11 juin 2023

Opération "Annecy" ?

La résilience politico-médiatique est quand même rapide : deux jours à peine après l’émotion nationale – 4 enfants et 2 adultes poignardés –, les protagonistes du drame vont mieux, même l’assaillant, qui a été mis en examen pour ses actes. Il s’en est fallu de peu que tout le monde trépasse : l’assaillant, qui d’habitude est abattu par les flics (Merah, Abaaoud et compagnie), et bien sûr les victimes.

Pour info, certaines vidéos intéressantes, non pas de l’agression mais des angles des interpellations (la mauvaise puis la bonne), ont été effacées de Twitter ou planquées. Il faut donc cliquer sur les liens résiduels.

Là, en plein débat au Parlement sur les retraites, avec bouffées de chaleur pour le gouvernement, la célérité des policiers qui passaient dans le coin (ils arrivent rarement aussi vite), et surtout la présence du héros chrétien, ont fait que le pire a été évité. Même si une des victimes, prise pour l’assaillant, s’est pris une balle en plus d’un coup de couteau.

De plus, les chirurgiens ont sauvé les blessés, ouf. Le héros a été reçu à l’Élysée, il a même demandé une « faveur » au Président, l’homme de tous les pouvoirs, de tous les pardons, de toutes les récompenses : Henri veut assister à la messe d’inauguration de Notre-Dame. Eh bien son pieux vœu a été accordé ! Vive Macron le catho ! Tous ceux qui soutenaient qu’il était le Diable se sont trompés, il est presque l’égal du fils de Dieu.

Franchement, tout est pas très bien qui finit super bien !

Malheureusement, en France, il y a toujours des gens qui critiquent, des jaloux qui cherchent la petite bête immonde, comme ces civils qui ne sont même pas journalistes à BFM TV et qui ont déliré sur un « lapsus » dans la bouche du héros :

Et vas-y comme la machine à complots a redémarré ! La triplette Mendès, Rudy et Pain va devoir ressortir ses vieilles pancartes « Lé complo c pa bien ». D’ailleurs, une réunion au sommet de ces sommités a eu lieu, un G3 des spécialistes de l’analyse communautaire de la situation politique de notre pays.

Rassurez-vous : on ne vous demande pas de regarder le sketch interminable sur la sincérité des excuses de Dieudonné ou les débordements complotistes du moment, juste d’admirer leur autosuffisance.

Gageons que la prochaine émission tentera de mettre la contestation de « l’opération » Annecy sous l’éteignoir ! Mais vu l’audience du G3, ça nous paraît peu probable. On pense même que le travail de ces clowns qui font rire toute la twittosphère a un redoutable effet Streisand : ils sont tellement forts dans la démonstration bancale que le moindre collégien a pigé qui ils sont et le pouvoir qu’ils défendent.

Et maintenant, à manger pour le G3 : un extrait d’article du Canard enchaîné datant du 31 mai 2023, soit une semaine avant le drame, citant Aurore Bergé lors du débat parlementaire sur la loi Immigration...


L’ « attentat chrétien » d’Annecy siffle-t-il la fin de la réforme des retraites ?

Alors que la réforme des retraites enflammait le Parlement ce jeudi [8 juin 2023], l’effroyable attentat d’Annecy a sifflé la fin des débats parlementaires et soulagé la macronie.

Quand dans une station d’Annecy au calme réputé, un Syrien de 32 ans poignarde de jeunes enfants âgés de 22 à 36 mois au nom de Jésus-Christ (et non d’Allah), toute capacité de discernement s’évanouit. Le Parlement, qui se doit d’être le théâtre du logos, s’éteint. Ses membres ne peuvent que renvoyer à l’égoïsme ou au pilori toute proposition de continuer sereinement des débats. Le groupe LIOT, qui a jusque-là semé la zizanie dans le camp macroniste, joue sa partition : « Il ne reste plus rien de notre texte, par conséquent, nous n’allons pas nous ridiculiser à poursuivre ce débat. »

Au moment où survient cet attentat, l’Assemblée nationale débattait du dernier soubresaut de la réforme des retraites avec le dépôt d’une proposition d’abrogation de la réforme par le groupe LIOT qui a été écarté par un dévoiement de la Constitution. En plein débat, la présidente Yaël Braun-Pivet prend la parole, demande une minute de silence respectée par les députés, et range les débats à la préoccupation mineure qu’ils méritent. La messe est dite.

La réforme des retraites était passée à la force du poignet en utilisant le très controversé article 49.3 de la Constitution. Or, cette fois, c’est l’usage de l’article 40 de la Constitution, nouvel outil constitutionnel décrié et devenu à la mode, qui a écarté la proposition d’abrogation. Réservé jusqu’à présent aux mesures mineures, il dispose que : « Les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique. »

En clair, la seule chose que peut désormais accepter d’entendre le Parlement et ses membres, de la part de ceux qu’ils sont censés représenter et à qui on aggrave la charge de travail, c’est le silence.

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