12 avril 2023

Montebourg candidat au rachat de Segault, convoitée par un groupe américain

Arnaud Montebourg repart au combat! Le champion du "made in France" veut éviter le passage sous pavillon américain de Segault, une PME tricolore détenue par le québecois Velan depuis 2007 mais surtout sous-traitant de l'industrie nucléaire civile et militaire, en passe d'être rachetée par l'américain Flowserve.

L'ex ministre du redressement productif a donné ce mardi 11 avril les détails de son plan d'acquisition sur Linkedin.  Arnaud Montebourg dit avoir adressé un courrier au Ministre de l’Economie et de la Souveraineté Industrielle, Monsieur Bruno Le Maire le 31 mars dernier pour l'informer de sa "candidature au rachat de l’entreprise Segault qui produit des pièces critiques pour nos bâtiments militaires et nos centrales nucléaires afin qu’elle échappe à la prise de contrôle d’une multinationale américaine Flowserve."

Selon Arnaud Montebourg, "ce rachat pour notre souveraineté industrielle justifie une intervention bloquante de l’Etat au titre du décret du 14 mai 2014, le décret fameux que je connais un peu, car né à l’occasion de la bataille Alstom. Tirons les leçons du passé et évitons que celui ci ne se reproduise !" Fin mars, Flowserve, l'un des plus grands fournisseurs de machines industrielles et environnementales, indiquait, en effet, que le rachat du québecois Velan devait être finalisé au plus tard d'ici à la fin du deuxième trimestre 2023. 

Une association Arnaud Montebourg- Pierre Edouard Sterin

Pour sa candidature, l'ancienMinistre de François Hollande s'est associé à Otium Capital, un  fonds d’investissement créé par le milliardaire Pierre Edouard Sterin, principal actionnaire du groupe smartbox. 

Segault, qui indique sur son site employer 80 salariés, "fait partie en France de ces entreprises sensibles au sein de la base industrielle et technologique de défense (BITD) Un rachat par Otium -en avance de phase sur notre Fonds Souverain Privé pour l’Industrie et l’Agriculture- nous paraît hautement préférable pour les intérêts souverains de la France, plutôt qu’un coupable laisser faire (...)  Nous ne pouvons accepter que des informations concernant les technologies utilisées par nos sous-marins nucléaires soient potentiellement transmissibles à un gouvernement étranger ", plaide encore Arnaud Montebourg, en référence au PatriotAct. Cette loi américaine "permet au gouvernement américain de demander à toute entreprise américaine, sans aucune autorisation judiciaire ni la moindre motivation, n'importe quelle information dans le cadre d'enquêtes unilatérales et hors de tout contrôle, effectuées par ses services de renseignement extérieurs, relevant notamment de l'activité d'espionnage", indique Arnaud Montebourg.

Pour cette acquisition, Arnaud Montebourg donne également des détails sur l'association entre "Les Équipes du Made in France", et la société d'investissement Otium Capital qui "se sont associées pour lancer un projet de fonds, le Fonds Souverain Privé pour l'Industrie et l'Agriculture" dédié à la souveraineté industrielle et agricole, indique-t-il, précisant néanmoins que "si à ce stade" cette nouvelle société est encore "en cours de constitution, un rachat par Otium - en avance de phase sur notre Fonds Souverain Privé pour l'Industrie et l'Agriculture - nous paraît hautement préférable pour les intérêts souverains de la France. [...] Nous sommes donc tout à fait en mesure de financer l'acquisition de Segault sur la base des informations actuellement disponibles."

Aucun accord entre l'Etat et le candidat américain au rachat

L’exécutif a en effet la possibilité de bloquer le rachat des entreprises françaises dès lors qu’elles possèdent un caractère stratégique, par le biais du décret Montebourg.  Arnaud Montebourg demande ainsi à Bercy de "notifier sans délai une interdiction d'acquisition de la société Segault" à Flowserve. Dès "cette interdiction notifiée, nous entrerons immédiatement en négociation avec les actuels propriétaires afin de présenter notre candidature au rachat", ajoute-t-il.

Du côté de Bercy, on assure que la procédure suit, pour le moment une voie classique, que le Ministère de l'économie est "particulièrement vigilant", que le candidat américain au rachat de Segault n'a reçu aucun accord de la part de l'Etat et qu'il est même plutôt probable qu'il n'en recevra pas, tout en ajoutant que "l'entreprise n'est déjà plus française." Par ailleurs, selon une source interne, le double jeu d'Arnaud Montebourg qui "joue sur tous les tableaux" en faisant de la politique par le prétexte de rachats d'entreprises françaises est modérément apprécié. Même si on assure que son offre sera étudiée comme les autres en temps voulu.

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