Face au déluge d’hypothèses qui sont presque des informations développant la thèse de la probabilité d’un gel de la guerre en Ukraine, avec cessez-le-feu sur l’actuelle ligne de front, on trouve d’autres pistes sérieuses et qui nous semblent bien correspondre à l’esprit (?) du temps nous disant qu’au contraire rien n’est fini, et que nous allons voir encore plus “explosif”. On enchaîne trois des pistes illustrant ce constat d’une façon ou d’une autre. Aucune n’est moins crédible que l’autre, et celle qui paraîtrait à un esprit respectueux des normes comme la plus crédible est aussi la plus suspecte comme tout ce qui caractérise l’activité de communication officielle américaniste-occidentaliste sur le sujet ; mais dans ce cas, elle a sa logique...
• On commence en effet par cette dernière, une déclaration du secrétaire général de l’OTAN. Stoltenberg a sans aucun doute beaucoup varié dans ses déclarations, au gré des variations US, malis cette fois on dirait qu’il s’en détache quelque peu alors que les autorités US laissent filtrer leur bienveillance vis-à-vis de ce projet (?) de gel du conflit.
On écoute donc Stoltenberg proclamer la probabilité d’une “Longue Guerre” selon l’argument étrange qu’“en général les guerres sont plus longues que prévu”... Mais, d’une façon plus profonde et plus intellectuelle, – cela fait partie de sa fonction, – Stoltenberg songe qu’une guerre vraiment très-très longue arrangerait bien l’OTAN en imposant la durabilité fraternelle de sa cohésion ; et comme il n’entend aucune consigne précise de Washington, il ose sa propre politique.
Il ne fait bien sûr aucun doute à nos yeux que la prolongation importante de ce conflit conduira nécessairement à la question de la livraison d’armes nucléaires tactiques à l’Ukraine pour que “la guerre corresponde à la narrative d’une victoire ukrainienne”, comme dit un observateur très affuté des mœurs américanistes-occidentalistes.
« L'Occident doit se préparer à une “longue guerre” en Ukraine, a déclaré dimanche le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg. Bien qu'il affirme vouloir une “paix rapide” en Ukraine, Stoltenberg a insisté sur le fait qu'il soutenait toujours l'objectif du président Vladimir Zelenski, qui est de remporter une victoire militaire sur la Russie.
» “La plupart des guerres durent plus longtemps que prévu lorsqu'elles commencent”, a déclaré M. Stoltenberg dans une interview accordée au groupe de presse allemand Funke. “C'est pourquoi nous devons nous préparer à une longue guerre en Ukraine”. »
• D’une façon plus précise, on donne ici le spectacle général des réactions qui, aux USA, ont suivi l’affirmation d’Elon Musk selon laquelle il était intervenu dans son réseau Starlink avec la Crimée parce qu’il voulait éviter de faciliter un conflit pouvant monter jusqu’au nucléaires. Ce que montre l’épisode, comme le note Max Abrahms dans ‘Newsweek’, c’est combien cette pression communicationnelle est devenue “dangereuse et déséquilibrée”, et par conséquent complètement hors de contrôle, notamment par les autorités US qui ne cessent d’étaler leur faiblesse, leur incertitude et leur monstrueuse incompétence.
Musk craint-il la guerre nucléaire ? Pour cette raison particulièrement, il est encore plus critiquable, coupable, tout juste bon à lyncher ; « Vous ne supportez pas assez la guerre en Ukraine tant que nous n’aurons pas une frappe nucléaire » C’est en effet autour de cette question de l’emploi du nucléaire que nous voulons en venir.
« Ce qui est arrivé à Elon Musk la semaine dernière montre à quel point la politique américaine à l’égard de l’Ukraine est devenue complètement déséquilibrée et dangereuse. La condamnation a commencé lorsque le Washington Post a publié des extraits d’une nouvelle biographie sur Musk révélant qu’il avait rejeté une demande ukrainienne d’aide au lancement d’une attaque sournoise majeure en septembre 2022 sur le port de Sébastopol en Crimée. Il y avait de nombreuses raisons légitimes pour lesquelles Musk a refusé d’activer ses services Internet Starlink pour que l’Ukraine puisse mener une attaque surprise sans précédent contre des navires militaires russes : Musk fournissait gratuitement des terminaux à l’Ukraine ; il n'avait pas de contrat militaire à cette époque ; la demande est venue directement du gouvernement ukrainien – et non américain – ; et Starlink n’a jamais été activé au-dessus de la Crimée en raison des sanctions américaines contre la Russie. Plus important encore, Musk craignait que permettre l’attaque n’entraîne une grave “escalade du conflit”. Il craignait qu'on lui demande d'activer Starlink pour une “attaque de type Pearl Harbor” et n'avait aucune envie de “participer de manière proactive à un acte de guerre majeur”, susceptible de provoquer une réponse nucléaire russe.
» En réponse à cette aversion nucléaire, Musk a été qualifié de “salaud” par un haut responsable ukrainien et de “traître” par les partisans de la guerre américains. Rachel Maddow, du réseau conspirationniste russe MSNBC, a déclaré que Musk “intervenait pour tenter d'empêcher l'Ukraine de gagner la guerre”. Pour ne pas être en reste, Jake Tapper de CNN a décrit Elon comme un “milliardaire capricieux” qui a “saboté une opération militaire de l'Ukraine, un allié des Etats-Unis”, un acte qui exige des “répercussions”. Pour sa part, le principal vendeur de la guerre en Irak devenu un chéri des démocrates, David Frum, a déclaré que Musk devait être déchu de ses contrats avec le gouvernement américain pour n'avoir pas accédé par réflexe à la demande ukrainienne de Starlink, et l'ancienne sénatrice “progressiste”, Elizabeth Warren, a appelé à une enquête immédiate du Congrès “pour garantir que la politique étrangère est menée par le gouvernement et non par un milliardaire”. »
• Ce torrent de déplorables déchets de pensées aveuglées a au moins l’avantage (?) de nous conduire une fois de plus au cœur du sujet qui est la possibilité de la guerre nucléaire. Cela ne fait peur à personne parmi ce puissant aéropage d’esprits responsables. L’on se demande par ailleurs si cette idée éveille quelques sentiments et jugements inquiets dans l’administration Biden qui voudrait à tout prix, croit-on comprendre, un cessez-le-feu, mais qui continue à surarmer Zelenski avec des armes de plus en plus performantes.
Et l’on retrouve alors le cœur de notre sujet, toujours lui, avec une intervention du dissident et ancien analyste de la CIA Ray McGovern, au cours d’une table ronde de ‘Zoom’, du 17 septembre :
« Ignorant les avertissements répétés de la Russie sur les dangers d'escalade liés à la livraison d'armes de plus en plus perfectionnées à l'Ukraine, Washington et ses alliés ont entrepris ces derniers mois de fournir à Kiev des missiles de croisière à longue portée, des bombes à fragmentation et des munitions à l'uranium appauvri.
» La prochaine étape logique pour l'administration Biden en ce qui concerne l'armement de Kiev pourrait bien être de fournir à son client des mini-nukes, craint l'ancien officier de la Central Intelligence Agency Ray McGovern.
» “Nous sommes à court de munitions. Le président dit 'Ok, donnons plus de munitions aux Ukrainiens', et ses conseillers disent 'Nous sommes trop bas'. Qu'avons-nous d'autre ? Nous n'avons plus d'obus de 155 mm pour nos obusiers, mais nous pourrions leur donner des armes à sous-munitions”. Aujourd'hui, nous leur donnons des obus à l'uranium appauvri. Et quelle est la prochaine étape ? Eh bien, l'étape suivante serait ces petits mini-nukes. Nous leur donnerons cela, s'il le faut”, a déclaré M. McGovern lors d'une apparition dans un podcast aux côtés de Scott Ritter. »
Le carnaval des pantins
Ce tombereau de catastrophiques et criminelles sottises, – autre caractérisation, – est aujourd’hui un exemple typique de la production intellectuelle de l’Ouest-zombifié, marchant en aveugle, et s’élançant en « cavalier fou qui hait tout le monde ». La guerre nucléaire ne fait plus peur à personne, non plus que la guerre pour mille ans de l’Alliance atlantique puisque la narrative, écrite par nous, est de notre côté... Il fallait y penser, on y a pensé.
Nous aurions largement tendance à suivre l’hypothèse de McGovern qui s’y connaît, en fonction de degré foudroyant de stupidité, d’incompétence et d’irresponsabilité, et de faiblesse aveugle du gouvernement américaniste. Joe Biden semble avoir réussi l’exploit de transformer son gouvernement à son image : la soi-disant marionnette a fait de Washington D.C. sa propre marionnette. Cela ne l’empêchera pas de continuer à être “persécuté” par la justice, lui et son magnifique rejeton, pour les torrents grandioses de corruption qui marquent sa carrière et son actuel gouvernement. Tout cela est dans la logique des choses de l’équation bien connue selon laquelle “surpuissance égale autodestruction”, et donc Biden impose sa loi et, à côté de cela, dépend complètement des aléas de la loi qu’il ne peut complètement écarter tant ses écarts sont voyants et grossiers.
Dans ce climat complètement hystérisé jusqu’à faire de l’hystérie
notre normalité, on comprend que l’idée d’utiliser du nucléaire, qui
semblait totalement folle et exclue il y a deux ans ou dix-huit mois,
est aujourd’hui devenue couramment envisagée. C’est pourquoi la
perspective de McGovern paraît tout à fait “raisonnable” par rapport à
la raison-subvertie
devenue folle de ces pantins. Biden, ou disons l’administration Biden
si cette chose existe, suit par conséquent deux pistes en même temps, se
fichant bien de la contradiction et des interférences réciproques :
• celle des soi-disant réalistes, avec le si brillant Blinken, qui
voudraient semble-t-il imposer un gel des combats et un cessez-le-feu
(ils donneront leurs instructions à Moscou dans ce sens) pour laisser le
temps à l’Ukraine de reprendre un peu son souffle et de réaménager ses
boucheries avant de relancer les combats au plus haut niveau et enfin
liquider Moscou ;
• celle des neocon négligeant d’être réalistes, qui ne cessent
d’insister sur l’importance d’alimenter l’Ukraine d’armes de plus en
plus puissantes à mesure des difficultés grandissantes de faire prendre
cette défaite de la contre-offensive pour ce qu’elle est vraiment : une
victoire décisive, une sorte d’Austerlitz de Zelenski.
Par conséquent la montée régulière jusqu’aux armes nucléaires tactiques de faible puissance est dans la logique de leurs pensées et de leurs projets. Cette évolution nous paraît inéluctable en elle-même ; bien entendu et complètement dans le sens contraire, il y a l’énorme facteur, lui aussi très rapide et très rapproché, de l’évolution de la politique intérieure US qui pourrait conduire à des positions tranchées, – qui devrait pouvoir conduire à des déraillements que l’équipe Biden jugera bien intempestifs mais qui la handicaperont notablement.
Il faut reconnaître loyalement que nous serions plus à l’aise sur un bateau sans gouvernail dans la tempête qu’avec ces monstrueuses caricatures de gouvernement, – nous serions dans un environnement plus stable, plus équilibré. Mais pour espérer secouer décisivement le Système jusqu’à le blesser à mort, il faut malheureusement cela, il faut malheureusement le risque nucléaire. On ne peut plus en douter aujourd’hui.
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