Préliminaires
Cadre : Le 29 mars 2023, plus d'un an après que la nation russe est entrée dans la vallée d'Elah pour défier l'hégémonie mondialiste basée sur l'anglosphère et mettre fin à son « moment unipolaire », qui dure depuis trois décennies, le ministère russe des Affaires étrangères a pris sa première décision. C’est une étape importante pour élargir ce défi à l’arène de la Weltanschauungskrieg [1] en lançant la première conférence mondiale sur la multipolarité.
Cette conférence, largement organisée en ligne, a rassemblé plus d'une centaine d'activistes dissidents et de publicistes éminents dans les domaines de la géopolitique et de la philosophie politique du monde entier, pour coordonner, synchroniser et accélérer la démolition des fondements idéologiques de l'hégémonie mondialiste, c'est-à-dire son système libéral des (anti-)valeurs et des idées (contrefaites) normativistes et nihilistes culturelles.[2] L'un des discours les plus incisifs de la conférence a été prononcé par l'universitaire franco-marocain (historien des religions) et publiciste (analyste géopolitique) Youssef Hindi (né en 1985) : il traitait des implications géopolitiques de la « convergence des catastrophes » à laquelle l’Europe (occidentale) est actuellement confrontée. [3] Voix importante dans le mouvement multipolaire encore informel mais en plein essor, il est important que le travail de Hindi devienne également accessible en dehors du monde francophone : cette revue de l'œuvre de Hindi de 2023, non encore traduite, La Guerre des Etats-Unis contre l'Europe et l'avenir de l'État, répond à cet objectif. Les lecteurs engagés dans les mouvements eurasistes et multipolaires découvriront que l'analyse lucide de la géopolitique actuelle par Hindi est fondée sur une solide vision du monde traditionaliste, ainsi que sur une adhésion constante aux enseignements fondateurs de maîtres politico-philosophiques et géopolitiques tels que Carl Schmitt et Karl Haushofer - des enseignements qu'il développe et applique à la « crise du monde moderne », qui est devenue incontrôlable sous nos yeux au cours des dernières années de la « Grande Réinitialisation ».Objectif : Le but de cette présente revue de La Guerre d'Hindi est d'aider les mouvements eurasistes et multipolaires - le premier mouvement se rapporte comme une matrice et un point de référence au second mouvement - à créer une vision du monde à part entière et autonome et une vision globale du monde, métarécit global, comme ils seront éventuellement tenus de le faire s’ils veulent un jour s’opposer et surmonter avec succès la vision du monde mondialiste-nihiliste. À cet égard, de nombreux travaux préparatoires ont déjà été réalisés - notamment par Alexandre Douguine, l'actuel leader intellectuel des deux mouvements : il a créé la table rase philosophique sur laquelle une « Quatrième théorie politique » viable sera finalement écrite. La Guerre d'Hindi fournit quelques-unes des grandes lignes et des préliminaires du méta-récit complet qui doit être élaboré. Le critique estime que la combinaison des expériences collectives des dernières années de la « Grande Réinitialisation », ainsi que du travail pionnier individuel de ces penseurs et publicistes qui ont réussi à éviter les pressions de conformité et les pièges du terrier à lapin de ces années (comme l'a fait Hindi), a déjà créé une liste minimale de points de référence pour ce métarécit encore indéfini. Ces points de référence incluent le rejet absolu et résolu. Si les mouvements eurasistes et multipolaires veulent un jour atteindre le statut de forces véritablement révolutionnaires et gagner la confiance et le soutien des masses mondialistes asservies à travers le monde, ils devront manifester ces points minimum dans le cadre de leur manifeste. La Guerre d'Hindi inclut de nombreuses analyses utiles à la formulation éventuelle d’un tel manifeste.
Attention : il convient de noter que La Guerre d'Hindi identifie systématiquement le centre de pouvoir mondialiste-nihiliste actuel, c'est-à-dire ce qui pourrait autrement être décrit avec précision comme « l'élite hostile » ou la « cabale dirigeante », comme ayant historiquement son origine dans le mélange judéo-nihiliste. Le pouvoir monétaire anglo-saxon, qui a accédé au pouvoir en Grande-Bretagne après la révolution protestante, et qui est essentiellement façonné par une hérésie mixte judéo-protestante de nature antinomique (initialement cachée). Le critique a délibérément choisi de ne pas aborder l’analyse assez substantielle faite par Hindi sur la genèse culturelle et historique de l’élite hostile mondialiste-nihiliste, et non parce qu'il s'abaisserait à toute (auto)censure sur le « JQ » - sur lequel le critique a beaucoup écrit ailleurs, donnant sa propre vision traditionaliste [4] - mais parce qu'il entend que cette révision contribue à la stratégie future plutôt qu'à la fondement historique des mouvements eurasistes et multipolaires. Il convient également de noter que le critique n'est pas nécessairement d'accord avec toutes les nombreuses analyses de Hindi : le cas échéant, le critique a ajouté des notes à cet effet.
Organisation : l'évaluateur comprend que, compte tenu de la combinaison dominante de conditions de la « Grande Réinitialisation », c'est-à-dire l'accélération exponentielle de développements sans précédent à l'échelle mondiale, et de conditions des « médias sociaux », c'est-à-dire le cycle d'information de 24 heures et la pression des pairs. La « réactivité » semi-permanente, le temps alloué aux lecteurs et leur capacité d'attention sont forcément brefs. Il a donc décidé de réduire à l'essentiel sa critique de La Guerre d'Hindi et de donner au lecteur un avant-goût de sa formulation lucide et de sa pensée pénétrante. Ainsi, la revue se limite à six paragraphes à vocation précise qui peuvent être lus séparément : le lecteur peut fixer ses propres priorités. Le premier alinéa, (1) Diagnostic, esquisse les grandes lignes de l'analyse multidisciplinaire de Hindi. Le deuxième paragraphe, (2) Mécanismes , esquisse l'interprétation hindi des trois piliers clés du projet de Grande Réinitialisation de l'élite mondialiste-nihiliste hostile, à savoir. Covidianisme, écologisme et ukrainienisme - notez que le troisième terme a été improvisé par le critique pour couvrir l'analyse de Hindi de la diabolisation de l'ennemi. Le troisième paragraphe, (3) Conclusions, résume les principales conclusions et recommandations de Hindi. Le quatrième paragraphe, (4) Remèdes, donne les recommandations géopolitiques les plus importantes de Hindi. Le cinquième paragraphe, (5) Conditions, énumère un vocabulaire spécifique à Hindi : le critique juge important d'inclure les néologismes d'Hindi car ils permettent de reconsidérer et de recadrer des mots anciens et des phénomènes nouveaux. En tant que tels, ils constituent des ajouts précieux à l’arsenal cognitif des mouvements eurasistes et multipolaires, désormais engagés dans une Weltanschauungskrieg de vie ou de mort. Le sixième et dernier paragraphe, (6) Citations , donne au lecteur un avant-goût de certaines des phrases les plus mémorables de Hindi. La substance de ces six paragraphes, bien que logiquement ordonnée par le critique, consiste en des citations du texte français original en Hindi - les traductions sont celles du critique.
Langue : La plupart, sinon la plupart, des analyses publiées, qu'elles soient orales ou écrites, issues des grands mouvements dissidents - eurasistes, de la Nouvelle Droite et autres - au cours des dernières décennies ont été rédigées dans le langage de l'anglosphère mondialiste-nihiliste -hégémon basé, c'est à dire dans la langue anglaise. [5]D’une part, cela peut s’expliquer par le besoin évident et tout à fait légitime de disséquer et de déconstruire le méta-récit mondialiste-nihiliste – et de s’adresser à des publics clés (aspirants et proto-)dissidents au sein du cœur des « Cinq Yeux » de l’hégémonie. D'un autre côté, cette dépendance - en partie inévitable - à l'égard de la langue anglaise (et le critique ne s'exonère pas de cette critique) a donné lieu à une situation de « catch-22 » dans laquelle les forces de plus en plus redoutables qui s'opposent à l'hégémonie mondialiste-nihiliste utilisent encore, ou même sont forcés d'utiliser, le langage de cet hégémon, les piégeant dans le monde de la pensée et de l'expression de l'ennemi (Heidegger a décrit avec justesse le « cadre » imposé par tout langage : Haus des Seins [ 6 ]). Mais bien sûr, le simple fait d’être conscient de ce piège est la clé de son ouverture. Un autre remède simple consiste à équilibrer la lecture et l'écriture en anglais, qui, rappelons-le, est la lingua franca de l'élite hégémonique mais pas sa langue maternelle, en rétablissant la lecture et l'écriture en français, qui avaient le statut de « langue mondiale » avant les époques bipolaire et unipolaire (respectivement 1945-1991 et 1991-2022) au cours desquelles l'anglais a usurpé ce statut. Ainsi, « l'auteur du présent ouvrage a choisi de conserver le texte original français de [l'ouvrage examiné]. Il y a deux raisons à cette double stratégie de présentation français-anglais. Tout d'abord, l'auteur espère que les jeunes Européens re(découvriront) le français comme première langue de discours intellectuel en Europe. Deuxièmement, l'auteur partage le point de vue de son collègue publiciste néerlandais Alfred Vierling, selon lequel la culture francophone est fondamentalement différente de la culture anglophone, à un point tel qu'elle exclut pratiquement toute « traduction » individuelle. Cela signifie que la maîtrise de la langue française est indispensable à toute tentative d'études humanitaires. L’absence de telles compétences parmi les jeunes générations occidentales n’est cependant pas principalement due à une quelconque complaisance intellectuelle : elle peut être directement attribuée à la politique anti-éducation de l’élite hostile, consistant à « abrutir » délibérément. Le relateur a donc choisi de rencontrer à mi-chemin les jeunes lecteurs de Rupes Nigra en présentant le texte original français, ainsi que sa propre traduction anglaise, quelque peu « libre ». [7] Parce que même le simple usage du français, même à une dose modeste, revient à nier et à combattre la « mono-culture » atlantiste hégémonique de l’élite hostile mondialiste-nihiliste.
Évaluation : La Guerre en Hindi devrait être une lecture obligatoire pour tous les analystes géopolitiques des mouvements eurasistes et multipolaires, car il fournit une évaluation complète et entièrement à jour de la situation difficile de l'Europe, qui a surgi avec l'imposition complète de la Grande Réinitialisation mondialiste. Les ravages économiques et la division sociale qui ont suivi le régime mondialiste imposé par le « Covid » (mars 2020), ainsi que le suicide énergétique et le tribut militaire imposés à la suite de la crise « ukrainienne » , orchestrée par les néoconservateurs (février 2023), ont fondamentalement modifié l’équation du pouvoir géopolitique en Europe. La Guerre de Hindi est le premier aperçu complet de cette nouvelle réalité. Près de 400 pages esquissent les implications complètes - et catastrophiques - de l'échec (mieux : du refus) des dirigeants européens à poursuivre les intérêts des nations et des peuples européens - et il explique les raisons de cet échec, c'est-à-dire le contexte historique profond de (presque toute) l'Europe, son statut actuel de vassal de l’hégémonie mondialiste basée sur l’anglosphère. Hindi le fait en appliquant les enseignements des fondateurs de la géopolitique moderne (Karl Haushofer, Friedrich Ratzel) et de la philosophie politique moderne (Carl Schmitt, Giorgio Agamben) à la situation difficile actuelle de l’Europe – et il cite de nombreuses citations pour étayer ses diverses thèses. Hindi donne également sa propre analyse « théopolitique » entièrement originale de la situation difficile actuelle de l'Europe,[8] Enfin, La Guerre de Hindi contient plusieurs enquêtes détaillées sur les machinations largement cachées du régime mondialiste, comme son analyse de la récente prise de contrôle de grandes entreprises européennes par des investisseurs prédateurs américains (le transport maritime belge Euronav par American Frontline, la société de biotechnologie britannique ReViral par l'américain Pfizer, l'italien Telecom Italia et le néerlandais Acell par l'américain Kohlberg-Kravis-Roberts, p. 77 et suiv.) et sa liste de politiciens européens occupant des postes décisionnels clés compromis en tant que collaborateurs de la Haute Finance du Nouveau Monde (p. 250 et suiv.). De ce fait, la Guerre de Hindi constitue une véritable multidisciplinarité, on pourrait même dire : holistique - une étude qui fournit une évaluation solidement traditionaliste de la position actuelle de l'Europe en tant que sacrifice de la « terre brûlée », pendant la phase de retrait de la croisade hégémonique mondialiste-nihiliste contre la puissance montante de ses challengers multipolaires. Il contribue substantiellement à ce qui doit être l'objectif métapolitique du Mouvement eurasiste et multipolaire : la formulation d'une philosophie de libération à part entière -
эа вашу и нашу свободу.
1. Diagnostic
D'un point de vue macro-historique, la situation difficile actuelle de l'Europe, c'est-à-dire la désindustrialisation mondialiste (à travers les mécanismes du régime de « confinement » covidianiste, la transition « verte » écologiste et le suicide énergétique ukrainien) et la co-belligérance imposée par les atlantistes (économie), les sanctions contre la Russie et l'hommage militaire à l'Ukraine), est fonction d'une dialectique beaucoup plus vaste et plus ancienne entre puissance terrestre et puissance maritime, [9] actuellement incarnée dans la division entre (A) la thalassocratie néo-atlante basée sur l'anglosphère et (B) ) Tellurgie néo-eurasiste basée au Heartland : (annonce A) L'État est une émanation terrestre par excellence. La vie de la famille, des sociétés, des royaumes, des empires, des états, est terrestre. L'enracinement est exclusivement terrestre. Ainsi, à l'origine, les organisations politiques, la cité comme l'empire, l'ordre et le droit, sont liées à la terre. La terre que l'on travaille, d'où l'on tire notre substance, sur laquelle nous bâtissons nos maisons, nos villages, nos cités, à une limite, naturelle ou artificielle. La propriété privée à une d'élimination précise et l'état à des frontières. Le terme grec nomos renvoie à la notion de partage, de division, d'organisation de l'espace. L'on peut ainsi parler d'ordre de la terre et du monde. ...[Chaque] pouvoir terrestre est par nature limitée. (p. 14)
D'un point de vue politique et philosophique, la dialectique puissance terrestre contre puissance maritime dans laquelle l'Europe se trouve actuellement prise est simultanément mise en parallèle dans deux autres dialectiques, à savoir. (A) la dialectique empire contre hégémonie (historiquement incarnée respectivement par l’Empire romain terrestre et la Ligue de Délos basée sur la mer), actuellement exprimée dans la compétition entre le Conseil de coopération terrestre de Shanghai et l’Atlantique Nord basé sur la mer. Organisation du Traité, et (B) la dialectique du respect de la loi Katechon contre la loi renversant Antéchrist actuellement exprimé dans la lutte entre l'empire croupion terrestre de la Sainte Russie, de la Troisième Rome et l'hégémon mondial basé sur la mer du Grand Satan américain néo-atlante : (Ad A - pour les définitions de Hindi de l'empire et de l'hégémon, cf. le paragraphe 6 ci-dessous ) L'État qui tente de freiner l'expansion de cet hêgemôn liquide qui envahit chaque millimètre de la société, est considéré comme un ennemi, un frein à l'unification du monde, à l'instauration d'un nouvel Eden terrestre, . ..[de] la marche vers la paix universelle [et] le millénaire qui tente d'instaurer les Etats-Unis, pour le 'bien' de l'hum a nité. (p. 43). (Ad B - cf. le point théo-politique ci-dessous)
Théo-politiquement parlant, l'Europe du Vieux Monde, qui est l'incarnation historique de la tradition chrétienne, représente l'agneau sacrificiel recherché par l'Amérique du Nouveau Monde, qui est l'incarnation de la modernité antichrétienne qui efface l'histoire : cette dernière doit tuer la première pour son effet inverse. Le système anti-Droit et sa vision inverse d'Israël se réalisent pleinement : Dans la logique historique anglo-protestante, l'Amérique, terre colonisée par les Européens, devait devenir un nouveau royaume d'Israël dominant. Cette Amérique qui était une terre a conquérir exempte de loi, finira par considérer le reste du monde comme terre de conquête... en faisant fi du droit international. (p. 295) Cet providentialisme animera la géopolitique américaine lors du passage de la 'destinée manifeste' circonscrite au territoire des Etats-Unis à celui de la 'destinée manifeste' universelle. . (p. 20) [10] La laïcisation de la destinée manifeste universelle [est] la sécularisation de l'exceptionnalisme religieux. ...Par sa sécularisation, l'exceptionnalisme américain a élevé cette nation au rang de divinité sur terre. Mais, de notre point de vue, ...c'est un état-démiurge violant le droit international, ne respectant jamais ni sa parole ni les accords écrits, et imposants aux nations des règles qu'il n'applique pas lui-même. L'Amérique et devenue un agent du chaos plus proche de l'Antéchrist que de l'esprit évangélique. (p. 25) Les Etats-Unis sont devenus une sorte de supra-État souverain, trônant comme une divinité, tel Zeus, dans un panthéon d'États-démiurges qui lui sont inféodés. Ses pouvoirs s'exercent dans les pays occidentaux... par la suspension de la loi et la production de 'lois'... antinomiques (en opposition à la loi naturelle), mais... dans le monde non-occidental, par la suspension de loi internationale, s'autorisant à prendre la place de Dieu, en détruisant des pays entiers. . (p. 287) [11] La terre entière est devenue pour l'Amérique un espace économique, sans droit. Se comportant tel un Etat-Dieu, l'Amérique aboli le droit international et fait pleuvoir sur les peuples des déluges de feu. La violation continue du droit international par les Etats-Unis - et Israël - ne doit pas nous surprendre, dans la mesure où le reste du monde est considéré comme habité par des hommes inférieurs que l'on peut bombarder, exterminer et réduire par la stérilisation de masse. Les habitants de la planète terre sont devenus, au regard des Etats-Unis, les Indiens qu'ils ont exterminés. La planète est donc transformée par les Etats-Unis en immense espace anomique où l'usage de la force est placé hors du droit tel que l'était l'Amérique lorsqu'elle a été découverte. (p.296)
Sur le plan économique, le système financier capitaliste compradore occidental et la puissance mondiale de l'hégémonie atlantiste ont atteint leurs limites (politiques, sociales, environnementales) extrêmes (« à la croissance ») : L'Angleterre et les Etats-Unis sont les vecteurs de la mondialisation économique, de la consommation individualiste et jouisseuse, de la société de l'indistinction, sans frontière ni attaché, du capitalisme libéral financier sauvage, étendus par le système de libre-échange. Tout ce qu'ils ont imposée au monde. (p. 14-5). Maintenant, le capitalisme et le libéralisme doivent, pour perdurer, dépasser leurs contradictions internes en se transformant. Le système capitaliste financier transnationale et libre-échangiste a atteint ses limites. (p.234)
Politiquement parlant, après quatre décennies de néolibéralisme nihiliste et trois décennies de transnationalisme mondialiste, l’État-nation (décrit comme une entité spirituelle organique par Hegel et comme un habitat ethnique et un biotope physique) a été détruit. Hindi donne une analyse solidement traditionaliste de son ascension et de sa chute, à travers son origine en tant qu'État-nation souverain semi-divin (« Léviathan ») à la suite des guerres de religion (finalisées dans les traités de Westphalie de 1648), sa capture progressive par Haute Finance (finalisée dans les Traités de Paris de 1919) [12]et son expansion technologique vers une forme totalitaire (effacement des distinctions public-privé) (finalisée - ou « socialisée » - dans le World Wide Web 2.0 de 2004), jusqu'à son remplacement par des mécanismes de contrôle biopolitique transnationaux (finalisé dans le World Wide Web 2.0 de 2020). régime Covid). À partir de ce moment-là, les pouvoirs et les structures restantes de l’ancien État-nation ont été « réutilisés » : ils ont été transformés en instruments d’une nouvelle « lutte de classes » transnationale et transversale entre l’oligarchie mondialiste au pouvoir et le futur État-nation -repos asservi :Nous serions alors sur une frontière floue entre lutte de classes et guerre privée de type médiéval. Car ce qui reste de l'État, dépouillé de ses prérogatives régaliennes par l'UE et l'OTAN, c'est la police, le ministère de l'intérieur, la capacité de répression, non pas des délinquants, mais de la classe moyenne élargie, ennemi principal du pouvoir politique. (p. 229) Selon Hindi, le principal champ de bataille de la « lutte des classes 2.0 » qui se déroule actuellement, entre l'oligarchie et le reste, est la tentative du peuple - Gilets jaunes, anti-confinement, J6, anti-vax, anti-confinement -Ukraine, manifestations contre la réforme des retraites - pour reprendre le contrôle des leviers du pouvoir d'État. L'objectif implicite du peuple est une reprise de contrôle de l'État, afin de rediriger sa tête vers l'intérêt collectif. L'état ne peut perdurer que dans la poursuite de buts qui sont exclusivement collectifs. (p. 231) Selon Hindi, l'oligarchie s'est engagée à empêcher exactement cela : la restauration du pouvoir d'intervention politique de l'État au nom du collectif. L’oligarchie saisira n’importe quel prétexte pour maintenir et étendre « l’état d’urgence » qui est de facto en vigueur en Occident depuis le « 11 septembre » : cet état d'exception permanent produit les germes d'une guerre civile entre un pouvoir, qui s'est extrait de la loi en la suspendant, et un peuple dont les droits sont bafoués. (p. 6) Ce pouvoir ne laissera jamais une bonne crise se perdre (pour l'analyse de Hindi des « urgences » covidianistes, écologistes et ukrainiennes, cf. paragraphe 2 ci-dessous).
D'un point de vue juridique, en même temps que l'État-nation, le droit international fondé sur l'État-nation a été détruit, réduisant les relations internationales au principe du plus fort. L'édification de l'État moderne a conduit aux Traités de Westphalie (1648) établissant le droit international européen qui place les États dans un rapport d'égalité, du moins au théorie. Tout cet édifice a été détruit au cours du XXe siècle, précision à partir du Traité de Versailles (1919). La fin de la Première Guerre Mondiale coïncide avec le basculement définif des États-Unis de l'isolationnisme vers l'hyper-interventionnisme, qui a apporté, non pas la paix ou un gouvernement mondial utopique, mais la guerre civile mondiale... (p. 5) Selon Hindi, le déclenchement d'une véritable « guerre de la jungle » mondiale, tous contre tous, remonte au coup d'État néoconservateur de 2000 (« élection » de Bush) et au faux drapeau néoconservateur de 2001 (« 9/ 11'), entraînant un « état d'urgence mondial » [13]et une suspension de facto du droit international. On peut soutenir que « l’Ukraine » marque le moment où cette « guerre de la jungle », auparavant limitée au « reste » (Irak, Libye, Syrie, Yémen, Soudan), a atteint l’Occident.
Du point de vue de la Realpolitik, « l'Occident » n'est plus qu'un mot vide de sens : un « nom de trophée » au prestige résiduel auquel le pouvoir transnational de l'élite hostile de la Haute Finance aime s'associer. Ce pouvoir a peut-être son port d'attache dans les pays « occidentaux » des Five Eyes de l'anglosphère d'outre-mer, mais semble abandonner – ou plutôt sacrifier – le reste de l'Occident, c'est-à-dire les parties ex-catholiques et ex-protestantes de l'Europe. De la même manière, les « valeurs occidentales » tant vantées de l’élite hostile ne sont désormais rien d’autre qu’une projection de ses propres intérêts mondialistes (en constante évolution) et de ses idées nihilistes (infiniment malléables) :Ce que l'on appelle aujourd'hui « l'Occident » est une construction idéologique et politique. La soumission de l'Europe à Washington s'est concrétisée par la création de structures supranationales, à savoir l'Union Européenne et son pendant, l'OTAN, le bras armé des Etats-Unis. L'Occident est l'autre nom de l'intégration de l'espace européen au système de domination idéologique-politique anglo-américaine. La réforme religieuse et l'adoption du calvinisme par l'Angleterre ont accompagné une expansion économique et géopolitique de nature messianique. (p. 9)
Géopolitiquement parlant, l'Europe est désormais confrontée à une double guerre : (A) une guerre géo-économique, déclenchée par l'assaut américain contre l'Europe, coupant les approvisionnements énergétiques russes proches et bon marché de l'Europe, les remplaçant par des importations américaines lointaines et coûteuses, déclenchant l'asphyxie de l'industrie européenne et sa délocalisation partielle vers l'Amérique, ainsi que (B) une « lutte des classes 2.0 » intra-économique , déclenchée par l'assaut de la haute finance (basée sur l'Europe continentale) contre la haute bourgeoisie (basée sur l'Europe continentale), aboutissant à un jeu de compétition à somme nulle entre l'économie fictive (c'est-à-dire financiarisée, virtualisée) et l'économie réelle (c'est-à-dire agricole, industrielle)). Cet assaut est mené à travers les mécanismes de la Grande Réinitialisation (sectes psychologiques de « formation de masse ») du covidianisme, c'est-à-dire l'agenda « santé », de l'écologisme, c'est-à-dire l'agenda « vert », et de l'ukrainisme, c'est-à-dire l'agenda « démonologique » (cf. paragraphe 2 ci-dessous). ). (Ad A) Au fur et à mesure qu'advenait l'inéluctable monde multipolaire, l'hêgemôn étasunien, affaiblit, s'est transformé en monstre prédateur dévorant ses propres vassaux, affaiblissant l'Europe, sa principale sphère d'influence. La destruction économique de l'Europe, par les Etats-Unis, est une des conséquences de l'échec du projet hégémonique universel face aux grands-espaces qui lui tiennent tête. Le vieux continent est un conduit par Washington vers l’abattoir économique et militaire. ...La politique étatsunienne en Europe conduit aujourd'hui à la guerre militaire et à la guerre civile. L'Amérique et son capitalisme décroissant, de prédation, apparaît de plus en plus comme un problème et un danger de mort pour les Européens. (p. 57-8, 364, 366) (Ad B) C'est une nouvelle configuration socio-politique qui dessine les contours d'une lutte des classes inédites, transversale, une lutte existentielle. Transversale car elle divise le sommet de la pyramide oligarchique, entre les tenants de l'économie réelle et ceux qui la détruisent, les maîtres de l'économie fictive. (p.4)
2. Mécanismes
Les pouvoirs politiques occidentaux ont, de nos jours, déclenché les hostilités contre les peuples - certes au prétexte de la lutte contre le terrorisme et le Covid-19 - comme par anticipation de leur révolte. Cet état d'exception est concrètement utilisé par la classe dirigeante pour ostraciser, neutraliser et isoler (emprisonner) ses ennemis. Chaque grande crise - terrorisme, épidémie, guerre - est l'occasion d'une synchronisation, d'une accentuation de l'état d'exception, de la soumission de l'Europe à l'hégémon étatsunien et donc à l'oligarchie qui est à sa tête. (p. 278, 281)
(A) Covidianisme : [15] Le covidisme a été le moyen pour l'hégémonisme anglo-américain libéral et financier d'opérer un virage forcé dans un monde qu'il ne peut dominer . "Pour l'hégémon financier libéral anglo-américain, le covidianisme a été un moyen d'imposer un tournant dans un monde qu'il ne peut plus dominer." (p. 130) Le covidisme a été un formidable moyen d'instaurer une tyrannie policière et numérique et ce processus tyrannique s'accentuerait avec l'instauration future d'une monnaie dématérialisée qui permettra le contrôle étroit des personnes, et leur déconnexion du système monétaire en cas de désobéissance. Pour neutraliser les populations, la tyrannie monétaire. Une monnaie pour surveiller et punir. (p. 145, 147) L'oligarchie occidentale a avalisé, dans ses discours et sa politique, la fin de la liberté individuelle, de la société de production et de consommation. (p.235) A la faveur du covid, nous avons vu les dirigeants occidentaux s'efforcer de détruire l'économie, le système de santé et par suite les populations dont ils sont censés défendre les intérêts. Un comportement qui s'explique par le vide religieux qui a ramené l'Occident aux temps de l'archaïsme sacrificiel . (p.203) Dès lors que l’état de droit disparaît, et la justice avec elle, la violence sacrificielle ressurgit. Il y a un lien entre effondrement de la religion traditionnelle, abolition de l'état de droit et résurgence du sacrifice des innocents. Un sacrifice de masse, exploité par le pouvoir politique qui a rendu quasiment obligatoire les injections par millions d'un produit expérimental qui s'est avéré dangereux. (p. 304)
B. Écologisme : [16] La destruction programmée de l'économie réelle est justifiée, au sens religieux, par l'utopie écologique. Cette religion verte, épousée par la haute finance, n'est pas sans rappeler les projets des idéologies messianiques laïcisées, qui voulaient à la fois restaurer sur terre un Eden perdu et instaurer un monde utopique. Pour 'sauver la planète', les locataires de la finance occidentale sont en train de détruire les entreprises, les richesses et les hommes. (p. 129)
C. Ukrainisme : notez que ce terme n'est pas celui de Hindi : le critique l'a inventé pour être parallèle aux termes Hindi de covidianisme et d'écologisme. L'« ukrainisme » recouvre le prétexte de « l'état d'urgence » de l'élite hostile qui a le plus d'impact au moment de la rédaction de La Guerre de Hindi ainsi que de cette revue, et il se caractérise par une diabolisation à part entière, au niveau de la « chasse aux sorcières », de l’ennemi extérieur choisi par l’élite hostile : la Russie. Comme tous ceux qui ont lu 1984 d'Orwell le savent, la désignation et la diabolisation d’un ennemi extérieur, aussi grossière soit-elle, est un outil essentiel dans la formation et le maintien d’un pouvoir totalitaire. Suivant l’analyse juridique de Hindi exposée au paragraphe 1, la diabolisation totale – voire irrationnelle et contre-productive – de l’ennemi extérieur est une conséquence logique de la fin de facto du droit international : La crise de l'État moderne et souverain - qui a été fondée en réaction aux guerres de religions - a pour corollaire le bouleversement du droit international et de l'encadrement légal de la guerre. Le droit européen moderne mettait, sur le papier, les deux belligérants sur un pied d'égalité ; ou, sous l'influence des puissances anglo-américaines inégalitaires, nous sommes entrés, au XXe siècle, dans l'ère de la criminalisation de l'ennemi, de sa diabolisation. L'ennemi est ainsi exclu de l'humanité . (p. 198) En outre, le degré de déshumanisation et de diabolisation de l'ennemi extérieur est également fonction du développement de la technologie de guerre : les nouvelles technologies - en l'occurrence la guerre multidimensionnelle, y compris la guerre biotechnologique et cognitive - nécessitent une morale (p. 198) pour auto-justification de son utilisation, quelle que soit la fragilité de cette justification : La guerre... incitera le belligérant qui se trouve en possession des armements supérieurs à diaboliser son ennemi, à le priver du statut d'ennemi, pour n'y voir plus qu'un monstre a éliminer. Nous avons vu les Américains à l'œuvre; détruire des états jugés illégitimes, maléfiques, massacrer des populations civiles par millions en invoquant la lutte pour la liberté, contre l'axe du mal. (p.
3. ConclusionsEn Occident, l'État-nation s'est effondré et l'appareil d'État a été capturé par l'élite hostile mondialiste-nihiliste : Compte tenu des faits que nous observons depuis une vingtaine d'années, et de leur parfaite correspondance avec les concepts juridiques d'état d'exception, nous pouvons en conclure que les pays occidentaux sont, depuis la guerre contre le terrorisme, entrés dans un mouvement révolutionnaire modifiant la nature des États. Par crises artificielles successives, cette révolution étatique nous a fait passer de l'imperium de la démocratie bourgeoise à celui de la tyrannie, de l'état d'exception permanent. (p.255)
En Occident, une lutte de classes transversale a commencé : l’élite hostile transnationale basée sur l’économie fictive (la haute finance) cherche l’asservissement et/ou l’anéantissement du reste. Après l’élimination (1) de la classe ouvrière (destruction par Reagan-Thatcher du mouvement ouvrier et de l’État-providence) et (2) de la classe moyenne (destruction par Clinton-Blair de la méritocratie basée sur l’éducation et de la mobilité sociale), l’élite transnationale hostile cherche désormais à l’élimination (3) de la haute bourgeoisie industrielle (destruction Biden-Sunak du capitalisme de marché libre et du capital indépendant). La géo-économie américaine anti-européenne et la guerre menée par la haute finance contre l'économie qui fait vivre les sociétés - et non pas la finance, qui vit aux dépens de la société - dessinent les contours d'une lutte des classes inédites, transversales. (p. 158-9) Nous sommes entrés dans une ère nouvelle où la lutte des classes traditionnelles n'a plus de correspondance avec la réalité sociopolitique et économique du monde occidental. Il nous faut donc actualiser le concept. (p. 158)
Au niveau mondial, la lutte de classes transversale en Occident se reflète dans un état de facto de guerre civile mondiale aux connotations nettement eschatologiques : L'état d'exception et la guerre civile froide en Occident, opposant peuples et oligarchies, la guerre civile mondiale, et l'opposition entre Etats-Unis - puissance destructive - et la Russie - puissance d'équilibre - recouvrent une confrontation de nature théologique-politique, parfois méconnue des principaux protagonistes. D'un côté, des Etats-démiurges anomiques, l'Amérique à leur tête, qui se sont établies en divinités ayant aboli la loi, et des peuples (d'Occident et d'ailleurs) qui luttent pour leur survie. (p. 314)
En dernière analyse, la lutte de classes transversale et la guerre civile mondiale récemment initiées par l'élite hostile mondialiste-nihiliste, basée dans les pays des Five Eyes de l'anglosphère d'outre-mer et de caractère « néo-atlante », sont de nature théo-politique. : C'est à ce démiurge, animé par le pouvoir politique oligarchique, auquel les peuples occidentaux sont confrontés. Cette confrontation prend la forme de luttes contre le déclassement, l'appauvrissement, la destruction de l'hôpital, elle prend la forme d'une opposition aux lois liberticides, aux pass sanitaires, vacinnale et demain écologique. Les peuples ne le savent pas, mais cette confrontation dans laquelle ils sont engagés est de nature fondamentalement politico-religieuse. (p.299) La théologie politique n'a, paradoxalement, jamais été aussi utile pour comprendre les évolutions de l'État que dans l'Occident athéiste. L'État moderne a usurpé la souveraineté divine ; en conséquence, les peuples occidentaux vivent sous l'imperium de ce démiurge tout en niant l'existence de Dieu et en étant aveugles à la nature de cet état qui s'est octroyé les pouvoirs divins de législation. L'état moderne, en tant que détenteur de la souveraineté divine, peut conserver la loi, remettre en question la loi naturelle et émettre des lois contraires à la loi de Dieu et au bien commun. (p.298) La société s'autodétruit à mesure que la morale - qui est un frein - disparaît, à mesure que l'état rejette la loi naturelle. A l'heure du LGBTisme promu par l'éducation nationale, de l'athéisme triomphant, le taux de suicide chez les jeunes augmenté. Il y a là coïncidence entre vide religieux, tyrannie anomique, augmentation du nombre de sociopathes au pouvoir, crise de régime, décomposition de la société, à commencer par la famille, destruction de l'économie, intensification de la violence politique et déclenchement d'une guerre civile froide en passe de devenir chaude. (p. 358-9)
4. Remèdes
Hindi soutient que toutes les hégémonies maritimes, de la Ligue de Délos à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, présentent des faiblesses spécifiques qui peuvent être exploitées par les empires terrestres :
(A) Les hégémonies ne peuvent pas distinguer amis et ennemis : en dernière analyse, toutes les parties en dehors du centre hégémonique sont des ennemis, qu’ils soient déclarés ou non. Les « amis » seront impitoyablement sacrifiés par le centre : la main d’œuvre ukrainienne n’est que de la chair à canon et l’industrie allemande n’est qu’un dommage collatéral. Cela signifie que les ennemis de l’hégémon peuvent trouver de tels « amis » trahis disposés à changer de camp ; (B) Les hégémonies ne peuvent pas unifier l’État et l’économie : en dernière analyse, le pouvoir politique public hégémonique est une simple fonction du pouvoir économique privé, comme le montre le fait que l’hégémonie atlantiste actuelle applique ses « principes de libre marché » à la guerre économique dans la jungle. concurrence même contre les intérêts clairs des nations et des peuples de sa nation d’origine. Bien que géographiquement basé là-bas, l'hégémonie ne sert pas les intérêts des peuples américain et britannique, mais seulement ceux des grandes banques, des grandes technologies, des grandes sociétés pharmaceutiques, etc. Cela signifie qu'à mesure que les tensions socio-économiques s'accentuent, la masse de la population de ces pays, à un moment donné, s’éloigne de l’élite dirigeante ; (C) Les hégémonies sont de nature vampirique : en dernière analyse, elles drainent leurs sujets et leurs victimes sans se soucier de la durabilité ultime de ce « modèle économique » et, à mesure que le temps passe, leur pouvoir passe de la réalité à la perception. Ainsi, l’hégémonie atlantiste repose sur le pouvoir largement fictif de choses telles que le dollar « monnaie de réserve », la propagande « MSM », la mythologie « hollywoodienne » et l’armée américaine « réveillée ». Cela signifie qu'une fois certains niveaux de stress atteinds, tout le château de cartes s'effondre,
Hindi souligne des faiblesses plus spécifiques dans la position hégémonique atlantiste en Europe, qui est intimement liée au sort de ses deux structures hégémoniques les plus importantes – et de plus en plus étroitement liées –, l'UE et l'OTAN. Face à une confrontation semi-directe avec son redoutable adversaire SCO-BRICS, l’hégémon a engagé un pari aux enjeux élevés car il nécessite (A) la docilité permanente de 447 millions d’Européens, malgré leur paupérisation croissante ; (B) la synchronisation permanente des 27 États membres de l'UE, malgré leurs divergences évidentes en termes d'intérêts nationaux vitaux ; (C) un minimum de stabilité politique, malgré l’assaut de la lutte de classes transversale et totale contre la classe moyenne et la bourgeoisie industrielle ; et (D) un minimum de prestige militaire,
Hindi souligne également la plus grande faiblesse (potentielle) de l'hégémon : le « maillon le plus faible de la chaîne ». L'Allemagne, qui a été le vassal le plus docile de l'Amérique depuis sa défaite en 1945 et qui a été récompensée par le statut de caporégime en Europe en 1990, est aujourd'hui soumise à des tensions intérieures et à des défis internationaux sans précédent : Les dirigeants allemands ont mentalement intégré la soumission aux Etats-Unis, sous couvert d'idéologie écologique, de droit-de-l'homisme, d'auto-flagellation éternelle pour exorciser le nazisme, de féminisme et de wokisme (p. 118) Ainsi les Etats-Unis avaient choisi Berlin pour tenir le rôle de Gauleiter en Europe, en lui permettant de tirer profit du système économique appuyé sur l'euro. (p. 122) Mais les Américains ont poussé le patronat allemand dans ses derniers retranchement. Il n'y avait plus que deux enjeux : la mort ou un virage économique. Et visiblement, c'est la seconde option qui a été choisie, instinct de survivre oblige. C'est une question de vie ou de mort économique. (p. 113-4) La tension au sein de l'Allemagne entre industriels et pro-américains, incarne la lutte actuelle entre les puissances maritimes et les puissances terrestres, entre l'économie fictive, financière, et l'économie réelle, industriel. (p. 120) De cette manière, affirme Hindi, l’Allemagne est en train de devenir rapidement le point central des tensions causées par la double guerre de l’élite hostile mondialiste-nihiliste contre l’Europe, les fractures internes aggravant la pression externe.
Hindi suggère qu'une façon de vaincre l'hégémon atlantiste est de créer une alliance entre ses alliés naturels : La désignation simultanée d'ennemis intérieurs - les peuples européens - et extérieurs - la Russie - pourrait conduire à une alliance objective de ces deux ennemis communs. (p. 235) Une telle alliance devrait donc être l’objectif stratégique du mouvement de droite dissidente en Occident et du Mouvement eurasiste et multipolaire en dehors de l’Occident.
Après avoir impitoyablement diagnostiqué l'Europe comme « l'homme malade du monde », Hindi prescrit le seul médicament qui, selon lui, puisse encore sauver les États, les peuples et la civilisation de l'Europe : un renouveau théopolitique. Hindi énonce clairement la nature de la maladie mortelle de l'Europe : L'athéisme conduit l'Europe sur une voie dangereuse, celle du nihilisme, de politiques suicidaires, que ce soit dans le domaine sociétale, économique ou géopolitique. La stabilisation de l'Europe passe par une réforme théologique-politique et un repositionnement stratégique de la France qui a une responsabilité historique et un rôle futur à jouer. Il en va de l'avenir et de la stabilité de l'Eurasie. (p. 7) Le vide religieux a produit à la fois une société atomisée et, avec un temps de retard, son reflet à l'échelle politique : un système des partis éclatés puis fondus en un seul. C'est ce parti unique de l'oligarchie qui contrôle l'État, et c'est ce qui rend le pouvoir politique particulièrement dangereux. (p.225)
Enfin, Hindi émet un avertissement important, qui convient au vieux proverbe selon lequel « un serpent blessé mord plus profondément », en l'occurrence le serpent est armé de crocs nucléaires : Arrivés en bout de course, ruinés, affaiblis, faisant Face à de grandes puissances rivales qui remettent en cause son hégémonie militaire et monétaire, les Etats-Unis deviennent extrêmement dangereux, car ils ne peuvent accepter l'échec qui impliquerait la remise en question de ce qu'ils ont toujours cru être, une nation messianique destinée à régner sur le monde. (p. 26)
En conclusion de cette critique de La Guerre des Etats-Unis contre l'Europe et l'avenir de l'État de Youssef Hindi, il est nécessaire de rappeler au lecteur que l'auteur a des racines non européennes, mais qu'en écrivant cet ouvrage très actuel, il a fait bien plus pour l’Europe que la plupart des Européens ne l’ont fait à l’heure actuelle. Le critique a donc sa propre recommandation à ajouter aux prescriptions très précieuses d'Hindi. L’idée est la suivante : les peuples esclaves d’Europe devraient désormais refuser leurs rations de restauration rapide américaines, se débarrasser de leurs jeans américains, briser les chaînes de l’esclavage sensuel américain et se réveiller de leur sortilège de réalité virtuelle américaine. Qu'ils devraient retrouver l'esprit de leurs ancêtres et retirer l'épée de leurs ancêtres de la pierre de l'histoire.
Ein Volk, das keine Waffen tragen will, wird Ketten tragen
- Ernst Jünger
5. Conditions
'Hégémon' renvoie à une nation, une puissance, qui exerce un commandement, une domination souveraine sur d'autres nations et peuples sans pour autant les assimiler. L'hégémon maintient une distinction nette entre le peuple dominant et les peuples dominés. (p. 29);
'Imperium' signifie en latin un commandement qui s'exerce sur un territoire. Le territoire de l'empire s'étend en intégrant d'autres peuples, états ou royaumes, à son système de domination, qui est suffisamment 'égalitaire' pour assimiler les peuples conquis à une entité politique unique, centralisée ou du moins fédérale. (p. 29);
La mystique de la laïcité, faisant référence à la dimension subliminale du républicanisme (français) en tant que religion laïque ;
« OTAN-fication » – la « militarisation » des anciennes alliances de l'hégémon, partie de sa « guerre totale » mobilisation de toutes les ressources de ses vassaux ;
'Pan-polemos' - Les Etats-Unis mènent une guerre géopolitique et géoéconomique à l'Europe, et l'oligarchie occidentale mène une guerre de destruction des classes moyennes, de tous les producteurs, européens et américains. La guerre civile mondiale est une poupée russe. Une guerre dans une autre, une guerre civile sociale dans une guerre internationale, une guerre interétatique dans une guerre continentale. La guerre civile mondiale est pluridimensionnelle et elle se déroule sur plusieurs échelles : c'est le pan-polemos. (p. 291-2).
« État zombie » – notez que ce terme n'est pas celui d'Hindi : le critique l'a inventé pour résumer le diagnostic d'Hindi sur l'État occidental post-Grande Réinitialisation. Après la prise en main de l'État par l'oligarchie et ses réseaux, que l'on doit distinguer de l'état lui-même, le pouvoir politique oligarchique a dévoyé le rôle de l'État en l'utilisant pour défendre des intérêts privés, au détriment des intérêts publics. S'en est suivi une privatisation du monopole de la violence étatique; le pouvoir politique utilise la police comme une milice privée contre le peuple. (p. 204-5)
6. Citations
L' Éthique protestante et le Geist du Kapitalismus :
L'arkhè politico-religieux de l'hêgemôn américain se trouve dans l'Angleterre calviniste. Le calvinisme était une doctrine religieuse bourgeoise, taillée pour le commerçant et le banquier. Le capital, le crédit, la banque et le grand commerce étaient reconnus presque comme des articles de foi. La prédestination prend une forme socio-économique hégémonique en fusionnant avec l'anthropologie anglaise (famille nucléaire, inégalitaire, avec une mobilité spatiale des individus très importante) au moment de la transformation de l'île en hêgemôn maritime. (p. 8, 12-3)
Z nového světa :
L'Amérique était le lieu où même l'homme civilisé retournait à l'état de nature et 'redevenait' un loup pour l'homme. (p.293)
La géopolitique étatsunienne est mythique et sacrificielle. (p.289)
De l’Umvolking à l’Entvolkung :
La transformation du nouveau capitalisme occidental vise à réduire purement et simplement une partie de la population appauvrie et en révolte, c'est ce que nous appelons la société de consommation qui remplace celle de la consommation . (p.235)
Crédo :
Tout corps privé d'une âme meurt, tout état privé d'une religion ou d'une croyance collective, est voué à l'affaiblissement, voire à la décomposition. (paraphrasant Gustav Le Bon, p. 203)
Remarques
[1] « Worldview Warfare », le critique utilise ici ce terme dans son sens le plus littéral, à la suite de l'Abbau, « déconstruction » ; « démolition », stratégie contre-hégémonique promue par Jason Jorjani.
[2] Les contributions orales et écrites du critique à la Conférence sur la multipolarité peuvent être consultées sur « Alexander Wolfheze (Pays-Bas/Hongrie) sur la multipolarité », Paideuma.tv 29 avril 2023 et Alexander Wolfheze, « Operation Belisarius : Eurasianist Strategy for the West », Geopolitika.ru 4 mai 2023, respectivement.
[3] Les contributions orales et écrites de Youssef Hindi à la Conférence sur la multipolarité peuvent être consultées dans « Youssef Hindi (France) - Discours à la Conférence mondiale sur la multipolarité », Paideuma.tv, 29 avril 2023 et Youssef Hindi, « Western Civil War in the Multipolarity ». World', Strategika.fr 1er mai 2023, respectivement.
[4] Cf. Alexandre Wolfheze, Rupes Nigra. Un compte à rebours archéo-futuriste en douze essais (Arktos : Londres, 2021) 247ff.
[5] Cf. Alexandre Wolfheze, Rupes Nigra. Un compte à rebours archéo-futuriste en douze essais (Arktos : Londres, 2021) 393ff.
[6] "La langue est la maison de l'être". Dans ses murs vit l’homme. Ceux qui pensent et écrivent sont les gardiens de ce refuge. Leur tutelle implique l'achèvement de la révélation de l'Être, dans la mesure où leur parole l'exprime et la préserve dans le langage. - Martin Heidegger, traduction Alexander Wolfheze.
[7] Cf. Alexandre Wolfheze, Rupes Nigra. Un compte à rebours archéo-futuriste en douze essais (Arktos : Londres, 2021) xli-ii.
[8] Pour les analyses traditionalistes culturelles-historiques et sacrées-géographiques du critique, cf. Alexander Wolfheze, The Sunset of Tradition and the Origins of the Great War (Cambridge Scholars : Newcastle upon Tyne, 2018) et Alexander Wolfheze, A Traditionalist History of the Great War, Book II : The Former Earth (Cambridge Scholars : New Castle upon Tyne , 2020), respectivement.
[9] Cf. le concept du critique de la « thalassocratie moderniste mondiale » : Alexander Wolfheze, A Traditionalist History of the Great War, Book II : The Former Earth (Cambridge Scholars : New Castle upon Tyne, 2020) 70ff.
[10] Pour l'analyse sacrée-géographique du « destin manifeste » de l'Amérique, cf. Alexander Wolfheze, Une histoire traditionaliste de la Grande Guerre, Livre II : L'ancienne Terre (Cambridge Scholars : New Castle upon Tyne, 2020) 192ff.
[11] Pour un exemple de « pyropolitique » hégémonique atlantiste en action, cf. l'analyse du « Triptyque serbe » du critique sur la destruction de la Yougoslavie : Alexander Wolfheze, « L'Aigle à l'Est », « Le creuset yougoslave revisité » et « La guerre des États-Unis et de l'OTAN contre la Yougoslavie », Globalresearch.ca, 22-28 juillet 2023 .
[12] Pour la critique de l'idéologie libérale-normativiste de l'hégémon atlantiste et de ses effets politicides, en utilisant les analyses de son collègue publiciste des Pays-Bas, Robert Steuckers, cf. Alexandre Wolfheze, Rupes Nigra. Un compte à rebours archéo-futuriste en douze essais (Arktos : Londres, 2021) 11ff.
[13] Notons que de nombreux aspects de cet « état d'urgence mondial » actuel ont été prédits avec précision par le philosophe américano-iranien Jason Jorjani : cf. son livre ainsi intitulé The World State of Emergency (Arktos : Londres, 2017).
[14] Pour l'analyse du critique du processus de « zombification » de l'ex-Occident, cf. Alexander Wolfheze, « La baleine blanche », Geopolitika.ru, 4 novembre 2022.
[15] Pour le premier bilan de la critique sur la secte covidianiste, cf. son « rapport de témoin oculaire » en deux parties Alexander Wolfheze, « Decamerone Redux : Reader's Digest for a Post-Modern Plague Season », Arktos Journal (Arktos.com) 4-7 avril 2020.
[16] Pour la perspective historico-culturelle du critique sur le changement climatique anthropique (à travers son concept clé « écocide »), cf. Alexander Wolfheze, Le coucher du soleil de la tradition et les origines de la Grande Guerre (Cambridge Scholars : Newcastle upon Tyne, 2018) 127ff.
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