09 avril 2023

L'opposition allemande publie un rapport d'enquête accablant sur la responsabilité d'Ursula von der Leyen dans un scandale qui a coûté des dizaines de millions d'euros au ministère qu'elle dirigeait avant de partir pour Bruxelles.

Il est beaucoup question de la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen dans la presse allemande ce mercredi.

Oui car avant de quitter Berlin pour Bruxelles l'année dernière, Ursula Von der Leyen était la ministre de la Défense d'Angela Merkel, et son départ avait été jugé aussi inattendu que précipité. aujourd'hui, un an plus tard, voilà que ressurgit un vieux dossier de l'époque qui n'a pas fini de la poursuivre... jusque dans son exil européen.

Car pendant ces années où Mme von der Leyen a dirigé le ministère allemand de la Défense, celui-ci a accumulé les problèmes de gestion, les dizaines de millions d'euros dilapidés sans contrôle pour payer des consultants, conseillers et autre sous-traitants privés. "Il y en a pour près de 100 millions", affirme ce matin l'hebdomadaire Focus en se basant sur un rapport d'enquête qui vient d'être rendu public et qui s'avère "dévastateur" pour l'ex-ministre.

Ce rapport, il faut le préciser, a été rédigé par les députés issus de l'opposition qui ont participé à la commission d'enquête parlementaire sur cette affaire. Un an de travail, et ces conclusions des députés Verts, libéraux-démocrates et du Parti de Gauche qui sont accablantes, reprises également par Der Spiegel : sous Ursula von der Leyen, la gestion du ministère était "un échec complet_"_, dixit le rapport, avec des procédures de contrôle des contrats de consulting qui  n'étaient pas respectées, et cachaient souvent des liens de copinage, de connivence entre hauts fonctionnaires et lobbyistes privés. 

La désormais présidente de la Commission européenne s'en est toujours sorti, jusque là, en disant que les décisions n'étaient pas prises à son niveau, qu'elle n'en avait pas connaissance et donc qu'elle ne pouvait en être tenue responsable. Ce n'est pas ce que conclut le rapport d'enquête de l'opposition, martèle Der Spiegel. Il met en avant la responsabilité inévitable de l'ex-ministre, qui était tenue au courant des problèmes rencontrés à cause de tous ces contrats, mais n'a jamais fait mine de mettre fin aux mauvaises pratiques.  

Pire encore, rappelle Politico, Urusula von der Leyen a semblé tenter de faire obstruction à l'enquête parlementaire, quand on s'est rendu compte que ses deux téléphones portables professionnels saisis pour les besoins de l'enquête avaient été consciencieusement expurgés de tout message avant d'être livrés à la commission.

A présent "il n'y a plus guère de doute sur la raison véritable qui a poussé Ursula Von der Leyen à fuir à Bruxelles" résume le chef du service investigation de Die Welt Wolfgang Büscher pour qui l'ex-cheffe de la Bundeswehr est bien coupable, je cite, d'avoir laissé ces "oiseaux parasites que sont les consultants privés faire leur nid au ministère de la Défense", d'avoir donné les clés de la Défense nationale, à travers ces lobbyistes, aux intérêts des grandes compagnies du secteur de l'armement en particulier. 

Faut-il en conclure pour autant que la nomination d'Ursula Von der Leyen n'aura été comme le sous-entend Wolfgang Büscher, qu'une « exfiltration en urgence pour masquer le chaos qu'elle laissait derrière elle » ?  

On n'en est pas là... Il faut enfin rappeler, avec la Süddeutsche Zeitung, que les conclusions définitives de la commission d'enquête parlementaire dans son ensemble (opposition+majorité) ne devraient être rendues que la semaine prochaine. D'ores et déjà, les partis de la grande coalition merkelienne font bloc autour d'Ursula Von der Leyen, ils rejettent toutes ces accusations et plaident l'ignorance de l'ancienne ministre. A Berlin comme à Bruxelles, on se demande bien comment ceux qui accablent la présidente de la Commission européenne et ceux qui l'absolvent vont arriver à accorder leurs violons.  

En Australie, le coronavirus aura-t-il la peau des dernières pièces de monnaie ?

C'est une tendance de fond qui est accélérée par la crise sanitaire que nous traversons : les pièces jaunes (ou argent ou cuivre aussi d'ailleurs) n'ont vraiment plus la côte en Australie comme le constate l'édition insulaire du Guardian. La demande en monnaie s'est effondrée depuis le début de l'année, elle a même "quasiment disparu" avec la fermeture des magasins pendant le confinement et la généralisation du paiement sans contact pour des raisons d'hygiène. 

La bonne vieille mitraille se retrouve accusée d'être un propagateur de virus potentiel, et reste donc dans le fond des poches et des porte-monnaies. Pire, des dizaines de millions de pièces ont été retirés du système bancaire par la Monnaie Royale d'Australie et pourraient ne plus jamais revenir en circulation... parce que plus personne ne veut d'elles.

Tout cela est finalement assez logique, vu l'évolution des pratiques de paiement que l'on constate déjà depuis des années, poursuit l'universitaire australien Michael Theophilos dans un article pour la revue en ligne The Conversation : l'utilisation de la monnaie en Australie a baissé de 53% entre 2013 et 2019.  

Mais, ajoute l'historien, si elle venait à disparaître comme cela semble se profiler, alors ce serait tout un pan de notre rapport au pouvoir politique qui disparaîtrait avec elle. Depuis trois millénaires, le pouvoir de frapper monnaie est constitutif des Etats, qui utilisent les pièces pour donner corps à leur emprise sur la vie quotidienne de leurs administrés. Par les symboles les grandes dates et les grands hommes qu'ils font graver dans le métal, nos dirigeants choisissent l'image qu'ils veulent donner d'eux-même... et de la Nation.  

Bref, l'argent que vous avez dans votre poche c'est du pouvoir politique qui se touche, et qui se perd lentement, remplacé par le paiement sans contact, sans Histoire... et finalement sans Etat des cartes bleues (qui elles n'affichent fièrement que les tristes couleurs de votre banque).

Enfin, si vous êtes numismate ou juste sentimental, rassurez-vous quand même : aux Etats-Unis c'est tout le contraire, à cause toujours de la pandémie il y a une pénurie de monnaie, "les pièces sont devenues le nouveau papier toilette" s'amuse le réseau des radios publiques NPR.  

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