Sur la côte du nord-est du Japon, la plupart des pêcheurs se taisent. Mais Haruo Ono, 71 ans, préfère dire tout le mal qu'il pense de la «folie» de rejeter dans l'océan l'eau de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi.
«Rien n'est bénéfique pour nous» dans ce projet, et «les pêcheurs y sont opposés à 100%», affirme à l'AFP M. Ono, qui vit à Shinchimachi, un petit port situé à une soixantaine de kilomètres au nord de la centrale de Fukushima Daiichi.
Le gouvernement japonais a décidé de commencer jeudi le rejet dans l'océan Pacifique de l'eau accumulée depuis des années sur ce site ravagé par le tsunami meurtrier du 11 mars 2011, qui a provoqué la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl en 1986.
Cette eau a été traitée afin de la débarrasser de la plupart de ses éléments radioactifs. Cependant le tritium, un radionucléide qui n'est dangereux pour l'homme qu'à très hautes doses concentrées, n'a pas pu être éliminé.
Aussi le Japon prévoit de diluer cette eau et de l'évacuer très progressivement, jusqu'au début des années 2050, pour éviter tout impact sur l'environnement et la santé humaine. Un plan adopté en 2021 et validé le mois dernier par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
«L'AIEA dit que le rejet est sans danger, etc. Mais ici on dépend de la mer et du poisson, on aime la mer, on la protège, c'est notre lieu de travail», souligne M. Ono.
«Alors de qui pensent-ils avoir l'autorisation de déverser l'eau? Ça ne devrait pas être du Premier ministre, ou de présidents. Je m'exprime pour stopper cette folie de notre gouvernement», s'indigne le pêcheur.
«Le gouvernement est en train d'abandonner Fukushima, alors qu'il devrait protéger les gens d'ici, les pêcheurs, et non Tepco», l'opérateur de la centrale dévastée, regrette encore M. Ono.
Un département déjà stigmatisé
Son frère cadet est mort emporté par le tsunami de 2011, provoqué par un gigantesque séisme sous-marin de magnitude 9.0 au large du nord-est du Japon, une catastrophe qui a fait environ 20 000 morts et disparus.
Survenu dans la foulée, l'accident nucléaire de Fukushima a par ailleurs entraîné pendant des années une stigmatisation des habitants du département, mais aussi de ses produits agricoles et de la mer.
L'industrie locale de la pêche a été longtemps écrasée par des interdictions ou restrictions à la vente, au Japon comme à l'étranger, des mesures de précaution face au risque de radiations.
Alors qu'ils commençaient à peine à relever la tête, les pêcheurs locaux redoutent de voir leur activité rechuter à cause d'un préjudice d'image lié au rejet de l'eau de Fukushima.
Après 2011, «Fukushima était perçu comme un endroit qu'il fallait éviter. Même les plaques d'immatriculation des voitures indiquant leur département étaient retirées par les personnes évacuées», se souvient Tomomi Kodama, 40 ans, une artiste locale venue visiter la côte.
«Les gens de Fukushima ont déjà beaucoup souffert. Maintenant que l'eau de la centrale va être évacuée, je me demande comment le monde va l'accepter», s'inquiète-t-elle auprès de l'AFP.
Vent debout contre ce projet, la Chine, qui était en 2022 le pays de destination de 25% des exportations japonaises de produits de la mer, a décidé dès juillet d'interdire l'importation de toutes les denrées alimentaires de dix départements nippons, dont celui de Fukushima, et de mener des contrôles stricts sur les denrées importées du reste du pays.
Haruo Ono dit espérer vivre jusqu'à 100 ans, soit encore trois décennies: jusqu'au terme actuellement prévu du démantèlement de la centrale de Fukushima et du rejet dans l'océan de son eau tritiée. «Pour m'assurer que nous ne laisserons pas de problèmes à nos enfants et petits-enfants», justifie ce père de trois fils - tous pêcheurs comme lui.
«Rien n'est bénéfique pour nous» dans ce projet, et «les pêcheurs y sont opposés à 100%», affirme à l'AFP M. Ono, qui vit à Shinchimachi, un petit port situé à une soixantaine de kilomètres au nord de la centrale de Fukushima Daiichi.
Le gouvernement japonais a décidé de commencer jeudi le rejet dans l'océan Pacifique de l'eau accumulée depuis des années sur ce site ravagé par le tsunami meurtrier du 11 mars 2011, qui a provoqué la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl en 1986.
Cette eau a été traitée afin de la débarrasser de la plupart de ses éléments radioactifs. Cependant le tritium, un radionucléide qui n'est dangereux pour l'homme qu'à très hautes doses concentrées, n'a pas pu être éliminé.
Aussi le Japon prévoit de diluer cette eau et de l'évacuer très progressivement, jusqu'au début des années 2050, pour éviter tout impact sur l'environnement et la santé humaine. Un plan adopté en 2021 et validé le mois dernier par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
«L'AIEA dit que le rejet est sans danger, etc. Mais ici on dépend de la mer et du poisson, on aime la mer, on la protège, c'est notre lieu de travail», souligne M. Ono.
«Alors de qui pensent-ils avoir l'autorisation de déverser l'eau? Ça ne devrait pas être du Premier ministre, ou de présidents. Je m'exprime pour stopper cette folie de notre gouvernement», s'indigne le pêcheur.
«Le gouvernement est en train d'abandonner Fukushima, alors qu'il devrait protéger les gens d'ici, les pêcheurs, et non Tepco», l'opérateur de la centrale dévastée, regrette encore M. Ono.
Un département déjà stigmatisé
Son frère cadet est mort emporté par le tsunami de 2011, provoqué par un gigantesque séisme sous-marin de magnitude 9.0 au large du nord-est du Japon, une catastrophe qui a fait environ 20 000 morts et disparus.
Survenu dans la foulée, l'accident nucléaire de Fukushima a par ailleurs entraîné pendant des années une stigmatisation des habitants du département, mais aussi de ses produits agricoles et de la mer.
L'industrie locale de la pêche a été longtemps écrasée par des interdictions ou restrictions à la vente, au Japon comme à l'étranger, des mesures de précaution face au risque de radiations.
Alors qu'ils commençaient à peine à relever la tête, les pêcheurs locaux redoutent de voir leur activité rechuter à cause d'un préjudice d'image lié au rejet de l'eau de Fukushima.
Après 2011, «Fukushima était perçu comme un endroit qu'il fallait éviter. Même les plaques d'immatriculation des voitures indiquant leur département étaient retirées par les personnes évacuées», se souvient Tomomi Kodama, 40 ans, une artiste locale venue visiter la côte.
«Les gens de Fukushima ont déjà beaucoup souffert. Maintenant que l'eau de la centrale va être évacuée, je me demande comment le monde va l'accepter», s'inquiète-t-elle auprès de l'AFP.
Vent debout contre ce projet, la Chine, qui était en 2022 le pays de destination de 25% des exportations japonaises de produits de la mer, a décidé dès juillet d'interdire l'importation de toutes les denrées alimentaires de dix départements nippons, dont celui de Fukushima, et de mener des contrôles stricts sur les denrées importées du reste du pays.
Haruo Ono dit espérer vivre jusqu'à 100 ans, soit encore trois décennies: jusqu'au terme actuellement prévu du démantèlement de la centrale de Fukushima et du rejet dans l'océan de son eau tritiée. «Pour m'assurer que nous ne laisserons pas de problèmes à nos enfants et petits-enfants», justifie ce père de trois fils - tous pêcheurs comme lui.
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