Que c’est beau, une République en marche à pas cadencés, vers un futur qu’on imagine plein d’avenir et de discours aériens pour ne pas dire venteux d’Emmanuel Macron ! Chaque jour qui passe est l’occasion pour le pouvoir en place de mettre de nouvelles pierres à l’édifice de progrès bigarré qu’il entend construire, même et surtout lorsque le peuple, graduellement conscient que la direction pourrait ne pas être la bonne, montre des signes clairs de ralentissement.
Et dans ces nouvelles pierres, on pourra mentionner la discrète obligation de pavoisement des mairies de plus de 1500 habitants avec le drapeau européen : apparemment, la nouvelle loi a créé quelques intéressants remous dans l’hémicycle avant d’être fièrement votée par le croupion législatif actuel.
Eh oui : il semblerait qu’une partie du peuple ne soit pas tout à fait d’accord avec cette nouvelle obligation. Étrange, d’autant que ça occupe peu d’espace, et que tout le monde trouvera ça très bien une fois que ce sera en place.
N’est-ce pas ?
Oh, une autre pierre va s’ajouter alors même que les drapeaux n’ont pas encore eu le temps d’être hissés ! La République ne marche plus, elle trottine gentiment vers son futur de lait et de miel dans lequel la mixité sociale en milieu scolaire va être imposée par quelques lois bien troussées et quelques quotas bien calculés, ce qui, on s’en doute, remplira le peuple d’aise.
Et puis, même si, en pratique, la plupart des parents et des enseignants s’accordent plutôt pour dire que la priorité réside plutôt sur un retour rapidissime aux fondamentaux complètement sabotés alors que le niveau est passé de médiocre à alarmant en quelques années, cette introduction de la mixité au vérin hydrolico-législatif ne fera pas de mal : après tout, ça n’occupe pas tant d’espace que ça, et tout le monde trouvera ça très bien une fois que ce sera en place.
N’est-ce pas ?
On peut même aller plus loin : tant qu’à faire dans la mixité, autant l’importer directement et l’accueillir dignement (au frais du contribuable, ne mégottons pas), comme le peuple le réclame joyeusement…
Enfin presque : apparemment, cela ne se passe pas toujours bien dans certaines communes, et à St-Brévin, cela s’est traduit par des pressions sur le maire lorsqu’il a été question de déménager un centre d’accueil pour migrants à côté d’une école, puis par l’incendie du domicile de l’édile, poussant le maire à démissionner.
Démission qui a été fort bien relayée par les médias : alors que l’enquête sur cet incendie criminel vient tout juste de débuter, la presse et le gouvernement ont immédiatement désigné l’extrême-droite et ont multiplié les déclarations de politiciens scandalisés par cet acte. Pourquoi pas ? Après tout, l’extrême-droite peut être violente. L’extrême-gauche tout aussi bien (et y compris dans ce contexte ou une exploitation politique est tout à fait envisageable), mais c’est l’extrême-gauche, qui est au bon chasseur ce que l’extrême-droite est au mauvais.
N’est-ce pas ?
Au passage, l’unanimité et la spontanéité de toute la classe politique et médiatique à réagir sur cette affaire interroge quelque peu l’observateur moyen : après tout, il s’agit de ces mêmes politiciens qui ont amplement démontré leur capacité de calme, de pondération et de respect dans toutes leurs actions ces dernières années, tout comme il s’agit aussi de cette presse qui a tant fait pour établir la vérité et la mesure de toutes choses pendant la même période, qui a tant contribué à apaiser les débats, à faire porter la parole des sans-voix (et des sans-dents) aux élus et aux leaders politiques et qui a permis à toute la France de s’écouter et aux dirigeants de continuer à dialoguer sereinement avec la base et réciproquement.
N’est-ce pas ?
Or donc, cette presse nous informe, unanime dans tous ses titres et ses formats, de la démission de ce maire, tout en oubliant parfois de mentionner que le centre en litige doit accueillir 120 hommes africains qui, pour y accéder, devront passer par la porte de l’école jouxtant le centre – détail sans importance probablement mais qui aurait gagné à donner du contexte quand on parle d’une opposition au projet puisque c’est cette opposition qui est hardiment désignée comme responsable de l’acte criminel contre l’édile…
Et cette même presse qui nous informe de cette démission s’est trouvée des pudeurs de gazelle lorsqu’il s’agissait de la démission de plusieurs centaines d’autres maires, ailleurs en France, pour des motifs souvent proches, à savoir la véritable démission de l’État et de ses dirigeants devant les réalités du terrain…
Cependant, au-delà de l’aspect spectaculaire de ce fait divers et de l’aspect spectaculaire de l’unanimité de la presse, on ne peut s’empêcher de noter que l’opposition à ces projets, de façon surprenante, est fort absente des débats ; la presse n’en parle que très peu, lorsqu’elle y est contrainte et lorsqu’elle le fait, l’amalgame est non seulement facile mais presque systématiquement fait avec une extrême-droite dont le spectre n’a bizarrement pas cessé de s’étendre vers la droite. Coïncidence troublante : c’est le même schéma qu’avec d’autres amalgames pour d’autres sujets, depuis les complotistes jusqu’aux climatosceptiques, amalgames qui, tous, avaient pour le but de présenter cette opposition comme aussi illégitime qu’issue de factions minoritaires et dangereuses.
Et à mesure qu’à la violence réelle ou supposée de ces factions répondait la violence institutionnelle de plus en plus visible du pouvoir officiel, l’opposition réelle, argumentée, produite par des gens sains, équilibrés voire – soyons fous – respectables a rapidement disparu des médias à tel point d’ailleurs qu’elle n’existe plus non plus dans l’hémicycle parlementaire.
De fil en aiguille, médias et politiciens se sont nourris les uns les autres de ces mensonges par omission, gommant l’opposition, de cette fable selon laquelle une franche opposition aux discours ambiants (pro-migration, pro-écologie, liberticides, pro-interdictions et pro-obligations tous azimuts) ne pourrait être qu’extrémiste, menée par une frange aussi populiste que minoritaire de la population et donc, par nature, dangereuse.
À présent, ceux qui ont l’audace, l’impudence voire la folie furieuse
de croire autre chose que les discours officiels et ceux relayés par
les médias, ne sont plus dignes d’écoute. La classe jacassante a
clairement défini ceux qui décidaient (facile, c’est eux), ceux qui
devaient écouter et obéir (les autres, qu’ils appellent fallacieusement
“le peuple”) et ceux qu’on allait pouvoir mépriser, faire taire et emmerder harceler de toutes les façons possibles (les factieux, les complotistes, l’extrême-droite).
Le problème étant maintenant que ce dernier groupe est devenu largement majoritaire, et que la partie restante, congrue, s’en éloigne à grande vitesse, tout en continuant mordicus à tenir ses discours délirants et ses objectifs de plus en plus en butte avec le reste de la société française.
Ce n’est plus un décalage ou un simple écart qui existe entre le
peuple et la classe jacassante, celle des politiciens des grandes villes
et des quelques rédactions métropolitaines des médias de révérence référence ; c’est un véritable gouffre, un canyon, un rift tectonique.
Et à la violence institutionnelle croissante continuera de répondre une violence populaire croissante, l’une alimentant l’autre, agrandissant le rift.
Cela va bien se terminer, n’est-ce pas ?
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