Macron, après l’interminable feuilleton de la réforme des retraites, a entrepris de parler de l’industrie en France. Il est temps. La part des industries manufacturières ne représente plus que 10% de la valeur ajoutée du pays et les emplois industriels ne pèsent tout juste que 9% de l’emploi total. Quand on prend un peu de recul on se rend compte que la route est longue et que des discours ne suffiront pas pour que la France redevienne une nation industrielle.
La désindustrialisation de la France a commencé il y a quarante ans.
Les grandes étapes de la descente aux enfers de notre industrie
commencent avec François Mitterrand et ses nationalisations, puis Jean
Claude Trichet et sa politique du franc fort ont fait payer la
réunification de l’Allemagne par la France. Ensuite Martine Aubry avec
ses 35 heures, ont fait monter à contretemps le coût du travail en
France. Puis, le mouvement s’est accéléré avec l’Euro qui a déclenché
une accélération de la désindustrialisation. C’est peut
être le dernier clou dans le cercueil de l’industrie française avant la
mise en terre. Heureusement, la France conserve deux points forts: les
cosmétiques et le luxe d’un côté, l’aéronautique de l’autre. Le problème
aujourd’hui n’est pas que le pays perde certains champions, c’’est
qu’il peine à en faire émerger de nouveaux.
La France perdu de nombreux fleurons industriels notamment Areva, Pechiney, Arcelor, Alcatel…Ce sont quelques-uns des champions tricolores qui ont disparu. La mondialisation a mis à mal un modèle trop centralisé.
Pendant qu’Anne Lauvergeon brillait au firmament de l’industrie et du pouvoir, Olivier Fric son mari menait discrètement ses affaires en Suisse. Aujourd’hui seize ans après les faits, la justice s’interroge toujours sur son rôle dans le rachat d’une société minière au Niger qui aura été le plus mauvais investissement et le plus contesté de sa femme à la tête d’Areva ! Areva a pourtant dissimulé à l’Etat le fiasco de 2,5 Md€ du rachat d’Uramin en 2007. Cet échec a contribué à la fermeture de nombreuses entreprises qui travaillaient pour la filière nucléaire française.
Signée le 21 juin 2014 et, la cession du
groupe français Alstom nucléaire n’a pas seulement été une bataille
industrielle et financière mais une partie d’échecs où s’est peut être
joué la politique économique de la France. La vente d’Alstom à la
General Electric organisée par Emmanuel Macron est un scandale d’Etat
affirme le journaliste Jean Michel Quatrepoint dans son livre « Alstom scandale d’Etat ».
On est dans le pire du libéralisme et du socialisme avec des dirigeants
qui nous ont plongé dans le grand bain du capitalisme de connivence.
Les Français ne produisent plus que 36% des biens matériels qu’ils consomment. Le PIB français par habitant a baissé de 14% en 12 ans. Pendant cette période 1,1M de personnes ont basculé dans l’aide sociale. Elles sont en majorité sorties des statistiques du chômage et de l’activité. L’Insee ne les prend plus en compte car elles ne sont plus à la recherche active d’un emploi… Les NEET (Not in Education Employment or Training) sont bien évidemment actifs sur le marché de la drogue (200 000) et de la prostitution… La jacquerie des gilets jaunes est la conséquence directe de l’abandon assumé des activités de production depuis quarante ans. Une désindustrialisation massive qui a abouti à la paupérisation de la majorité du territoire et des classes moyennes qui y vivent.
Les deux hommes qui ont affaibli la France
Dans le fond, deux hommes ont affaibli la France : Jacques Delors et sa rage de constituer un Etat Européen et Jean Claude Trichet et sa folie d’une monnaie forte. En 1993, il devient gouverneur de la Banque de France. Comme Directeur du Trésor et comme Gouverneur de la Banque de France, il a mis en œuvre la stratégie française de « désinflation compétitive » dans les années 1980 et 1990. Aucun des deux n’a été élu pour mener ces politiques désastreuses et illogiques. La contradiction était mortelle : On ne pouvait pas reformer la France et avoir un taux de change fixe avec l’Allemagne. Et plus étrange encore, aucun des Présidents dument élus, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, ni bien sûr Macron n’ont cherché à renverser cette politique désastreuse. Jamais des élus n’ont autant trahi leurs électeurs. Au total, Les responsables du désastre sont donc, deux irresponsables non élus, et cinq lâches qui, eux, avaient pourtant été élus,
Le référendum qui n’a pas été respecté
Lors du référendum sur le Traité de Maastricht, en 1992Philippe Séguin, dans la nuit du 5 au 6 mai 1992 à l’Assemblée Nationale, a prononcé un discours mémorable dans le cadre du débat consacré au projet de loi de révision constitutionnelle préalable à la ratification des accords de Maastricht : « Voilà trente-cinq ans que le Traité de Rome a été signé. Voilà trente-cinq ans que, contrairement à son esprit, une oligarchie d’experts, de juges, de fonctionnaires, de gouvernants, prend des décisions au nom des peuples, sans en avoir reçu mandat. L’Europe conçue par ces technocrates et consacrée à Maastricht n’est ni libre ni juste. Elle enterre la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la Révolution. La citoyenneté ne se décrète pas, ne relève ni de la loi, ni du traité. Pour qu’il y ait une citoyenneté européenne, il faudrait qu’il y ait une Nation européenne. Mais on ne peut pas décréter une nation, fût-elle européenne, par traité. »
Philippe de Villiers avait aussi bien expliqué aux français ce qu’il en couterait d’abandonner la souveraineté nationale. Il avait dénoncé la mondialisation à marche forcée, le libre échange généralisé et la brutale désindustrialisation de la France. En 2005, lors du dernier référendum sur le « projet de constitution européenne, 54,68% des français se sont opposés au projet promu par Jacques Chirac. Contrairement à de Gaulle il n’en a tenu aucun compte, Chirac n’avait pas mis sa démission dans la balance. Ensuite avec Nicolas Sarkozy, de nombreux députés et sénateurs ont voté pour un Traité que les Français avaient refusé par referendum !
L’échec de l’Euro
L’Euro est un échec car il accentue les déséquilibres entre des économies nationales hétérogènes par nature. C’est une monnaie sans nation ce qui historiquement n’a jamais duré longtemps. En fait, l’Euro est mort en 2012, et ne survit que grâce à l’acharnement thérapeutique de ceux qui l’ont construit et qui ne peuvent admettre qu’ils ont eu tort.
Il est temps de reconnaître que le jour où l’Euro a été créé, nous avons pris un billet sans retour vers le fédéralisme. A la place de reconnaître ces erreurs, Mario Draghi prit la décision de manipuler les taux courts et longs en faisant acheter par la BCE toutes les obligations des pays qui viendraient à se présenter sur les marchés, ce qui était formellement interdit par les traités qui avaient été signés.
Il sera difficile d’éviter une crise de l’Euro. Depuis 1974, chaque fois que nous sommes passés sous la barre des 1,10, quelque temps après, nous avons eu une crise, d’abord l’Amérique Latine dans les années 80, puis l’URSS à la fin des mêmes années 80, enfin l’Asie dix ans plus tard et il semble logique de prévoir que la prochaine crise soit celle de la zone Euro. Parce que les pays de la zone euro ne payant plus leur énergie en euro puisque nous sommes fâchés avec la Russie, vont devoir la payer en dollars, qu’ils n’ont pas, et doivent donc acheter dans le marché en donnant des euros en échange. Ceux qui sont donc le plus à « découvert » sur le dollar dans le monde, ce sont donc les européens qui ne savaient pas, qu’ils allaient avoir besoin de tous ces dollars. Et ils sont a découvert et sur l’énergie, ce que tout le monde a compris, et sur le dollar, ce que peu de gens ont compris.
L’avenir de l’Euro et de la BCE vont être compliqués. La création d’une monnaie unique pour des pays trop différents, sans que soient prévus ni la mobilité des personnes et des capitaux où leur emploi, ni des mécanismes d’entraide entre pays nécessaires entre régions d’une zone monétaire nationale a été une grande erreur. La promotion de la mondialisation sans mettre en place des règles du jeu identiques pour tous les acteurs, accompagnée de choix nationaux incompatibles avec celle-ci et de politiques de recours massifs au crédit a eu pour résultat de repousser indéfiniment la nécessité d’adaptation.
Si on veut réindustrialiser la France, produire en France, créer des emplois qualifiés en France il faut décharger les entreprises des boulets fiscaux et sociaux (148 Md€) et normatifs (80 Md€) qui pèsent sur elles. Pour Agnès Verdier- Molinié dans son dernier livre « Où va notre argent ? Des dépenses qui explosent, des services publics qui s’effondrent : le scandale français », il reste beaucoup à faire. Une des premières bonnes décisions consisterait à mettre fin à la « smicardisation de la France » Pour cela il faudrait notamment baisser les cotisations sociales sur les salaires au-delà de 3,5 smic. Cela permettrait de regagner 500 000 emplois qualifiés et bien rémunérés surtout dans l’industrie. Cela mettrait fin à la trappe à bas salaires qui a été créée avec les allègements de charges au niveau du smic.
Malheureusement il reste quelques clichés coriaces qui pourrissent le débat en France... « Pour sauver l’emploi il faut sauver l’industrie or c’est à l’Etat de nous sortir du marasme et de préserver la croissance » , « Les marchés c’est la dictature du court terme », « La solution à la crise, c’est plus d’Europe » En fait la cause première” de tous nos malheurs, ce n’est pas la Chine, ce n’est pas Bruxelles, ce n’est pas le libre-échange, ce ne sont pas les Etats-Unis, c’est une classe administrative, née sous Mitterrand, qui a capturé le pouvoir politique et l’exerce pour extraire des rentes à son profit et à celui de ceux qui les ont fait élire.
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