Le sommet de Vilnius rend visible l’absence de stratégie de l’OTAN. Les déclarations grandiloquentes ne peuvent pas dissimuler que l’Alliance Atlantique n’est pas capable de soutenir jusqu’au bout la cause de l’expansion qu’elle avait embrassée dans les années 1990. Nous assistons à la fin d’un cycle trentenaire, celui de la démesure américaine et de la démission européenne.
Le sommet de Vilnius restera dans les annales comme le début de la crise terminale de l’OTAN. Au terme de la première journée, la Turquie a dupé ses partenaires ; mais le triomphe diplomatique du président Erdogan aura un coût élevé. Quant à l’Ukraine, elle est l’objet d’une bataille de communication, prélude à un lâchage inévitable.
Le sommet de Vilnius restera dans les annales comme le début de la crise terminale de l’OTAN. Au terme de la première journée, la Turquie a dupé ses partenaires ; mais le triomphe diplomatique du président Erdogan aura un coût élevé. Quant à l’Ukraine, elle est l’objet d’une bataille de communication, prélude à un lâchage inévitable.
La victoire trompeuse du président Erdogan
Le président turc a accepté l‘entrée de la Suède dans l’OTAN. Le prix à payer va être énorme pour l’Union Européenne. Nos médias se gardent bien d’y insister : mais le président turc a obtenu, en échange, la réouverture des négociations sur l’adhésion de la Turquie. A partir de là, de deux choses l’une : soit Ankara obtient l’adhésion à l’Union Européenne, ce qui déclenchera une crise majeure dans ladite Union. Soit il n’obtient pas ce qu’on lui fait miroiter à nouveau. Et il sera en mesure de déclencher une crise extérieure : par exemple en poussant les populations réfugiées chez lui à émigrer vers l’Europe.
Notons en plus qu’il n’est pas sûr que les calculs d’Erdogan soient perçus par la population turque, qui voit, elle, que son président a accepté de laisser entrer dans l’OTAN un pays où l’on brûle le Coran publiquement. Je ne suis pas sûr qu’Erdogan soit gagnant politiquement. Même en ayant obtenu, en outre, le déblocage de la livraison de F16 par Washington.
Ces États-Unis qui se déconsidèrent aux yeux du monde
Vladimir Zelenski est arrivé à Vilnius. Mais il sait que son pays ne sera jamais admis dans l’OTAN. Il est témoin, comme les autres, de la surenchère, depuis, quinze jours, que pratique le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui essaie de contourner le refus de Washington de faire entrer l’Ukraine par une abolition de la procédure d’admission normalement suivie par tout État.
En réalité, l’Ukraine n’entrera jamais dans l’OTAN. Les USA ajoutent : tant que la guerre ne sera pas finie. Or, la guerre sera menée par la Russie jusqu’à ce que l’Ukraine ait renoncé à entrer dans l’OTAN. Au besoin, elle sera totalement conquise ; sans que les États-Unis franchissent le seuil de l’escalade nucléaire.
Dans tous les cas, les États-Unis sont en train de monter au reste du monde qu’ils sont incapables s’assumer jusqu’au bout la poussée de l’OTAN vers l’Est entamée dans les années 1990. Autant dire que Washington apparaît désormais comme un allié sur qui on ne peut compter.
Réactions prévisibles
Fidèle à son rôle de chien fou, en matière stratégique, Emmanuel Macron a d’ores et déjà annoncé que la France allait livrer plus de missiles SCALP à l’Ukraine. Funeste déclaration, qui éloigne un peu plus la France de jouer un rôle dans de futures négociations.
D’une manière générale, on observe que le déni de réalité occidental devient d’autant plus bruyant que la réalité militaire de l’absence de succès ukrainien devient plus évidente. La palme revient toujours au directeur de la CIA, William Burns, qui maintenait, dans un discours prononcé devant la Fondation Ditchley, le 1er juillet dernier, qu’il faudrait bien réussir à renverser Poutine.
Comment peuvent réagir les Russes face à cela, sinon en tirant la conclusion que seule la défaite militaire complète de l’Ukraine permettra d’obtenir des garanties de sécurité acceptables du point de vue de Moscou ?
Et comment peut réagir le “reste du monde”, sinon en constatant que les pays occidentaux qui veulent mener la guerre à la Russie par Ukraine interposée sont en même temps incapables de la gagner ? La conclusion n’est-elle pas évidente : prendre ses distances avec les USA et l’UE qui ne vivent plus dans la rationalité ?
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/07/11/otan-la-crise-terminale-a-commence/
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