christianisme ne joue plus son rôle, je crains que nous y soyons avec le synode qui aura lieu à Rome des 4 au 29 octobre. Le document de travail, sur lequel nous reviendrons, est non seulement très pauvre intellectuellement (ce n’est pas très catholique) mais permet, si l’on n’y prend garde, entrisme et prise de pouvoir par une minorité d’activistes entièrement acquis à un agenda “GrandResetien” .

L’Église est universelle. Le soutien au Grand Reset est le fait d’une minorité d’ecclésiastiques et de laïcs infestés de progressisme occidental. En Afrique, en Asie, en particulier, on ne suivra pas. Cependant, il y a un vrai risque que le Saint-Siège soit durablement divisé. Et que, donc, il manque un frein puissant aux forces destructrices du Great Reset.

Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/09/06/la-responsabilite-de-leglise-dans-le-basculement-ou-non-vers-le-great-reset/

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